46 : Réveil

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"Axel ! Axel ! Mais c'est quoi tout ça ? C'est quoi ce sang ? Toutes ces traces ! Et la chambre ? Mais où sont passées toutes les fleurs ? Axel !"

Je hurlais. Je me voyais devenue folle. Perdue. Victime de mes fantasmes déréglés. Je m'agrippais aux draps tâchés. Seule. Sans lui. 

Le souffle me manquait, je suffoquais, l'angoisse resserrait mes poumons, mutilait ce qui me restait de raison. Je ne parvenais même plus à crier. Je ne sentais que les larmes qui coulaient sur mon visage, qui entraient dans ma bouche et s'engouffraient dans ma gorge. 

Puis la porte de la salle de bains s'était ouverte, il en était sorti et avait couru vers moi. Il s'était assis sur le lit et m'avait entourée de ses bras.

"Je suis là, je suis là, calme-toi. Mon amour, je t'en prie, calme-toi. Ma tendre, ma douce, je suis là."

Il me berçait comme un petit enfant, il me chuchotait des douceurs à l'oreille. Il caressait mon dos, m'enveloppait de l'édredon de plumes. Sa voix était grave, calme, rassurante. Mes pleurs se dissipaient. 

"J'avais peur... J'avais peur que tu sois parti...

- Jamais je ne te laisserais ainsi, jamais. Jeanne, je suis là, je suis avec toi."

Un flot de larmes était encore sorti de moi, de grands sanglots que je ne parvenais pas à contrôler et qui soulevaient ma poitrine. Et puis brutalement, un rire, un rire fou. J'allais bien. Il était près de moi. Tout irait bien maintenant. Et j'étais forte. Adulte. Responsable. Intelligente. Libre. 

"Axel. Je t'aime. 

- Moi aussi, je t'aime. Mais tu le sais ! Ma chérie... Tout ce temps à t'attendre, à te chercher... Plus que tout."

Il m'avait embrassée tendrement, affectueusement. Et c'était un baiser serein, doux, loin de la fièvre et de la folie de la nuit. Je me sentais bien, étonnamment calme et reposée. 

"Axel, parle-moi. Que s'est-il passé cette nuit ? Que se passe-t-il depuis que je t'ai rencontré ? J'ai besoin de savoir tout ça. Il faut m'expliquer.

Il m'avait regardé avec un regard sérieux, triste presque. 

- Je vais te dire certaines choses. Je ne peux pas tout te dire. Non que je ne te fasse pas confiance, mais c'est une question de sécurité. Pour nous deux. 

- Mais pourquoi est-ce que...

- Chut. D'abord tu as besoin de manger. Et moi aussi, j'ai très faim !"

Je m'étais rendu compte que j'avais la tête qui tournait un peu - peut-être à cause du champagne, peut-être à cause de la nuit - et mon estomac criait famine. J'avais très faim aussi.

Pendant que je prenais ma douche, il avait appelé la réception et quelques minutes plus tard, le garçon d'étage était entré avec un chariot garni de choses toutes plus appétissantes les unes que les autres. Viennoiseries, fruits, céréales, pains, confitures, pâte à tartiner, jus de fruit, thé, café. Je me sentais déjà renaître de ma crise de panique du réveil.  

"Ça a l'air délicieux, merci. 

- A votre service, madame, et bon appétit, avait répondu le jeune homme avant de repartir.

J'avais regardé Axel avec de grands yeux.

- Tu as entendu, il m'a appelé "madame" !

Axel avait ri. 

- Tu es ma compagne, c'est normal. Le "mademoiselle" aurait été réservé à une...

- Une prostituée.

Le clavier vampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant