Chapitre 11

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Sans aucune surprise, mon épaule fut douloureuse au réveil. En m'habillant, je me débrouillai comme je pu pour dissimuler au mieux mon poignet et c'était parti. Je rejoignis donc Lizzy à la cafétéria pour le petit déjeuner. Certaines habitudes étaient coriaces.

- Ça va ? me demanda-t-elle quand nous nous asseyons à la première table venue.

- Je suis juste un peu fatiguée et toi ?

Pour parfaitement illustrer mes paroles, je me frottai les yeux comme une petite fille et avalai un grand verre de jus d'orange pendant qu'elle me dévisageait.

- Certainement mieux que toi. Tu es pâle, tu as dû attraper froid hier.

Oh non, elle recommençait à s'inquiéter.

- Ce n'est pas grand-chose ça va, la rassurai-je.

- Mais tu ne t'es pas fait trop mal en tombant dis-moi ?

Elle fronçait les sourcils et son regard était plein de compassion.

- Juste un peu à l'épaule, avouai-je, mais pas autant que si j'étais tombée à même le sol c'est sûr, fis-je en souriant nerveusement.

Ma confession n'était qu'un demi mensonge. J'avais vraiment mal à l'épaule, je ne m'étais seulement pas fait cette blessure en tombant de son toit mais en sautant d'une voiture en marche. J'étais convaincue qu'il n'était pas nécessaire de l'effrayer davantage, sinon, elle n'en finirait jamais.

- Encore heureux, j'ai eu si peur quand je t'ai vue tomber.

Qu'est-ce que je disais ?

- Jeremy t'a bien ramenée j'espère ? me demanda-t-elle ensuite.

- Bien sûr, je suis vite rentrée, m'empressai-je de mentir malgré les images de la veille qui refaisaient surface dans mon cerveau.

Elle me sourit tendrement.

- Tant mieux. Alors, prête pour reprendre les cours ?

J'eus envie de lui rire ironiquement au nez avant de relaisser tomber ma tête dans mes pancakes trop cuites pour lui répondre clairement ce que j'en pensais, mais ce n'était pas une très bonne idée.

- Non, répondis-je finalement, mais ai-je vraiment le choix ?

- Pas du tout, c'est clair.

Avec sa fourchette, elle tripotait vaguement sa salade de fruit mais n'avait pas la moindre intention de la manger, je le savais bien. Je priai pour que cette perte d'appétit ne soit pas sérieuse mais simplement dû au manque total du mot « appétissant » dans le vocabulaire de nos cuisiniers. Je l'observai plus attentivement malgré moi. Lizzy aussi était pâle, et de nous deux, elle était la plus sujette au rhume. Néanmoins, elle était plus intelligente que moi puisqu'elle portait des vêtements bien chauds aujourd'hui. Je tentai donc de lui changer mes idées.

- J'ai entendu dire que Luke Sherwood était dans notre classe cette année...

Elle leva à peine les yeux vers moi.

- Et alors ? me fit-elle, proche d'une parfaite indifférence.

- Lizzy, tu sais bien qu'il te regardait souvent l'année dernière !

S'il fallait lui rafraîchir la mémoire, pas de problème.

- C'est toi qui disais ça, mais moi ça ne m'a jamais frappé, me contredit-elle en haussant les épaules.

Je levai gentiment les yeux au ciel.

- Bien sûr, tu es trop modeste, lui répondis-je comme si c'était évident.

Fille du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant