Chapitre XI

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Elle traversa l'espace et le temps avec plus de difficultés que d'habitude. Son flanc la faisait souffrir et elle gémissait quand elle bougeait de manière trop brusque. Son voyage fut long et pénible, aussi fut-elle grandement soulagée lorsque ses pieds se posèrent à nouveau sur le sol terrien. Elle tomba, un genou à terre, en criant. Elle ouvrit la bouche, le visage figé dans une expression de supplice. Les larmes lui montèrent aux yeux. Si quelqu'un voyait la tant crainte Némésis dans une telle position de faiblesse, on ne se priverait pas pour la mettre à terre, voire à la tuer. Elle souffla un grand coup, serra les dents et, sa main comprimant sa plaie béante, elle se redressa dans un long soupir. Ce simple geste était une torture pour elle mais elle devait cacher ses émotions et sensations, au cas où quelqu'un surgirait au milieu de cette forêt, proche de New York, où elle était réapparue. Elle ne tenait pas à s'offrir en spectacle à Thanos. Ses doigts libres effleurèrent son ventre, elle saignait abondamment et ne parvenait pas à comprendre pourquoi elle ne guérissait pas. Son corps était censé être beaucoup plus endurant que ça. Elle attendit quelques instants mais rien ne changeait : elle n'allait pas mieux, au contraire. Sa tête commençait à lui tourner et elle se résolut à faire appel au pouvoir des Pierres, quitte à ce qu'elle avertisse Thanos de son retour. Elle ferma les yeux en appuyant plus fort sur sa blessure. Ses tatouages devinrent comme de l'or en fusion, coulant vers le flanc atteint. Ils coulèrent sur sa main, passèrent entre ses doigts pour atteindre la plaie. Elle se mordit la lèvre pour ne pas gémir encore une fois, alors qu'une intense chaleur se répandait partout dans son être. Elle se concentra, puisa dans ses pouvoirs et ceux de l'Infini. En quelques secondes, une vague de soulagement envahit toutes les cellules de son corps. Ses épaules se relâchèrent, ses poumons se vidèrent dans une lente expiration et son visage se détendit. La douleur disparut, remplacé par un sentiment de bien-être. Elle retira sa main. Elle ne saignait plus.

— La grande Némésis, blessée. Quelle honte, se lamenta une voix masculine derrière elle.

Elle serra les dents, agacée d'avoir été découverte. Tant que Thanos serait vivant, elle ne serait jamais en paix. Mais si elle tentait de se servir des Pierres contre lui, elle risquait bien de se heurter à une divergence d'allégeance. Les joyaux de l'Univers répondent autant à Astrida qu'au gant forgé sur Nidavellir. Si la princesse asgardienne était bien le réceptacle véritable, Némésis n'avait pas tout le contrôle sur elle. Dans un coin de son esprit, elle sentait de temps à autre une résistance. Elle menait une bataille secrète pour faire plier la jeune femme pour avoir enfin les pleins pouvoirs. Cependant, ce n'est pas chose aisée et elle devait pour le moment faire avec. Elle se tourna lentement vers le Titan violet, ses vêtements tâchés à l'endroit où Heimdall avait effleuré de son épée. Elle soutint le regard de son partenaire de fortune, rêvant enfin du moment où elle pourrait tenir sa tête dans ses mains ensanglantées.

— Les Asgardiens ont encore de puissantes ressources, dit-elle avec un sourire contraint. Mais j'aurai la tête de leur roi. Quand celui-ci posera un seul pied sur Terre, il sera à moi.

— Permets-moi d'en douter quand même la Déesse de la Mort ne peut empêcher la sienne, contra le géant. Si une simple lame peut te faire plier ainsi, qu'en sera-t-il quand elles seront des dizaines, des centaines. Des milliers.

— Astrida m'empêche encore d'user de son corps et de ses capacités comme je l'entends, riposta la déesse. Si Odin n'avait pas été aussi efficace, peut-être que cela ne serait jamais arrivé.

— Je te pensais puissante, Némésis.

Son sous-entendu la frappa comme une gifle en plein visage. Elle eut un mouvement de recul, vexée et son poing commença à luire. Si elle pouvait l'anéantir, ici et maintenant. Mais il leva son bras gauche et quand l'or brilla sous l'éclat du soleil, elle comprit que la tâche serait plus ardue que prévu. Il s'avança vers elle, un sourire au visage mais la menace sommeillait dans ses prunelles. Les deux amants devenaient ennemis, chacun entravé par l'ambition de l'autre.

Princess of Asgard [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant