Chapitre II

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Elle buta contre son torse, se cogna même la tête sur son armure. Le choc lui fit perdre l'équilibre, tant il fût violent, et elle tomba à ses pieds, comme dans un vieux dessin animé. Son mal de crâne redoubla d'intensité et elle gémit de douleur en effleurant son front durement touché. Mais sa peur reprit bientôt le dessus et elle se laissa glisser sur le sol, reculant pour mettre le plus de distance possible entre elle et l'armoire à glace. Son corps tremblait alors qu'elle se hâtait d'agir. De nouveau, elle tremblait de peur.

— Astrida ! s'exclama l'inconnu.

Il s'approcha, plus rapide qu'elle car encore sur ses deux jambes, et s'agenouilla auprès d'elle. Farouche, elle serra le drap contre elle, cachant sa nudité du mieux qu'elle le pouvait. Elle continuait de reculer, effrayée. Elle avait peur mais le ton qu'il employait n'était pourtant pas menaçant. Néanmoins, elle refusa de baisser la garde, bien que son instinct lui soufflait qu'elle n'avait rien à craindre. C'était ce qu'il tenta de lui expliquer.

— Je suis ton ami, Astrida. Je ne te veux aucun mal, je te le promets.

Elle croisa les yeux du jeune homme, les sonda pour tenter d'y déceler la vérité : ils étaient bleus, eux aussi, mais semblaient beaucoup plus doux que ceux de l'étrange femme blanche. Et puis, il avait prononcé un mot tout à fait intéressant. Curieuse, elle était appâtée par cette potentielle source de renseignement. Gardant toujours ses distances, elle tenta une approche.

— C'est mon nom ? demanda-t-elle d'une voix rauque.

Aussitôt, sa gorge se mit à brûler. Evidemment, si tout son corps souffrait au moindre de ses mouvements, il était évident qu'il en serait de même pour ses cordes vocales. Elle toussa, une de ses mains se posant contre sa poitrine. Ses poumons étaient en feu mais elle savait que ce ne serait que passager. Maintenant qu'elle était réveillée, son corps allait suivre. Du moins, elle l'espérait.

— Oui, c'est ton nom. Tu t'appelles Astrida, lui confirma-t-il.

Il tendit lentement une main, qui paraissait énorme. De toute évidence, il souhaitait l'aider à se relever. Elle accepta, après un bref instant d'hésitation, d'y glisser la sienne, menue et fragile. Elle fût remise sur ses pieds en un clin d'œil, le gaillard disposant de toute la force que lui prodiguait son impressionnante carrure. Il était plus grand qu'elle mais elle n'était pas aussi petite qu'elle le croyait. Elle lui arrivait juste sous le menton et se demanda comment diable elle avait bien pu se heurter le front sur son torse !

Il garda sa main dans la sienne, ne la quittant pas des yeux. Il paraissait réellement gentil et soucieux. Elle se sentait détaillée de la tête aux pieds et d'instinct, chercha à se protéger avec son tissu. Il sembla remarquer sa gêne, car il s'empressa de dire :

— Tu dois avoir froid. Je vais te reconduire à ta chambre, tu y trouveras de quoi te vêtir.

Elle balbutia un merci et le laissa la guider vers la pièce qu'elle avait quittée quelques instants plus tôt. L'image mystique était toujours imprégnée dans son esprit mais la présence du guerrier blond la rassurait légèrement. Même si elle ne le connaissait ni d'Eve ni d'Adam, il lui avait fourni une information très précieuse : son prénom. Quel bonheur de pouvoir enfin se nommer ! Se donner une identité, une autonomie. C'était un véritable soulagement. Elle avait l'impression de revivre.

— Je reste ici, dit le géant une fois arrivés devant la porte. Tes vêtements sont dans l'armoire.

Elle hocha lentement la tête puis se décida à rentrer. Elle ferma lentement la porte, ne souhaitant pas vraiment quitter du regard l'homme blond – dont elle ignorait toujours le nom, comme pour s'assurer qu'il n'allait pas l'abandonner. Elle ne se sentait toujours pas en sécurité dans cet endroit.

Elle tourna autour d'elle, scrutant ce qui était sa chambre. Des bougies éclairaient la pièce : d'où venaient-elles et qui les avaient allumées ? Tant de questions et d'évènements étranges et si peu de réponses. D'abord, Astrida, il faut que tu t'habilles. Le reste viendra plus tard. Tu auras forcément plus de renseignements. Elle se dirigea vers l'armoire, qui occupait tout un pan de mur : immense, comme le reste du peu qu'elle avait vu jusque-là. Elle était très abondamment remplie et regorgeait de vêtements tous plus beaux les uns sur les autres. Elle ne savait où donner de la tête et laissa le hasard guider sa main. Ses doigts agrippèrent le tissu doux d'une longue robe bleue nuit, d'une simplicité déconcertante mais d'une beauté renversante. Elle abandonna le drap de son lit pour se vêtir plus dignement et ressentit immédiatement le même sentiment qui l'avait habité quand elle avait retrouvé son prénom. C'était comme si elle retrouvait son humanité. Elle trouva des chaussures plates, tout aussi confortables que son vêtement. Alors qu'elle tournait sur elle-même pour tester la légèreté de sa robe, son regard accrocha le sien. Elle stoppa net sa pirouette pour se rapprocher de la femme brune qui la toisait. Son visage était pâle, ses yeux sombres et surpris, ses lèvres roses et charnues, ses cheveux longs et bruns. Elle n'osait pas se trouver belle et pourtant... Elle était à couper le souffle.

Trois coups discrets à la porte l'arrachèrent à sa contemplation. Encore perturbée par sa rencontre avec elle-même, elle autorisa le blond à entrer d'une voix tremblante. Il resta au seuil de la porte, la regardant d'un œil étrangement ému, presque embué, remarqua-t-elle. Elle haussa un sourcil surpris et il répondit à sa question muette :

— Voilà bien longtemps que je ne t'avais pas vu, avoua-t-il. Et te revoir dans cette robe, qui était ta préférée... C'est assez inattendu.

— J'ai vécu ici ? demanda Astrida.

— Oui. C'est ta maison depuis ta naissance.

— Mais c'est immense ! Je me trouve dans un palais ! Il n'y a que les rois qui vivent dans les palais ! s'exclama-t-elle avec ferveur en désignant la pièce d'un grand geste du bras.

— Tu as encore beaucoup de choses à apprendre, Astrida, la contint le dieu. Je comprends ton impatience mais je suis justement ici pour t'aider à obtenir des réponses. Et d'autres personnes sont là pour ça aussi. Si tu veux bien me suivre...

Il s'effaça pour lui indiquer le couloir. Trépignant d'impatience, elle passa le seuil d'un pas témoignant cependant d'un peu d'anxiété. Elle se sentait si proche de son but que cela lui faisait peur. Mais la présence du guerrier à côté d'elle l'aidait à se calmer. Elle tenta un regard sur le côté : l'homme avait un profil sérieux, le regard rivé droit devant lui. Sa posture était fière et droite, son pas incroyablement léger pour un individu de sa corpulence et il dégageait une incroyable bonhomie. Il tourna brusquement la tête et leurs yeux se croisèrent. Elle rougit, gênée d'avoir été surprise en pleine observation. Mais loin d'en être agacé, le jeune homme lui adressa un sourire rassurant.

— Que faisais-tu ? lui demanda-t-il.

— Je me demandais quel était ton nom, mentit-elle effrontément.

—Thor. Je m'appelle Thor.

 Je m'appelle Thor

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Princess of Asgard [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant