Chapitre 60

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Mais comment osait-elle !? Je n'arrivais pas à le croire ! Cinq ans ! Elle m'avait laissée cinq ans sans la moindre nouvelle et elle osait m'envoyer ce genre de lettre pour mon « premier bal » !? Mais Quelle hypocrite ! Je savais que je radotais, mais cette histoire me rendait vraiment folle. Ma sorcière de mère avait toujours su exactement où frapper pour que cela fît mal. Je la haïssais tant...

Depuis ces visions et ces rêves, je faisais tout à l'envers, tout. C'était insupportable ! J'imaginais très bien le petit sourire abominable qu'elle avait dû afficher en m'écrivant à quel point sa petite vie minable était merveilleuse ! Cette femme venait de marier sa fille aînée et elle, que faisait-elle ? Elle allait se venter et faire étalage de ses richesses devant sa seconde fille qu'elle avait abandonnée. J'avais définitivement envie de vomir. Il fallait reconnaître, je l'admettais, qu'elle était experte dans l'art de dissimuler des insultes derrières de belles paroles. J'avais encore plus envie de vomir. Et puis franchement, elle avait vraiment cru que je porterais sa vieille robe de grand-mère ? J'allais sérieusement vomir.

Je balançai finalement la boîte à travers ma chambre et me préparai à aller regarder ce que les vendeurs avaient exposés. À la dernière minute, j'aperçus une liasse de billets qui était tombée. Je la ramassai, plus que surprise. Il y avait bien plus que de quoi acheter des chaussures. Je ne saurais même pas les comptés sans prendre un temps fou. Mais qu'avait-il bien pu passer par la tête de ma mère ? C'était insensé de m'envoyer autant d'argent ! Elle avait parfaitement conscience de tout ce que je pouvais faire avec, c'est-à-dire, un million de choses et pas forcément des choses remarquables. Et puis était-elle sérieuse en m'encourageant à faire n'importe quoi pour que n'importe qui s'agenouillât devant moi ? Ça devait être un piège, c'était la seule explication. Elle devait vouloir me faire perdre le contrôle pour que je finisse par perdre absolument tout ce que j'avais.

Mais je n'étais pas aussi stupide. Jamais, je dis bien jamais, je n'aurais pu tomber dans son piège. Elle s'était suffisamment fichue de moi. Il était temps que ce fût elle qui s'en mordît les doigts. Finalement, elle n'aurait raison que sur un point. Lors de cette soirée, le monde serait à mes pieds.

Je sortis enfin de ma chambre et me promenai de stand en stand. Tout le gratin était là. Je me demandai combien le pensionnat devait dépenser pour un simple bal. Il fallait croire que l'Élite était vraiment prête à tout pour que ses enfants reçussent le meilleur, et pourtant, elle les laissait quand même dans cet endroit moisi toute l'année. Quelle générosité. Et dire que cela semblait leur convenir. Ils s'arrachaient tranquillement les robes les plus chères et n'avaient pas la moindre idée du nombre de vies que tout cet argent aurait pu sauver ailleurs.

Était-ce vraiment ce que notre génération était devenue ? Une bande d'égoïstes rancuniers et blindés de tunes pour la plupart ? Il y avait de quoi être fiers dis donc... Était-ce vraiment à ça que j'appartenais ? Tout paraissait si artificiel et mensonger. Qui voulait grandir comme ça ? Qui préférait être élevé par des surveillants et des professeurs sévères et ennuyeux à mourir plutôt que dans un foyer chaleureux ? On passait notre temps à nous proclamer comme étant un seul peuple, une seule grande et belle famille mais ça ne pouvait être plus éloigné de la réalité. Notre sang nous séparait peut-être des autres mais nous restions tous humains au même titre. Je guérissais peut-être rapidement de mes blessures physiques, je savais peut-être déplacer des objets par la pensée mais mon esprit et mon cœur étaient aussi vulnérables que celui de n'importe qui. J'aurais tant voulu qu'ils le comprissent.

Je défilais toujours parmi les allées quand j'aperçus enfin ce que je cherchais. Il ne s'agissait en aucun cas d'une marque célèbre ou réputée pour ses prix. On pouvait sentir cet aspect modeste des choses et pourtant les robes étaient à tomber par terre ! Selon moi, en tout cas. Elles étaient élégantes et sexy à la fois. Elles étaient sauvages et quand même gracieuses. Elles étaient provocantes sans tomber dans le vulgaire pour autant. Elles étaient parfaites.

Fille du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant