Chapitre IX

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            Il ouvrit les yeux en laissant échapper un hoquet de surprise. Sa respiration était haletante, comme s'il avait été en apnée pendant des années. Dans sa poitrine, son cœur battait à tout rompre. Il posa une main contre son crâne chauve, comme si cela pouvait soulager le vacarme qui régnait dans son esprit. La bataille l'avait laissé faible, il était même surpris que Némésis quitte le combat de manière aussi brutale. Quelques minutes seulement après la venue de ce drôle d'être en renfort, elle s'était soudain évaporée, sans aucune explication. S'il en était soulagé, une question le taraudait toujours : pourquoi ?

Il reprit conscience de l'endroit où son corps se trouvait. Mis à part lui, le Cérébro était vide. Alors où était son compagnon psychique ? Il observa tout autour de lui en remettant lentement son fauteuil en marche mais aucune trace d'une présence ici. Il eut cependant très vite une réponse en ouvrant la porte de la machine. Assise contre le mur, reliée au Cérébro par une série de câbles, une étrange créature reposait, les yeux fermés, sur le sol froid du sous-sol. Il s'approcha d'elle, ou plutôt de lui, mais n'osant pas le toucher. Leur lien semblait être fragile mais toujours présent.

« Je suis entre la vie et la mort, professeur, lui soufflait une voix au creux de son oreille. Mieux vaut ne pas retirer ses fils sans l'avis de votre scientifique. »

Charles approuva d'un hochement de tête mental. Il se projeta quelques étages plus haut, cherchant l'esprit aiguisé de Hank. Il le trouva, ému et désorienté, dans le grand salon. Il venait tout juste d'y revenir, pour voir à la télévision le massacre proféré par Némésis. Visiblement, il n'était pas seul et baignait dans une mare d'émotions diverses. Il dût l'appeler deux fois avant de retenir son attention.

« Hank, Astrida, ou plutôt Némésis, a relâché ses attaques mentales. On a besoin d'aide ici. »

Il sentit que le jeune homme se mettait en route et, en l'attendant, il en profita pour sonder les autres personnes présentes. Celle qui retint toute son attention était sa plus vieille amie, qu'il n'avait pas vu depuis des années. Elle se tenait dans les bras d'un homme et s'il en ressentit une furtive jalousie, celle-ci se dissipa bien vite quand il comprit la nature du lien qui les unissait. Cette découverte le laissa bouche bée, tant qu'il ne perçut pas tout de suite la présence de McCoy, dont la vitesse l'avait amené ici plus vite qu'attendu. Il s'accroupit aux pieds de Vision, scrutant les liaisons par câbles réalisés par Banner et Stark plus tôt dans la journée.

— Du bon travail, constata-t-il dans un murmure.

De ses doigts habiles, il commença par retirer l'ensemble du cœur du Cérébro sur lequel étaient branchés les liens. Cette tâche fut un brin ardue mais il finit par tenir l'essence de sa création dans ses mains. La machine devenait mobile. Il avait bien fait d'y ajouter cette amélioration quelques années auparavant.

— Et maintenant, que faisons-nous ? demanda-t-il à son mentor.

— Vous avez bien parlé de satellites américains ?

— Oui mais nous n'avons pas suffisamment de puissance ici pour que cela vous soit utile, lui apprit-il en secouant la tête.

— Alors, nous devons nous en rapprocher, soutint Charles en se mettant en route.

— Comment ? s'étonna le scientifique.

— La cavalerie arrive !

A l'étage, on venait en effet d'assister à une nouvelle arrivée des plus fracassantes. Las de se voir disputé le titre de plus grand méchant que la Terre ait porté, et voyant ses projets mis à mal par la venue de cette déesse mégalo, Magnéto avait décidé de s'allier à ses anciens amis. Son casque sur la tête pour se protéger des intrusions de Charles, il se tenait debout, droit et fier, au milieu du salon. Ses yeux se posèrent sur son vieil ami, entrant dans la pièce dans son fauteuil, avec ce mélange de pitié et de culpabilité. Cuba, 1962. Il s'en rappellerait toute sa vie.

Princess of Asgard [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant