15 : Plaisirs bien ordonnés

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Il était seulement 19h30 quand j'étais arrivée dans mon studio. Je savais qu'Axel ne se connecterait pas avant plusieurs heures.

J'avais donc mis ce temps à profit pour envoyer un texto à Julien, le journaliste du Courrier de Touraine qui avait réalisé le reportage sur l'histoire de la chapelle en ruines : "Hey Juju, quand tu seras dispo, on ira prendre un café. J'ai des questions à te poser sur la chapelle Saint Firmin, et notamment sur les deux mecs qui te l'ont faite visiter. Ça reste évidemment entre nous, c'est du privé, c'est pour une copine ! Bises !"

Je m'étais commandé à dîner - sushis et makis japonais - et j'avais dégusté ce succulent repas devant un film coréen conseillé par Célia : Thirst, ceci est mon sang, de Park Chan-Wook, une histoire très bizarre de prêtre se transformant progressivement en vampire après une transfusion sanguine d'origine étrange. 

Julien m'avait rapidement répondu et nous devions nous voir le lendemain vers 15 heures, dans un petit café de quartier situé non loin des bureaux du journal. 

Vers 22 heures 30, je m'étais connectée sur Tchatmania. Axel était déjà là. Mon cœur s'était instantanément mis à battre plus fort. 

Vlad : Bonsoir, ma très tendre, ma très douce amie. Je t'attendais. J'espère que tu as passé une belle journée.

Circé : Bonsoir Axel. Merci, oui ! Tu arrives tôt. C'est rare, non ?

Vlad : Rires. Oh ma chérie. Tu étais impatiente de me retrouver, n'est-ce pas ?

Circé : C'est vrai, je l'avoue. Tu es où en ce moment ?

Vlad : Je suis à mon hôtel. Ça t'intéresse de voir ma chambre ?

Circé : Carrément ! Montre-moi !

Je m'attendais à des photos, mais Axel m'avait alors envoyé une demande de conversation vidéo. Prise au dépourvu, je n'osais pas accepter son invitation.

Vlad : Allons ma chérie, accepte. Je vais juste te montrer le décor qui m'entoure. Tu vas voir, c'est somptueux. Tu n'es pas obligée d'allumer ta webcam, tu sais. D'ailleurs tu ne me verras pas non plus, juste ma chambre.

L'icone de conversation vidéo clignotait de nouveau. J'avais pris soin de paramétrer les choses de manière à ce qu'effectivement, je reste invisible pour lui. Je n'étais pas prête à me montrer ainsi. Et puis j'avais accepté la demande, en cliquant fébrilement sur l'icone verte de la caméra.

Une fenêtre de vidéo s'était ouverte, et à travers, une des chambres les plus luxueuses qu'il m'ait été donné d'admirer. Les murs étaient tendus de tissus précieux aux teintes dorées et mauves, et aux motifs d'entrelacs végétaux. Le lit immense, couvert d'une courtepointe immaculée et de coussins moelleux, avec sa tête de lit tapissée d'une étoffe d'orient qui contrastait et s'harmonisait en même temps avec la tenture murale, trônait au milieu de la pièce que je contemplais. Au mur, des peintures aux cadres raffinés représentaient des baigneuses d'un autre siècle. A droite du lit, on apercevait une commode de bois fin, sans doute un meuble d'époque Troisième Empire, et à gauche, au-delà de la petite table de nuit sur laquelle était posée une jolie lampe art déco et un livre dont je ne pouvais distinguer la couverture, une porte s'ouvrait sur ce qu'on devinait être une superbe salle de bain. 

Circé : Waouh. Mais c'est quoi cet endroit ? 

Vlad : Sourire. C'est l'hôtel que mon client a choisi pour moi. C'est beau, n'est ce pas ? Je ne t'avais pas menti !

Circé : C'est sublime. 

Vlad : C'est une ancienne maison de plaisirs.

Circé : Tu veux dire... une maison close ?

Le clavier vampireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant