Princess of Asgard [FR]

Chapitre X

L'Univers était vaste et la guerre tout autant. Midgard n'était pas le seul champ de bataille. Sur une planète reculée, un peuple se battait pour sa survie, aux côtés de son nouveau roi. Si l'attention de Némésis était concentrée sur les Terriens, Thanos restait fidèle à son plan. Ramener la déesse de la Mort à la vie n'était que le début d'un dessein plus grand. Partout, le grand Arbre se mourrait. Sa mission ultime était de le débarrasser des parasites, tant qu'il était encore temps. Il devait agir vite. Elle n'était pas aussi indépendante qu'elle voulait bien le croire et il n'était pas non plus qu'un amant transi. Il savait jouer la comédie quand cela était nécessaire. A sa main gauche, qu'il leva lentement devant lui, il portait un gant fait du métal d'une étoile mourante. Forgée par les nains de Nidavellir, il était lui aussi capable de contenir la puissance des Pierres. C'était d'ailleurs grâce à cela qu'il avait pu les conserver toutes jusqu'à ce qu'Astrida vienne à lui. Il possédait lui aussi une arme.

Il s'était rendu au sommet de la plus haute tour de la ville. Jadis le symbole de ces sauveurs de la Terre, la tour Stark n'était plus qu'une ruine désormais. La bataille avait été rude et la façade en avait payé le prix. Sur le toit du bâtiment, il avait une vue imprenable sur le spectacle qui se déroulait sur Time Square. Némésis, dans un caprice, avait décidé de décimer une partie de la population, d'un claquement de doigts nonchalants. Elle n'avait que peu changé. Ses désirs et sa soif de sang ne s'étaient pas apaisés avec le temps et l'exil. Elle demeurait aussi entêtée qu'une enfant. Il allait lui montrer, lui apprendre comment se comporter. D'un geste de la main, il appela le pouvoir des Pierres, leur demandant de se manifester devant lui. Comme il s'y attendait, Némésis arborait un visage fermé, tendu, contenu. Il pouvait voir la rage enflammer ses pupilles, qui devenaient de plus en plus sombres. Sa mâchoire se contracta : elle n'avait pas apprécié être appelée ainsi, comme un vulgaire chien.

— Que me veux-tu ? siffla-t-elle entre ses dents.

Poings serrés, elle était loin de la femme douce qu'elle avait été jadis. Elle semblait prête à lui sauter à la gorge. Il eut un petit sourire en coin, prenant bien soin de mettre en avant son poing ganté. L'effet escompté était là : elle l'observait avec de plus en plus de méfiance et, il pensait rêver, de la peur. La Déesse de la Mort comprenait la faiblesse du corps qui était son hôte : elle pouvait être facilement manipulée par quiconque avait appris à le faire. Le Titan s'était sans aucun doute très bien documenté avant de se lancer dans sa quête. Elle devait faire attention à lui. Il n'était plus le jeune homme naïf d'antan.

— Je veux que tu te rendes sur le champ de bataille. Nos soldats sont opposés au peuple asgardien. Réduis leur roi en poussière, ordonna-t-il d'une voix ferme. Ouvre le portail entre nos deux mondes et mets un terme à cette mascarade.

Elle faillit répliquer que c'était ses soldats, pas les siens, mais juste au moment où elle entrouvrait les lèvres, il sera le poing. Les Pierres, nichées dans la peau de la princesse, se mirent à scintiller, appelées par le gant de Thanos. Il l'avait ramené à la vie, il pouvait tout aussi bien décider de la renvoyer en exil. Elle devait faire profil bas. Elle se résolut donc à lui obéir, inclinant légèrement la tête vers l'avant pour lui faire comprendre qu'elle avait compris. Elle tourna les talons et ce fut seulement à ce moment qu'elle jura de le tuer dès que lui-même aurait le dos tourné.

Elle s'éleva dans les airs, sous les caméras braquées sur elle, sous les yeux intrigués des humains qui la surveillaient. Devant eux, elle ouvrit d'un geste le portail inter-dimensionnel et disparut dans un éclat de lumière bleue. Elle venait de disparaître de tous les radars terriens.

Le passage secret de Loki avait été efficace. Avec l'aide de sa nouvelle arme, Stormbreaker, qui remplaçait son défunt marteau Mjollnir, Thor avait pu invoquer le Bifrost sitôt que leur chemin s'était séparé. Les Gardiens avec lui, ils avaient directement atterri proches du vaisseau qui transportait son peuple. Après l'explosion qui l'avait éventré, il était en piteux état et flottait mollement dans l'espace. Les moteurs semblaient éteints, ce qui ne rassura pas le dieu, qui craignait pour la sécurité des siens. D'un geste de hache, il s'élança vers une brèche sur le flanc de l'appareil, les Gardiens s'accrochant à lui, en manque d'oxygène. Ils n'avaient pas ses capacités à s'adapter à la température et à la gravité du vide intersidéral. Conscient du danger auquel ils s'exposaient, il se dépêcha de trouver l'entrée de la partie conservée de son navire. En quelques secondes, ils s'y étaient tous réfugiés. A genoux au sol, ils reprenaient à grands respirations de l'air dans leurs poumons. Ils avaient bien failli y passer et il se trouva bête de ne pas y avoir pensé. Une des portes automatiques s'ouvrit quelques minutes après leur arrivée. Une guerrière en émergea, marchant comme si un démon la pourchassait. Valkyrie avait été chargée d'assurer la sécurité des Asgardiens et ce fut elle qui les accueillit.