Chapitre V

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Le paysage était tout à fait somptueux et assez impressionnant. Les jardins du palais étaient à la hauteur de la beauté du bâtiment et elle avait l'impression qu'elle pouvait s'y perdre au détour d'un chemin. Ses pieds avançaient d'un pas léger tandis qu'elle essayait d'embrasser d'un seul regard tout le somptueux décor qui s'offrait à elle. Chaque bosquet de fleurs qu'elle découvrait lui semblait plus beau encore que le précédent et elle ne se lassait pas d'aller sentir les différentes effluves florales. Chaque parfum l'emportait loin, lui donnait la sensation de flotter dans l'air, aussi légère qu'une brise. Puis elle revenait sur terre et était soudain assommée par l'immensité de l'Univers.

Au-dessus de sa tête, la voûte céleste semblait dévoiler tous ses secrets. Des nébuleuses colorées, des spirales étoilées, des soleils étincelants : tout l'espace resplendissait, froid, sombre, mystérieux et irrésistiblement attirant. Elle s'arrêta pour contempler un instant ce spectacle unique puis reprit son chemin, intriguée cette fois-ci par l'éclat de l'eau d'un somptueux bassin. Irrémédiablement attirée, elle s'avança jusqu'à contempler son reflet dans le liquide presque argentée. Elle embrassait chaque détail de son visage du regard, s'imprégnant des courbes du menton, de l'arête du nez et des lignes de sa bouche. Du bout des doigts, elle toucha la surface du bassin.

Elle jouait avec l'eau, créant des petites vaguelettes et des ondulations à sa surface. A chaque fois qu'elle faisait cela, elle avait l'impression de replonger en enfance et cela lui faisait le plus grand bien. Elle qui avait été arraché à ce doux monde beaucoup trop tôt ne pouvait que savourer tous ces petits moments de félicité. Le vent commençait à se lever. Frissonnante, elle réarrangea sa tenue, resserrant autour d'elle son épais manteau de fourrure. Elle espérait qu'il allait enfin la rejoindre. Elle avait vraiment hâte de le voir, en dehors des murs aux yeux et aux oreilles du palais. Ils avaient tellement de mal à se retrouver dans l'enceinte ultra protégée, car Odin ne verrait pas d'un très bon œil leur relation. Ils devaient donc se cacher et se rencontrer dans des endroits incongrus, à des heures tardives.

Elle entendit un discret bruit de pas, comme si la personne se déplaçait sur la pointe des pieds. Elle détourna son regard du reflet pour le voir arriver vers elle. Un sentiment familier et doux s'empara d'elle, son cœur rata un battement et elle se leva d'un bond pour aller l'enlacer. Ses bras puissants se refermèrent autour de sa taille et la soulevèrent de terre, la faisant rigoler. Dans la pirouette, ses cheveux vinrent lui cacher le visage. Pouffant de rire, il enleva avec douceur chacune des mèches qui la gênaient, avant de prendre son visage entre ses mains. De ses pouces, il lui caressait les joues avec tendresse, se perdant dans les yeux amoureux de celle qui était son amante.

— Que tu es belle, murmura-t-il.

— Tu m'as manqué, dit-elle en posant sa tête contre son torse. C'est si dur de ne pas pouvoir se voir quand on le voudrait...

— Je sais. Bientôt, on le pourra, lui promit-il en caressant ses cheveux.

— Je dois te dire quelque chose, lui avoua-t-elle en baissant la tête.

Elle se recula, nerveuse quant à l'idée de lui dévoiler ce qui la taraudait. Elle jouait avec ses mains et il la trouvait absolument charmante quand elle était mal à l'aise, le rose colorant ses joues. Il attendit patiemment qu'elle prenne la parole mais elle semblait de plus en plus hésitante. Enfin, elle ouvrit la bouche.

— Je...

— Astrida !

La voix de Thor la ramena à la réalité. Elle était toujours assise au bord du bassin et sa main était toujours dans l'eau, devenue glacée. Elle la retira prestement, un peu abasourdie. Désorientée, elle regarda son frère, tandis que Volla venait s'assoir à côté d'elle.

— Je viens d'avoir... une sorte de vision, leur dit-elle avec peu d'assurance. C'était assez étrange. J'avais rendez-vous ici, près de ce bassin, avec... un homme. Un homme dont j'étais visiblement très amoureuse...

Sa voix se fit de plus en plus difficile à entendre. Elle était bouleversée mais surtout furieuse. Furieuse car sa mémoire lui jouait des tours et l'empêchait de comprendre ce qui se passait. Et surtout, qui était cet homme ?

Thor et Volla, eux, se jetèrent un coup d'œil peiné. Eux savaient pertinemment à qui faisait référence la vision d'Astrida mais ils ne pouvaient pas le lui révéler. Pas encore. Car même si elle retrouvait la mémoire, elle n'avait jamais su ce qui lui était arrivé. Sans même se concerter, ils décidèrent d'un commun accord de continuer à garder le secret, hochant la tête pour confirmer qu'ils pensaient à la même chose. Volla prit Astrida par le coude pour l'aider à se relever.

— Tu dois être épuisée, lui dit-elle avec sollicitude. Laisse-moi te raccompagner jusqu'à ta chambre.

Docile, la princesse se laissa faire. En effet, elle se sentait vidée de toute énergie et ne songeait plus qu'à retrouver son lit et se glisser sous les draps pour s'y endormir. 

 

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Princess of Asgard [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant