Fille du Soleil

Chapitre 33

- Jason, je voulais te parler d'un truc, commençai-je doucement pendant que nous mettions la poudre des gélules dans la nourriture.

- Je t'écoute, m'encouragea-t-il en souriant.

- Entre nous, tu sais, on n'a jamais vraiment eu besoin de prendre de gants, d'utiliser des phrases pièges ou des trucs comme ça, pas vrai ?

Il comprit rapidement où je voulais en venir, même avant que je n'eusse fini. Il me laissa aller jusqu'au bout mais son regard avait déjà parlé.

- Bien sûr, répondit-il donc d'un air calme et serein.

- Alors, dis-moi, est-ce qu'il se passe quelque chose entre Marley et toi ?

Il me sourit.

- Tu as vu les photos ?

- Les photos oui, toi, elle, vous deux.

Il arrêta quelques secondes de verser le contenu des gélules dans les barquettes et me regarda droit dans les yeux en prenant une grande inspiration.

- Marley et moi, on a décidé de se donner une chance, m'avoua-t-il enfin.

- Genre une chance ? Je veux dire une vraie chance ? demandai-je en essayant de contenir ma joie bien que je pusse déjà sentir les coins de ma bouche se relever jusqu'à mes oreilles.

- Oui, une vraie chance, répondit-il en riant.

Je contournai la table et sautai dans ses bras.

- Il était temps ! Je suis si contente pour vous ! m'écriai-je en le serrant contre moi avant de le laisser de nouveau respirer.

Jason prit alors mes mains dans les siennes et me regarda, ses beaux yeux gris plein de tendresse.

- Tu ne nous en veut pas d'avoir gardé le secret pendant tout ce temps ? s'inquiéta-t-il.

- Est-ce que vous êtes heureux ensemble ? lui demandai-je, persuadée de déjà connaître la réponse.

- Je...je crois oui, me répondit-il hésitant.

- Allez imbécile, est-ce que tu es bien avec elle, oui ou non ?

- Oh que oui..., soupira-t-il.

Je le pris à nouveau dans mes bras et déposai un petit baiser sur sa joue.

- Alors c'est tout ce qui compte.

Il me serra à son tour contre lui.

- Tu es géniale, souffla-t-il dans mes cheveux.

- Je sais !

Mes pieds retouchèrent le sol (ce qu'il m'énervait avec ses 1m88 lui...) et je retournais à mon plan de travail.

- Non je veux dire, vraiment. Je t'avoue que j'avais un peu peur de ta réaction. Je savais que tu nous comprendrais mais...tu es partie plus de 8 mois et j'ai l'impression qu'on a tous tellement changé. Quand tu es rentrée, j'ai retrouvé ma meilleure amie complètement folle et à la fois une personne différente, plus mûre et encore plus déterminée, je crois que j'avais juste peur que tout ce changement nous dépasse.

J'acquiesçai. Je pouvais très bien comprendre ce sentiment.

- Ce que j'ai été bête...

Je balayai sa remarque d'un geste désinvolte avant de lui faire un clin d'œil l'air de dire : « Peut-être un peu ! » Il me rit au nez avant de m'observer plus attentivement.

- On ne dirait pas comme ça mais c'est toi qui as le plus changé, Savannah. Et en mieux.

- Le monde a cet effet-là sur moi je crois, expliquai-je en souriant. Il est tellement grand et plein de surprises. J'ai appris autant de choses en 8 mois dans le monde réel qu'en 4 ans enfermée dans ce pensionnat. Mais...même à des milliers de kilomètres, je n'ai jamais cessé de penser à vous. Cette liberté que je croyais découvrir, que je pensais ne pas avoir à Minneapolis, eh bien, j'ai compris je l'avais déjà et que c'était vous qui me l'aviez donné. Vous m'aviez offert la possibilité d'ouvrir mon cœur et d'apprendre à aimer. Alors aujourd'hui, je ferais n'importe quoi pour vous rendre la pareille. N'importe quoi, Jason. Vous encourager dans cette relation ce n'est que le début.