Chapitre 59

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Les heures et les jours passaient. C'était long, mais le temps passait. Il passait comme les humeurs changeaient et laissaient place à la réalité. Les sentiments m'accompagnaient parfois ou alors finissaient par appartenir au passé. Il ne me restait plus qu'à oublier de les avoir un jour ressentis. Maintenant il ne tenait qu'à moi d'écrire la suite. Les pages blanches se remplissaient d'encre, de mots et de ratures pour finalement illustrer la vraie vie à la perfection. Remplie d'émotions, de changements et d'obstacles. J'avais la conviction que j'arriverais à tout surmonter. C'était ce que je faisais toujours. Ça, ce n'était pas près de changer.

À mon plus grand regret, le pensionnat de Minneapolis était plus vivant que jamais. Il semblait que Zoey ne fût pas la seule à rêver de ce bal d'hiver. Je dirais même que la moitié de l'école était obsédée par ça depuis l'apparition de stupides affiches. Du tissu par ci, des paillettes par là. Je ne comprenais vraiment ce qu'il y avait de si excitant. Il fallait dire que je n'avais jamais eu un cerveau en barbe à papa ou un cœur en pâte d'amande. Jamais.

Maintenant que je constatais avec horreur quels dégâts cela pouvait causer, je m'en félicitais. Mais toute cette histoire manquait cruellement de piquant. Il n'y avait plus rien de marrant si on faisait exactement ce que tout le monde s'attendait à qu'on fît. Ils étaient majoritairement persuadés que je resterais seule dans ma chambre parce que je ne supportais pas de voir Lizzy et Luke. Mais ils avaient tous incroyablement tort, en effet, la surprise avait toujours été ma spécialité.

Luke pensait avoir déjà gagné et était loin d'imaginer ce que je lui réservais. Quant à tous les autres, ils préféraient me voir insouciante, irrésistible, envoûtante et sauvage. Très bien. Je serais bien plus féroce qu'ils ne pouvaient l'imaginer.

Mais pour ça, j'avais besoin d'agrandir mon armurerie. Ils voulaient se battre avec des tulles, des strass et des rouges à lèvre ? Aucun problème. Je serais la plus fatale. Ils voulaient me défier ? Parfait. Je serais la plus ravageuse. Ils n'avaient pas la moindre idée d'à qui ils avaient à faire ni de la bombe qu'ils avaient de déclenchée. Mais avant d'exploser, j'avais en effet quelques achats à faire. Mes plus belles armes n'allaient pas se faire toutes seules.

Venait alors le premier inconvénient de mon plan. Les enfants du Soleil n'étaient pas autorisés à aller faire les boutiques comme n'importe quelle personne. Évidemment. Il se trouvait néanmoins que spécialement pour l'occasion, l'établissement invitait des commerçants à faire une sorte de braderie au sein de l'école. Le terme braderie ne convenait qu'à moitié car cela allait des plus simples friperies aux plus grands couturiers, pour l'Élite, mais pas uniquement. J'avais bien l'intention de faire mes preuves.

Alors que les premiers vendeurs s'installaient déjà sur le campus, ce fut une toute autre invitation que je reçus.

« Savannah Hamilton est convoquée dans les appartements du Soleil Scandola à 10 h tapantes. »

Mais que pouvait-il encore me vouloir ? C'était dingue d'être acharné à ce point !

Je décidai que juste pour l'énerver, 10 h tapantes deviendraient 10 h 10. Honnêtement, j'étais gentille. Et j'avais déjà eu ma dose de sermon et d'apitoiement. Aujourd'hui, j'avançais peu importe ce que me réservait l'avenir. Très bientôt, Scandola appartiendrait au passé et seulement au passé. Mais d'un autre côté, il s'agissait peut-être de ma chance de donner un petit avant-goût de ce qui les attendait...

Voilà une idée qui me plaisait. Je me mis alors à la recherche des vêtements que j'avais rapportés de mon shopping à Los Angeles et qui n'avait pas été déchiré durant l'effraction que mon ancienne chambre avait subie. Au bout de deux minutes de recherche, c'est-à-dire, de retournement de tiroir, je trouvai enfin ce que je cherchais. C'était un top noir moulant à manches longues mais surtout, avec un décolleté échancré. La pointe du décolleté m'arrivait au-dessus du nombril mais le tout était quand même recouvert d'un tissu noir transparent. Ce haut me mettait parfaitement en valeur.

Fille du SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant