Chapitre XIII

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Le récit s'acheva aussi brutalement que cela et Astrida et Stephen, après un moment de silence au bout duquel ils comprirent que plus rien ne suivrait, se regardèrent comme deux faons pris dans les phares d'une voiture. La jeune femme ouvrit la bouche puis la referma, pas tellement sûre de ce qu'elle voulait dire. Heureusement, son acolyte exposa tout haut ce qu'elle pensait tout bas :

— C'est... Tout ?

Raven se tourna vers les autres membres du Conseil, qui restèrent de marbre, la laissant seule tentant de s'expliquer.

— Et bien, fit-elle un peu désarçonnée par la question, oui, enfin... C'est ce qu'on raconte aux enfants quand on les met au lit.

Elle chercha du renfort auprès de son compagnon, qui hocha la tête, appuyé soudain par les autres à grands renforts de « oui oui », « c'est très juste » et autres expressions montrant que l'on approuvait quelqu'un. La situation était comique au possible, jusqu'au moment où Raven interpella directement Astrida.

— Et vous, alors ? Qui êtes-vous vraiment ?

— Je...

« Je suis ta mère » ? Non, ça rappelait un film de science-fiction beaucoup trop repris et moqué. Et puis, non. Ce n'était pas sa fille. Peu importe qu'elle lui ressemblait, elle n'était pas sa Raven. Son enfant se trouvait dans sa dimension et elle n'avait désormais plus qu'une hâte : retourner d'où elle venait. Car elle avait fini par trouver ce qu'elle était venue chercher. Il se trouvait là, aux côtés de son père, la main toujours étroitement enlacée avec celle d'Aivy. Impossible de comprendre pourquoi son instinct lui criait si fort de le ramener avec eux mais elle devait le faire. Dans le cas contraire, tout était perdu.

— Je suis venue pour lui, finit-elle par avouer, à la surprise de tous, y compris de Stephen.

Son doigt pointa le jeune homme, fils de l'amour de deux mutants que tout avait opposé, qui était la clef d'un plan dont elle ignorait pourtant l'existence. Thomas fit une tête surprise, montrant là plus d'émotion qu'il n'en avait jamais dévoilé depuis leur arrivée sur cette Terre.

— Moi ? Mais pourquoi ? s'étonna-t-il.

— Oui, nous nous le demandons tous, ici, renchérit Raven en se rapprochant de son fils.

Son bras entoura ses épaules, alors qu'Erik fit un pas en avant pour se mettre entre sa descendance et Astrida. Celle-ci sentit l'atmosphère se charger d'électricité et un coup d'œil autour d'elle suffit à comprendre que si elle faisait le moindre geste brusque, elle ne s'en sortirait pas indemne. Stephen, sentant lui aussi la menace, plaça ses mains devant lui et quelques étincelles apparurent. Il n'en fallut pas plus pour que tous les membres du Conseil se mettent eux aussi en garde.

— Laissez-la parler.

La voix calme d'Aivy trancha l'air comme un couteau et chacun retint son souffle en se jaugeant avant de redevenir plus calme. Mais les muscles et les visages demeuraient tendus. D'un regard, la princesse remercia la jeune fille pour son intervention. Elle n'avait pas eu vraiment l'intention de provoquer une nouvelle guerre mondiale.

— Votre fils est promis à un fabuleux destin, dit-elle à l'intention des deux parents. A lui seul, il va sauver ma planète, mon univers. J'ai besoin de lui dans ma dimension.

Alors que les mots sortaient de sa bouche sans qu'elle ne les pense, Strange arqua un sourcil. Tout cela sonnait faux, il n'avait jamais entendu l'Asgardienne parler ainsi. Et puis, à quoi pouvait réellement servir le garçon ?

— En quoi notre fils peut-il vous être utile ? intervint Erik en s'avançant d'un pas supplémentaire, prenant l'ascendant sur sa femme qui, jusque-là, dirigeait la discussion, le laissant dans l'ombre.

Princess of Asgard [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant