Je tentai de m'éloigner de cette scène embarrassante le plus rapidement possible, mais mes horribles talons compensés n'arrêtaient pas de s'enfoncer dans la neige. Cela n'aurait pas dû être permis un tel temps, comme s'il n'y avait pas suffisamment de choses pénibles aujourd'hui.Ne pleure pas. Pas encore. Fais un effort.
Je finis par retirer mes chaussures, ce qui arrangea bien Jason puisque qu'il put ainsi me rattraper.
- Hé Savannah... Attends...
Il me soutint un instant par le bras le temps que je retirasse mes souliers et me regarda en se disant certainement que c'était une mauvaise idée.
- Euh...peu importe, écoute, je n'ai jamais vraiment fait partie du fan club de Scandola, surtout quand on a su ce qu'il t'avait fait mais...ce gars t'a quand même sauvé la vie, me fit-il en lançant un regard vers lui.
Je l'imitai et constatai que Jeremy nous observait toujours, un air sévère sur le visage, mais surtout avec une inquiétude transparente.
- Non, affirmai-je sans le quitter des yeux.
Je devinai Jason froncer les sourcils.
- Bah...si. Il t'a défendue, il a empêché les connards comme Gardiner de te blesser, il est rentré de ce cercle de feu et il t'a aidé à l'éteindre. Il a été le seul à en avoir le courage et l'envie.
J. tenait fermement chacun de mes bras et me forçait à le regarder.
- Non, insistai-je.
Je ne pouvais pas lui dire. Je ne pouvais pas lui expliquer pourquoi, il ne l'aurait pas supporté ou alors il ne m'aurait pas comprise. Jeremy ne m'avait pas sauvé la vie parce que si nous étions là en premier lieu, c'était à cause de lui. D'accord, j'avais voulu aller le voir. Mais s'il ne m'avait pas trouvée dans les toilettes, s'il avait pu se retenir de m'infliger un sermon abominable, s'il n'avait pas porté d'affreuses accusations à mon sujet, s'il n'avait pas douté de moi, s'il m'avait fait confiance... Peut-être que je n'y serais jamais aller.
Il s'était passé tant de chose depuis que je m'étais réveillée dans cette chambre d'hôpital. Ou plutôt, j'avais eu tant de temps pour réfléchir. Et je l'avais réellement fait. Si au début j'étais incapable de penser à autre chose qu'à la mort de ma meilleure amie, j'avais fini par reconstituer les pièces du puzzle. Certains éléments semblaient encore me manquer mais d'autres me faisaient tellement honte que je préférais les renier.
La première chose qui m'était revenue avait été la piqûre de Christina et elle ne faisait qu'alimenter mon ressentiment envers Jeremy. J'avais raison. Je n'avais jamais pris la moindre drogue, ou du moins pas de mon plein gré. Dès l'instant où Mme Diggle était venue me faire une nouvelle injection et une prise de sang, je m'étais souvenue. Le liquide chaud qui circulait dans mes veines. L'aiguille qui transperçait ma peau. Les picotements. Le tournis. Toutes ces sensations qui m'avaient tant marquée, sans parler des choses qu'elles m'avaient ensuite faites faire. Je savais maintenant pourquoi je m'étais retrouvée à vomir dans cette cuvette.
Et Jeremy, lui, m'avait accusée d'avoir pris de la drogue. Depuis, il avait sûrement lu le rapport que j'avais fait à l'infirmière mais évidemment, il faudrait bien plus que ma parole pour faire avouer au cher Soleil Scandola qu'il avait tort. Encore plus pour qu'il s'excusât.
D'autres points s'étaient aussi éclaircis depuis. Par exemple, j'étais désormais persuadée que Christina était la complice de Luke depuis le début et qu'elle était même probablement sa supérieure dans la hiérarchie du complot. De plus, j'étais d'avis qu'elle avait décidé de me mettre hors d'état de nuire pour la soirée avant même de savoir que j'avais réglé son compte à son cousin. Elle connaissait mes capacités et elle n'aurait jamais pris le risque de s'enfermer dans une pièce, seule avec moi. Elle m'avait déjà vue me défendre lors de notre dernière rencontre et je savais que je lui en avais laissé un sacré souvenir.
VOUS LISEZ
Fille du Soleil
ParanormalSavannah Teresa Hamilton, dossier n°1617, est une fille du Soleil habitant au pensionnat de Minneapolis depuis l'âge de 12 ans. Elle y a été éduquée et entraînée pour servir et protéger l'Élite. Ordre et discipline ont peut-être aidé à former une co...