Chapitre 43

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Je ne pouvais toujours pas y croire. Cela faisait bien des heures que j'étais assise sur mon lit à écouter en boucle les mêmes musiques. Néanmoins, j'étais comme dans une réalité parallèle. C'était comme si le lit, la table de chevet, la chaise, la poubelle, absolument chaque objet qui se trouvait dans cette chambre avait disparu. Il n'y avait rien. Il restait seulement les murs. Les murs blancs. Les quatre grands murs blancs et vides. Et moi. J'étais comme emprisonnée dans mon propre esprit.

Je me contentai d'être assise en tailleur, parfaitement immobile, fixant cet espace qui ressemblait étrangement à l'intérieur de ma tête. Si j'avais su quoi dire ou quoi penser, j'aurais sûrement écrit sur ces murs. J'aurais comblé cet immense vide de lettres, de mots, de phrases, de pensées. Peut-être aurais-je alors trouvé quelques réponses. Ou bien encore un million de questions. Voilà pourquoi ne pas penser du tout était bien plus simple.

Je me souvenais d'être retournée à l'infirmerie en courant et de m'être enfermée dans cette horrible chambre. Quelle situation pitoyable. J'étais tellement en colère qu'aucune larme ne pouvait sortir de mes yeux. Tant mieux. J'en avais marre de passer mon temps à pleurer. Cela reviendrait sûrement plus vite que je ne le pensais, mais pour le moment je ne réalisai pas encore que cela s'était vraiment passé.

Quelques heures plus tard, j'essayais de dormir depuis en vain. Il n'y avait rien à faire, je n'y arrivais pas. Je me sentais si mal. Aucune position ne me convenait et j'avais ce poids sur la poitrine qui me pesait plus lourd à chaque seconde qui passait. Un coup j'avais froid et je remontais la couverture sur mon corps, un coup j'avais chaud et je rejetais les draps. Cela durait comme ça depuis ce qui me semblait une éternité. J'étais absolument éreintée et je voulais seulement dormir un petit peu. J'avais la gorge sèche et un mal de tête qui ne faisait qu'empirer.

Je finis par me redresser, au bord des larmes tellement j'étais fatiguée et désespérée, et allumai ma lampe de chevet. Le sol était froid au contact de mes pieds et j'en frissonnai de surprise.

- Bonsoir, chérie.

Je me retournai précipitamment dans un sursaut et poussai un cri. Dans ma frayeur, je m'étais rapidement éloignée du lit à reculons et mon dos était maintenant collé au mur. Elle se tenait là, dans l'ombre, de l'autre côté de la pièce. Même à cette distance, elle me toisait de toute sa hauteur et je me sentais rétrécir au fur et à mesure que ce mélange de peur et de choc me paralysait.

- Maman ? fis-je finalement d'une toute petite voix tremblante.

C'était juste...impossible. Sérieusement, elle ne pouvait pas être là. Elle était à des milliers de kilomètres de moi, elle n'avait pas pu venir ici. Elle s'était toujours assurée de rester le plus éloignée possible, que pouvait-elle bien me vouloir maintenant ? Elle n'était juste pas là, c'était impossible. Mon cerveau endormi me jouait forcément un tour. Les infirmiers l'auraient empêché d'entrer autrement.

- Oh... Ne sois pas si surprise, répondit-elle d'une voix mielleuse.

Pourtant c'était exactement elle. Son tailleur blanc cassé soulignait ses formes à la perfection, ses talons allongeaient encore plus ses jambes de mannequins, ses beaux bijoux ne demandaient qu'à être volés et ses ongles merveilleusement manucurés étaient prêts à se planter dans n'importe quelle chair humaine. Et encore, il ne s'agissait que des accessoires. Ses soyeux cheveux couleur miel tombaient sur ses épaules avec classe pour mettre en valeur son brushing, ses lèvres pulpeuses arboraient un rouge à lèvre très discret et un léger phare à paupière éclairait son regard. De nouvelles rides que je ne connaissais pas étaient néanmoins apparues sur son visage. Malheureusement, elle était toujours aussi jolie. Mais ce n'était pas vraiment elle.

Fille du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant