5 : Confidences

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Je m'étais mise au lit directement après cet échange et m'étais endormie quasi instantanément, même si ma tête bouillonnait de cette rencontre étrange, même si mon corps était encore enfiévré du désir soudain que j'avais éprouvé lors de cette conversation. J'avais passé une nuit parfaitement reposante, malgré des rêves dont il ne me restait qu'un souvenir confus, des rêves sensuels et au parfum de Transylvanie.

Dès mon réveil, j'avais envoyé un message à Célia :

"Tu passes à la fac aujourd'hui ? J'ai des trucs dingues à te raconter ! Sur un nouveau du tchat !"

Sa réponse n'avait pas tardé. Célia était toujours avide d'histoires inédites, surtout quand elles étaient coquines. 

"Midi avec un sandwich dans le parc. Je sens que mon amie chérie s'est encore comportée comme une sale petite garce allumeuse !"

Installées sur un banc, au milieu des roses, et envahies par l'odeur de la pelouse fraîchement tondue, j'avais raconté à Célia mon histoire. 

Cependant, au fur et à mesure de mon récit, quelque chose m'empêchait de lui confier ce qui m'avait le plus marquée. J'étais imprégnée par ce sentiment de lâcher-prise que j'avais éprouvé avec Vlad, mais une pudeur m'interdisait de lui avouer à quel point je m'étais sentie un jouet entre ses mains et à quel point cette sensation m'avait stimulée. 

"Attends, mais c'est quoi ces délires de copier-coller, me dit Célia, c'est pour moi les copier-coller, pas pour ce pseudo dominateur ! 

- Oh, ma petite chatte est jalouse... 

- Non, je plaisante, mais tu ne trouves pas ça un peu intrusif ? Tu connais ce type depuis moins de vingt-quatre heures et tu veux déjà lui faire partager nos vilains petits jeux...

- Ecoute, on va voir, ça peut être fun ! Il m'amuse, il m'intéresse. Je sens qu'il a un putain de potentiel. 

Célia avait levé les yeux au ciel.

- Et peut-être même un potentiel membre surpuissant ! 

Je m'étais mise à rire aux éclats, et Célia, entraînée par mon hilarité avait pouffé avant de partir dans un de ces fous rires dont nous étions coutumières.

 - De toute façon, il n'est pas question une seule seconde que je lui fasse des copier de mes conversations avec Simon, ni même avec Vincent ou Pedro, je me limiterai à des insignifiants dont je n'ai rien à foutre. Et je te raconterai tout dans les moindres détails, comme d'habitude ! avais-je rajouté.

- Tu as intérêt ! Mais bon si ça se trouve, c'est juste un vieux dégueulasse de 63 ans, avec un maillot de corps couvert de résidus d'omelette en haut et de sperme séché en bas, et qui baisse son jogging immonde en dessous de sa bite pour se palucher. Et d'ailleurs il ne la voit même pas parce que le gras de son bide l'en empêche.

- Tu es vraiment crade, Célia ! Hahaha !

- Ce soir, il faut que tu réussisses à obtenir une photo, c'est le défi que je te donne. 

- Carrément, mais j'ai un bon pressentiment. Et tu sais quoi, de toute façon, j'ai l'impression qu'avec ce Vlad, le physique pourrait passer au second plan. Dans une certaine limite évidemment, hahaha !

Étrangement, je m'étais mise à penser spontanément à une rencontre physique, une rencontre réelle. Je me sentais déjà impatiente de caresser sa peau, de sentir son parfum, d'entrer en contact avec ses lèvres... Cette simple idée me faisait frissonner et une vague de désir instantané m'avait envahie. Je me sentais rougir de façon incontrôlable. Je devais me reprendre et ravaler cette envie démesurée qui s'était emparée de moi. Je me reconcentrai sur l'agitation du parc et sur le visage interrogateur de Célia.

- Et toi, avec Milo ? Ça se précise ce rendez-vous ? lui demandai-je.

- Hum, j'en sais trop rien. Moi aussi j'ai envie d'aventure ! Mais pas dans le monde virtuel ! Tu vas voir, il est chaud, là. Je vais n'en faire qu'une bouchée du petit ! Hahaha. 

  Notre gaîté résonnait dans le parc comme le chant des oiseaux qui colonisaient les grands chênes du campus, comme le ronronnement de la tondeuse, que nous entendions au loin, comme les discussions animées que nous devinions au sein des petits groupes d'étudiants qui s'étaient rassemblés pour déjeuner sur l'herbe. Ce printemps s'annonçait vraiment bien...   



Le clavier vampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant