La nuit était tombée sur l'Ile de la Cité et l'on n'entendait plus que le froissement du coton de sa robe et le claquement de leurs bottes sur les pavés de la rue. Son souffle saccadé aussi. Elle courait maintenant à en perdre haleine, enjambant les immondices qui jonchaient le sol, essayant de ne pas glisser sur le crottin de cheval, faisant fi des rats qui se repaissaient des feuilles de choux et des épluchures de navets dont les cuisinières s'étaient débarrassées à même la chaussée.
La jeune fille avait pressé le pas depuis la place Dauphine. Les deux hommes en noir qu'elle avait d'abord aperçus à l'angle de la Sainte Chapelle marchaient encore à bonne distance quelques minutes auparavant, mais elle savait qu'ils venaient pour elle, et ils avançaient vite. Ils portaient des capes noires, et de lourdes capuches assombrissaient leurs visages. Ils apparaissaient puis disparaissaient tour à tour dans la nuit, au rythme des lanternes qui éclairaient sourdement la rue. Elle pensait pourvoir atteindre le Pont Neuf, et le quai de la Mégisserie, d'où elle pourrait bifurquer vers le Grand Châtelet, où elle espérait trouver la protection des hommes en armes en faction devant la prison.
Arrivée devant l'entrée du pont, elle vit avec horreur se dessiner trois autres silhouettes noires, émergeant de la masse obscure du Louvre qu'on distinguait de l'autre côté de la Seine. Paniquée, elle s'engagea sur le quai des Morfondus, pour atteindre le Pont-au-Change et traverser le fleuve pour avoir au moins une chance. Mais elle se savait prise en tenaille entre les deux groupes d'hommes. A sa gauche, le Palais de la Cité était encore en travaux ; les échafaudages et les cabanes d'ouvriers pourraient peut-être lui offrir une cachette provisoire, si elle parvenait à fuir jusque là.
Mais les hommes en noir, presque des fantômes, l'atteignaient déjà. Elle les entendait maintenant chuchoter, ils étaient à sa hauteur. Elle s'immobilisa, en proie à une panique qu'elle savait inutile. Elle n'avait pas d'autre choix que de leur faire face.
Le plus grand des hommes du trio qu'elle avait vu venir du Louvre se détacha du groupe et s'avança lentement. On n'entendait que ses pas, et le clapotis de l'eau.
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Le clavier vampire
Paranormal" Qu'est-ce que tu es ? - Je suis ce que je suis." Fantastique et érotisme, histoire et secrets, se croisent dans le récit vénéneux d'un amour incandescent, où rêves et réalité se chevauchent dans une atmosphère de fièvre nocturne. Attention, de no...