"Non mais je te jure, ma petite chatte, depuis que je discute avec cet Axel, j'ai des nuits presque aussi chaudes que tes rencards avec Stanis !"
Célia et moi étions vautrées sur son canapé, devant une table basse couverte de magazines de cinéma, de bouquins d'esthétique du film, de feuilles éparses couvertes de notes au stylo bleu surlignées en rose fluo par endroits, d'un paquet presque vide de biscuits au chocolat, et de nos deux ordinateurs, posés côte à côte comme deux vieux amis.
"Je crois que je vais finir par tomber amoureuse de Stanis, c'est du délire, me confiait Célia, il me baise comme aucun autre mec avant ! Ou alors je vais devenir ultra, mais alors ultra exigeante ! s'esclaffait-elle.
- Ouais, ben ça suffit pas ça. Tu crois pas que pour tomber amoureuse, il faudrait que vous partagiez un peu plus que des petites séances de sexe, aussi talentueux soit-il ?"
Mon amie avait finalement très vite contacté par texto son torride amant de la boite de nuit : "Célia, L'Excalibur, nuit du 19 avril, 3 heures du mat, tu situes ?". La réponse n'avait pas tardé à arriver et Stanis et elle avaient depuis lors enchaîné deux rendez-vous nocturnes. Le premier soir, ils s'étaient retrouvés dans un bar du centre ville et ils avaient à peine pris le temps d'échanger quelques mots, Célia lui avait presque aussitôt proposé de lui ouvrir les portes de son appartement. Pour le second, il avait directement frappé chez elle.
"Tu peux pas imaginer, un seul regard et il me rend complètement folle ! Ce mec transpire littéralement le cul, le cul, le cul ! Tu verrais les muscles qu'il a, tu te sens complètement à sa merci quand il te baise, et il te baise comme un vrai dieu ! Je m'en fous, de ce qu'il a à partager avec moi ! Même s'il avait des goûts de merde en ciné - et tu sais combien c'est important pour moi - je le laisserais dans problème me lécher comme il le fait !
- Tu es vraiment une belle petite garce, une jolie petite salope, ma chérie !"
Nous riions tellement fort que les voisins du dessus avaient fini par manifester leur exaspération par des coups de balai donnés sur le plancher, qui avaient fait redoubler notre hilarité.
"Quand même, il faudrait que tu en saches un peu plus sur ce mec. Tu n'as pas un moyen de connaitre au moins son nom de famille ? Genre tu fouilles dans les poches de sa veste quand tu vas chercher des capotes ou un truc comme ça...
- Les capotes, c'est toujours lui qui les a à portée de main, je n'ai pas eu besoin de m'en préoccuper.
- Eh bien, il va falloir varier les lieux et les plaisirs ! Tu le désapes dans le salon et tu l'entraînes sur la table de la cuisine. Ensuite, tu retournes chercher ce que tu veux !
- C'est pas si facile, en plus, je suis carrément dans un état second quand il commence à m'embrasser ! Hahaha !
- Et tu n'as pas des infos qui pourraient permettre de le retrouver sur le net ?
- J'en sais rien. Il m'a dit qu'il bossait dans l'immobilier. Ici à Tours.
- Ok. On devrait pouvoir trouver ça. Stanis c'est peut-être le diminutif de Stanislas déjà, non ?"
Nous avions donc allumé nos deux ordinateurs et avions entrepris d'éplucher systématiquement les sites des agences immobilières de la ville. Beaucoup présentaient leurs commerciaux à grand renfort de photos où ces derniers souriaient d'un air tantôt bonhomme, tantôt enjoleur. Nous étions tombées sur un Stanislas Brochard, mais la photo n'avait hélas rien à voir avec notre Stanis. D'autres n'avaient pas vraiment ce genre de politique publicitaire, et nous étions obligées de chercher plus loin : images de pots divers, pages facebook des agences si elles en possédaient, pages facebook des employés identifiés, et visionnages de leurs albums s'ils étaient ouverts, et même reportages de la chaîne régionale sur le réveil de l'immobilier en Touraine.
Cette dernière manœuvre m'avait donné une idée. J'avais accès à l'ensemble des photos prises par tous les journalistes et collaborateurs du Courrier de Touraine, ce petit quotidien dans lequel je faisais régulièrement des piges dans la rubrique culture.
Je m'étais donc connectée à mon espace personnel sur le site du journal, et j'avais commencé à rechercher tous les classeurs d'archives postés par les autres salariés et correspondants à des entrées comme "immobiler", "appartements", "maisons", "immeubles", "achats", "ventes" ce genre de choses, et j'avais ajouté à ma recherche les mots Stanis et Stanislas. J'étais tombée sur une archive du mois de février, avec toutes les photos prises pour un article intitulé "Patrimoine : Rachat de la chapelle Saint-Firmin par des particuliers", sous-titré "Visite du futur chantier de rénovation avec Armand et Stan". Julien, un collègue plutôt sympa qui s'était chargé du reportage avait rajouté en italique "modifier les noms pour la publication, voire ne rien dire". Cette petite chapelle presque en ruines, située dans une commune en pleine expansion à quelques kilomètres de Tours, devait être démolie pour faciliter l'implantation d'un centre commercial. Certains habitants férus d'histoire et des associations de sauvegarde du patrimoine étaient montés au créneau, en vain, la mairie arguant, sans doute à juste titre, que des emplois pourraient être créés, et la ville dynamisée. Mais in extremis, des acheteurs providentiels avaient misé très gros, et la mairie, qui était propriétaire de l'édifice du XVIIème siècle, avait finalement préféré ne pas suivre les investisseurs de l'hypermarché. Les photos montraient deux hommes, présentés comme les acheteurs, qui posaient devant la petite construction, désignant les zones de la chapelle à rénover en priorité, la toiture, le mur du chœur, qui présentait des lézardes plutôt inquiétantes, et à l'intérieur, des fresques ayant surement dû être chatoyantes autrefois, et dont on ne devinait que très mal les motifs et les dessins.
L'un des deux hommes arborait une longue chevelure brune qui tombait sur ses épaules.
"Hey, Célia, c'est pas lui ton Stanis ?
- Siiiiiiii, c'est lui ! Ma chatte d'amour, tu es un vrai Sherlock Holmes !"
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Le clavier vampire
Paranormal" Qu'est-ce que tu es ? - Je suis ce que je suis." Fantastique et érotisme, histoire et secrets, se croisent dans le récit vénéneux d'un amour incandescent, où rêves et réalité se chevauchent dans une atmosphère de fièvre nocturne. Attention, de no...