36 : Les proies

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Je commençais à me détendre, Célia avait mis de la musique, un album de Portishead, et j'avais avalé en quelques instants ma coupe de champagne. Elle aussi. Nous nous étions regardées, et avions éclaté de rire. Notre complicité, à nouveau. Je me sentais bien.

"Sers nous une deuxième coupe, Stanis !

- Hum, j'adore ça ! Vous êtes parfaites. Trinquons, cette fois !

La deuxième coupe s'était vidée aussi vite que la première. Célia avait changé la musique, pour une vieille compile de Bowie que nous avions écouté des millions de fois ensemble. Sur Let's dance, nous nous étions levées, et avions commencé à danser et chanter dans le salon. Pour China Girl, elle avait pris ma main et me faisait tourner, virer, devant Stanis. Ce dernier remplissait nos verres et bientôt la bouteille avait été vidée.

La tête me tournait un peu, j'avais chaud et je m'étais laissée tomber dans le canapé. Célia dansait seule et Stanis avait fini par enchaîner quelques pas avec elle. Ses mouvements étaient fluides, souples. Je contemplais leurs deux corps superbes se frôler, se serrer, se détacher, cogner l'un contre l'autre, leurs mains se rencontraient, puis couraient sur un bras, le long d'un dos, d'une cuisse. Stanis avait fait pivoter Célia et se tenait maintenant contre son dos. Ils ondulaient ensemble, au rythme de Heroes. Il avait une main posée sur la hanche de mon amie et de l'autre, il caressait son ventre, ses seins, sa gorge. Je voyais sur le visage de Célia qu'elle sombrait dans le plaisir, les paupières closes, et ses fesses oscillaient, pressées contre le bassin de Stanis. Une onde de désir avait parcouru le bas de mon corps quand les yeux bleus de Stanis s'étaient posés sur moi. Un regard provocant, sexuel. Ses dents avaient mordu ses lèvres, et j'avais entrevu sa langue, que je savais si pénétrante, si habile.

Il avait chuchoté :

"Lève toi, et approche."

Comme hypnotisée, j'avais obéi.

"Regarde, Jeanne. Elle est offerte."

Célia était comme dans une douce transe. Elle n'était plus que dans la dimension du plaisir, elle avait quitté le salon, l'appartement, la ville. Elle était splendide.

"Caresse ses seins. Tu vas voir comme la peau est tendre.

Il avait pris ma main et l'avait posée sur son décolleté. Mes doigts avaient d'abord juste effleuré le tissu de la robe, puis j'avais écarté l'étoffe pour laisser apparaître les boutons mats de ses tétons. Sa poitrine était menue, mais parfaite. Sa peau lisse et dorée, comme du velours. Sans même que je m'en rende compte, ma bouche s'étaient approchée et j'avais commencé à titiller doucement le bout de ses seins, d'abord du bout des lèvres, de simples baisers, puis avec ma langue. Célia respirait plus fort et j'étais gagnée par son abandon.

Stanis avait dévié ses caresses et s'était rapproché du creux de ses cuisses. Célia gémissait.

"Déshabille-la."

Doucement, j'avais retiré la ceinture de cuir et j'avais fait tomber les bretelles de sa robe. Je n'avais même pas eu à tirer pour qu'elle glisse à ses pieds. Elle ne portait pas de sous-vêtements. Elle était parfaitement nue. J'avais l'impression jubilatoire que Stanis et moi nous partagions une proie. Mais je me trompais. Nous étions deux proies.

Stanis avait soutenu Célia et l'avait accompagnée, ou plutôt portée jusque sur le canapé. Elle s'était allongée, la tête reposant sur les coussins, une main frôlant le sol. Ses jambes étaient légèrement écartées et je contemplais son sexe lisse, humide, palpitant.

Stanis s'était mis derrière moi. J'étais paralysée, je fondais littéralement d'envie. Il avait défait le bouton et la fermeture éclair de mon jean, et avait plongé une main insolente dans ma culotte, pressant un instant mon sexe, et me pénétrant finalement de deux doigts.

"Tu es trempée. J'adore."

Je sentais son pénis dur contre moi, et les images du restaurant et de la ballade qui avait suivi étaient revenues... Il avait joué un moment avec ses doigts, murmurant des obscénités à mes oreilles.

"Regarde cette petite putain qui attend de jouir comme toi. Je sens à quel point ça t'excite."

Je tenais à peine sur mes jambes. Je ne pouvais que gémir. Brutalement, des vagues violentes de jouissance m'avaient emportée et j'avais laissé échapper un cri de plaisir.

Stanis était repassé devant moi, et m'avait embrassée violemment.

"J'adore la seconde où je te devine au bord de l'orgasme. Je sais que j'ai ta délivrance entre mes mains. Je te possède totalement."

J'avais joui, mais j'en voulais encore. Mon corps était habité de volupté, avide de débauche.

Il s'était rapproché du canapé, et avait entrouvert la bouche de Célia, lui donnant à lécher ses doigts luisants de mon propre fluide. Elle les avait sucé avidement, avec délectation, avec indécence.

"Je te l'offre, maintenant. Donne-lui le plaisir qu'elle réclame."

Je m'étais agenouillée devant Célia, tremblante encore. Son bassin se soulevait en d'amples mouvements lascifs. Ses yeux s'étaient entrouverts et elle avait prononcé mon prénom.

J'avais d'abord parcouru sa peau avec la pulpe de mes doigts. Ses jambes fuselées, ses cuisses musclées, admirables. Puis de la paume de la main, j'avais abaissé son ventre haletant contre le canapé, et j'avais caressé son sexe. C'était doux, chaud, humide, glissant, attirant. 

Mes lèvres avaient d'abord parcouru son ventre de baisers longs et tendres. Puis ma bouche s'était rapprochée de son pubis et j'avais embrassé son sexe lisse avec gourmandise. J'avais écarté un peu plus ses cuisses et doucement, j'avais enveloppé son clitoris de longs coups de langue délicats, onctueux, prenant garde de ne pas irriter ce bouton fragile, faisant le tour, l'effleurant simplement. Elle s'était mise à gémir instantanément. Elle avait un parfum suave, et un goût légèrement salé. Puis j'avais serpenté progressivement jusqu'à sa fente, pénétrant bientôt le plus profond de son intimité. Son bassin et ses hanches se soulevaient au rythme de mon exploration, accompagnant les propres vagues d'envie qui m'envahissaient. J'étais ensuite remontée vers son clitoris, accentuant la pression et accélérant mes mouvements, appuyant plus mes baisers. Célia avait joui dans un grand cri et son corps s'était cabré, avant de retomber mollement sur les coussins, épuisée.

Stanis s'était alors rapproché de moi, m'avait relevée. Il m'avait à nouveau embrassée, longuement, ardemment. J'étais folle de désir, à nouveau.

"Je sais que tu crèves d'envie que je te baise."

Mon souffle avait dû se faire suppliant, implorant. 

"Mais pas aujourd'hui. Jeanne, je ne suis pas quelqu'un de rancunier. Non. Mais tu m'as repoussé une fois, et ça mérite une punition. C'est la tienne."

Le clavier vampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant