Chapitre VII

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Le dédale de couloirs était impressionnant et l'endroit était loin de ce qu'avait imaginé Astrida. Tout était différent de l'institut Xavier qui était pour ses élèves un lieu de havre et de paix, perdu en pleine forêt, entouré de verdure et de lacs, un endroit paradisiaque pour s'épanouir. Ici, au contraire, on semblait se cacher sous terre, loin du soleil, loin des humains, dans une sorte de bunker de la Seconde Guerre mondiale, une boîte en fer peu accueillante et sympathique, froide et terrifiante. Pourtant, les mutants qu'elle y croisait semblaient s'y plaire. Ils étaient presque tous adultes, en comparaison avec les nombreux adolescents suivant les cours de Charles, et leur démarche quasi-militaire donnait l'impression de se retrouver dans une gigantesque caserne.

— Comment as-tu connu Mystique ? Comment t'a-t-elle amené dans cet endroit ? demanda Astrida sans cesser d'observer son nouvel environnement.

— Mystique m'y a amené pour la première fois quand j'avais quinze ans. Elle avait trouvé Kurt Wagner dans une autre église, pas très loin d'ici. Elle venait tout juste d'arriver en Allemagne, alors elle avait besoin de lui, enfin de moi. Elle m'a quasiment adopté et je ne la remercierai jamais assez pour ça.

— Alors ton vrai nom est Kurt, dit la jeune femme d'une voix douce.

Il hocha la tête avant de reprendre :

— Mystique est comme une mère pour nous tous ici. Elle nous accueille et nous force à devenir les meilleures versions de nous-même. Elle nous apprend à ne pas avoir peur de qui nous sommes. Elle nous aide à contrôler nos pouvoirs, à nous rendre plus forts, pour que plus jamais nous n'ayons peur des humains et de ce qu'ils pourraient nous faire.

— Tu crois qu'elle pourrait m'aider ? murmura la princesse.

Elle regarda le visage de Diablo. S'il ressemblait effectivement à Mystique et si elle avait eu l'espoir qu'il soit son fils, elle sut enfin qu'il n'en était rien. Elle ne ressentait aucun lien du sang les réunir et elle comprit que son intuition jusque-là avait été berné par le fait que Kurt ait été « adopté » par Raven, qu'il doit considérer comme une sœur plutôt qu'une mère. Mais leur rencontre, même si elle n'avait pas été celle qu'elle avait escomptée, avait au moins eu le mérite de l'amener là où se cachait sa fille. Et cette pensée suffit à lui redonner espoir.

— Je vais t'emmener auprès d'elle, fut la seule réponse du mutant.

Il la guida jusqu'à une nouvelle salle, une sorte d'antichambre, au mobilier simple mais confortable. Mais ce ne fut pas la décoration de la pièce qui attira l'attention d'Astrida. Ses prunelles étaient dirigées vers tout autre chose que la décoration au mur ou la nature du sofa. Car là, debout devant un bureau, occupée à observer quelque chose posée juste devant, l'élégante silhouette d'une jeune femme aux cheveux blonds se tenait là. Et au fond de son cœur, elle le sentit. Ce petit battement un peu plus fort que les autres qui provoque une chaleur se répandant ensuite dans tout le corps, ce sentiment qui vous étreint en vous coupant le souffle, celui qui vous fait monter les larmes aux yeux.

— Mystique, fit la voix lointaine de Diablo, j'ai quelqu'un pour toi.

La créature releva la tête puis pivota sur ses talons pour faire face aux nouveaux venus. Son regard perçant se posa immédiatement sur Astrida et ses yeux s'écarquillèrent.

— A qui ai-je l'honneur ? demanda-t-elle et sa voix grave fit écho dans l'esprit de la princesse.

Cette dernière pensa bien défaillir tant l'émotion était forte. La bouche entre-ouverte, elle tentait de trouver un souffle, des mots. Mais rien ne franchissait la barrière de ses lèvres. Elle papillonnait des paupières alors que derrière les battements frénétiques de son cœur qui frémissaient dans ses tympans, elle réentendit le mutant, qui s'adressait à elle. Mais elle ne comprit aucun mot de ce qu'il lui disait et, un peu hagarde, se tourna vers lui pour lui demander, d'une voix curieusement faible :

Princess of Asgard [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant