Fille du Soleil

Chapitre 25

- Enfin ! J'ai cru qu'il ne nous laisserait jamais sortir, soupirai-je en sortant de l'infirmerie.

La sortie débouchait sur une petite cour centrée entre la bibliothèque et la chapelle du campus. Au centre de cette cour était exposée une grande statue, représentant Minneapolis j'imagine, mais elle avait tellement souffert des dessins et gravures qu'elle ne ressemblait plus à grand-chose. J'avais presque pitié pour les personnes qui s'étaient cassé la tête à la sculpter.

- Tu exagères, il n'est pas si méchant, me réprimanda Lizzy.

Je ricanai doucement.

- Dit celle qui lui a presque crié dessus il y a à peine dix minutes.

Elle écarquilla les yeux à ma réponse.

- Je ne lui ai pas crié dessus, se défendit-elle ensuite, c'était juste un ton un peu autoritaire rien de plus.

Je ne pus m'empêcher de me moquer gentiment d'elle.

- Mais oui c'est ça. Ça doit quand même être agréable de pouvoir donner des ordres à quelqu'un de plus âgé que soi de plusieurs années et de se faire obéir sur le champ.

J'étais presque jalouse de mon amie pour cela.

- Tu le trouves si âgé que ça ? me demanda-t-elle alors en fronçant les sourcils.

Je haussai les épaules.

- Non il est plutôt jeune en fait. Jason pense que c'est une exception.

- Ah oui ? C'est possible, reconnut-elle. Il a moins de la trentaine c'est sûr mais c'est quand même un Soleil donc j'imagine qu'il a raison. Ou peut-être qu'il fait juste plus vieux que son âge.

Je fis une petite grimace malgré moi.

- C'est la solution la moins glamour quand même.

- Pourquoi tout doit être glamour avec toi Anna ? renchérit Lizzy en riant.

- Justement parce que rien ne l'est dans la vraie vie.

Mon amie secoua la tête en prenant un air désespéré mais je savais qu'elle n'était pas loin de mon opinion.

- C'est tordu comme raisonnement tu en as conscience ? fit-elle finalement.

- C'était complètement stupide tu en as conscience ? répondis-je en imitant la voix de Jeremy.

Un bruit d'applaudissement retentit alors dans la petite cour, vide à cette heure-ci.

- Ça a l'air plutôt ressemblant bravo !

Nous levâmes la tête et vîmes à une dizaine de mètres une jolie blonde en jean et veste en cuir à l'allure gracieuse en train de nous regarder avec un grand sourire. Marley. Un tel sentiment de joie venait de m'envahir que j'avais envie de m'effondrer par terre et de pleurer de bonheur tout en riant. Oui, c'était très bizarre.

Lizzy, qui était pourtant soi-disant anxieuse à l'idée de ce moment, courut rapidement vers elle et l'enlaça avec beaucoup d'entrain. Si j'avais été suffisamment en forme, on serait probablement tombées à la renverse tellement je leur aurais sauté dessus avec amour. Heureusement pour elles ce ne fut pas le cas. Néanmoins, je les rejoignis peut-être un peu plus lentement mais avec autant d'enthousiasme. Lizzy finit par lâcher Marley et celle-ci se tourna vers moi.

- Ma rouquine préférée ! s'exclama-t-elle tendrement.

- Ma blondinette préférée ! m'exclamai-je à mon tour en la prenant dans mes bras.

Je mentirais en disant que cette étreinte ne me faisait pas même un tout petit peu mal, mais c'était la dernière chose qui m'intéressait.

- Ça fait tellement longtemps, soupira Lizzy les larmes aux yeux.