Chapitre VI

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Elle avait quitté le sol américain dès qu'elle en sut assez pour savoir où se rendre ensuite, dans la suite de son voyage. Wolverine et le professeur Xavier l'avaient aidé à recoller les morceaux du passé qu'elle n'avait pas connu, celui qu'elle avait vécu dans la peau d'une autre personne que la princesse asgardienne qu'elle était. Les recherches et informations menaient toutes vers un point flou, que l'on situait à l'Est de l'Europe, sans bien savoir dans quel pays exactement. Mais cela ne faisait pas peur à Astrida. Jamais de sa vie elle n'avait été aussi proche de retrouver sa fille. Ce n'était pas ce petit contretemps qui allait lui faire peur ou reculer. Alors elle avait pris congé des deux mutants et même si Logan avait manifesté son envie de la rejoindre dans sa quête, elle avait refusé. C'était la sienne, à elle, pas à lui. C'était sa fille à elle. Raven était tout ce qui lui restait de l'histoire d'amour qu'elle avait vécu et elle ne laisserait personne, pas même lui, venir gâcher ce voyage, malgré des intentions plus que louables. Elle devait être seule.

L'hôtesse de l'air demanda aux passagers d'attacher leur ceinture et soudain, Astrida se retrouva propulsée à la dernière fois où elle avait pris l'avion, juste avant que tout ne bascule et que sa quête de la mémoire ne commence. Elle voyageait à l'époque en Sokovie, en Europe de l'Est aussi. Coïncidence ou fait du destin ? Elle se posait la question alors que ses mains terminaient de l'attacher. L'avion commença alors sa descente vers le tarmac de l'aéroport de Munich. La ville bavaroise était la porte vers l'Autriche et par-delà, des pays slaves où s'étaient peut-être cachée Mystique durant les trente dernières années. Etait-elle devenue cette femme que lui avait décrite Charles, une personne douée de bonté et d'empathie, ou son portrait ressemblerait-il plus à celui qu'avait jadis connu Logan dans sa dimension d'origine ? La mère ne souhaitait que le bonheur de son enfant et il était vrai que cette version-là l'avait un brin choqué, quoique, seulement à moitié. Elle se disait qu'elle avait juste plus hérité du côté de son père, pour se rassurer. Pour se déculpabiliser.

Quand elle posa les pieds sur le sol allemand, les souvenirs de son dernier passage ici lui revinrent en mémoire. C'était il y a quelques semaines à peine, avec Tony et la rencontre avec les nouveaux Avengers. Elle avait récupéré son katana, celui qui ne la quittait jamais, qu'elle faisait apparaître à sa convenance. Celui qui recelait deux des Pierres d'infinité en son manche, un précieux trésor qui avait attiré les super-héros quand il s'était réveillé en même temps que sa mémoire était stimulée par l'arrivée de Hank. Comme le signal du début de quelque chose qui les dépassait tous, y compris elle.

Elle n'avait pas de bagage, pas de valise, aussi ne s'attarda-t-elle pas à l'intérieur du bâtiment. Elle dépassa même les douanes sans encombre, après un bref contrôle de son identité. Le temps pressait. Les accélérations de son cœur la mettaient dans un grand état d'anxiété, d'impatience et ses jambes avançaient plus vite que de coutume. Un grand soleil l'accueillit dans la capitale du Land allemand et, baissant ses lunettes de soleil sur ses yeux, elle prit le chemin de la vieille ville, le centre-historique de la cité bavaroise. Elle héla un taxi en sifflant, s'engouffra dans le véhicule en deux-temps trois-mouvements et demanda à être déposée au plus près de l'Englischer Garten, le Central Park munichois. Le point de départ de sa visite. Elle ne savait pas réellement où elle allait, elle n'avait aucune adresse, aucun contact, seulement son instinct qui lui soufflait la direction à suivre. Une voix grave cachée aux tréfonds de son âme et qui la rassurait. « Tu vas la retrouver. Ecoute-moi, suis-moi. »

Elle se retrouva dans la jungle urbaine qu'était la ville, après plus d'une heure de voiture à avancer centimètre par centimètre, perdue dans les éternels bouchons humains. Elle regrettait le Bifrost et son utilisation si simple. Mais elle ne pouvait y faire appel, pas après avoir abandonné une nouvelle fois son frère sur Asgard sans le prévenir. Elle s'étonnait d'ailleurs de ne pas le voir débarquer sur sa route. Soit elle réussissait exceptionnellement bien à cacher ses traces, soit il avait tout simplement renoncé à l'idée de la surveiller tout le temps. Thor le grand frère protecteur se laissait-il aller à la raison ? Elle avait bien du mal à le croire mais pour autant, cela ne la dérangeait pas plus que cela. Une autre hypothèse était possible : Heimdall demeurait muet. Elle avait toujours pu compter sur lui pour cacher aux autres membres de la famille royale l'emplacement de cette princesse qui fuguait trop souvent. Toujours, elle avait pu compter sur son ami pour couvrir ses arrières et c'était encore le cas.

Princess of Asgard [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant