Chapitre X

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Surpris, il lâcha ses épaules et elle en profita pour mettre le plus de distance entre elle et lui. Elle l'observa regarder autour de lui, complétement hagard, et elle-même ne savait pas ce qu'il venait de se passer. Elle regarda rapidement autour d'elle et se retrouva devant un miroir qui ne reflétait... rien, si ce n'est le meuble qui était derrière elle. Serait-elle devenue invisible ? Elle n'eut pas le temps de se poser la question plus en profondeur, car Odin recommençait à agir de façon imprévisible. Cette fois-ci, il arpenta la pièce en agitant les bras, tentant de toute évidence de la retrouver. Il criait son nom aussi et chacun de ses appels l'effrayaient un peu plus. Elle se décida enfin à courir et sortit de la mystérieuse chambre à toute allure. Elle se félicita d'avoir choisi d'enfiler un pantalon ce matin plutôt qu'une robe, ça aurait été beaucoup moins efficace pour s'enfuir de la sorte. Comme si elle avait eu un pressentiment de ce qui allait lui arriver.

Elle ne savait pas où elle allait mais elle s'en fichait. Elle voulait seulement s'éloigner de cet homme qui lui faisait tant peur. A chaque tournant, elle prenait une direction au hasard, priant pour finir quelque part où elle aurait quelques repères. Le palais devenait pour elle un véritable labyrinthe et elle paniqua : et si elle ne faisait que tourner en rond ? Et si Odin était juste derrière elle, tout proche de la rattraper pour lui reposer ses questions sans aucun sens ? Elle se prit soudain les pieds dans un tapis, trébucha et manqua de tomber à la renverse. Mais elle tint bon et après quelques pas hasardeux, finit par retrouver son équilibre. Juste à temps pour freiner des quatre fers et éviter de renverser la divine prophétesse, qui s'était soudain comme matérialisée devant elle.

Volla parcourait le palais à la recherche de la princesse, ne l'ayant pas trouvé dans sa chambre. Inquiète qu'il lui arrive encore quelque chose, elle avait aussitôt commencé ses recherches. Et voilà qu'elle tombait sur Astrida complétement à bout de souffle, rouge d'avoir trop couru. La jeune femme posa ses mains sur ses genoux et, pliée en deux, tentait de reprendre sa respiration, alors que la prophétesse se demandait bien ce qui avait bien pu lui arriver.

— Astrida, que se passe-t-il ? demanda-t-elle d'une voix pressante et inquiète.

— Odin, laissa échapper la princesse entre deux inspirations. Il est... Bizarre...

Elle ne parvenait pas encore à bien expliquer ce qu'il s'était passé à la déesse. Celle-ci, avisant sa difficulté à retrouver un rythme cardiaque normal, lui proposa d'entrer dans une salle adjacente, qui était en réalité un des nombreux petits salons que comportait le palais d'Asgard. Assise sur un fauteuil en velours, Astrida reprit plus facilement ses esprits. Elle expliqua tous les évènements de la matinée, depuis son réveil jusqu'à la mystérieuse visite d'Odin. A mesure qu'elle avançait dans ses explications, Volla voyait ses doutes les plus sombres se confirmer. Et à ce moment plus qu'inattendu, elle eut une vision, qui ressemblait étrangement à certains de ses cauchemars les plus sombres. Elle comprit alors ce qui se tramait juste sous son nez et qu'elle n'avait pas vu plus tôt : oui, le roi perdait la raison. Parce qu'il n'était pas le roi.

Immédiatement, elle prit une décision. Sa mission ancestrale était de conseiller le roi d'Asgard, le père de tous les dieux, et il devenait aujourd'hui évident qu'elle ne servait pas la bonne personne. L'heure était à la confrontation et au rétablissement de la justice et de la vérité. Elle laissa Astrida seule un instant et sortit appeler un garde.

— Accompagnez la princesse jusqu'à la salle du trône, je vous prie, lui demanda-t-elle. Ton frère t'y attend, ajouta-t-elle à l'intention de l'escortée.

— Qu'allez-vous faire ? lui demanda-elle cette dernière en se levant.

— Je vais m'entretenir avec le roi. Tu ne dois plus avoir à t'inquiéter.

Pour appuyer ses mots, elle passa sa main devant le visage d'Astrida, lui lançant un léger sort pour l'apaiser. Puis le garde l'emmena hors de la salle. Volla sortit à son tour et se dirigea d'un pas décidé vers les appartements royaux. Quand elle toqua à la grande porte dorée, elle n'obtint aucune réponse, ce qui ne la surprit pas outre mesure. Sans attendre une quelconque réaction, elle entra.

— Je savais que tu viendrais, lui dit-il sitôt qu'elle fût dans la pièce.

Il se tenait dos à elle, face au grand miroir de son salon privé. Ses yeux étaient profondément cernés et brillaient d'une lueur folle et dérangée. Il avait l'air d'un psychopathe.

— Au fond de moi, j'ai toujours su que c'était toi, lui répondit-elle en s'avançant vers lui.

— Et maintenant que tu en as la certitude, que vas-tu faire ? la questionna-t-il en se tournant vers elle.

Le sourire qui étirait ses lèvres n'avait strictement rien d'amical. Voilà des mois qu'ils ne s'étaient pas affrontés et elle détestait se rappeler combien il pouvait devenir dangereux.

— Je vais arranger la situation, lui expliqua-t-elle sur un ton très calme. Faire monter Thor sur le trône. Là où est sa place.

— Oh que non, pauvre sotte !

Elle réagit mais trop tard. Déjà, il l'avait emprisonné par un de nombreux sortilèges dont il avait le secret. Parfois, elle maudissait la gentillesse de Frigga ; malgré elle, la défunte reine avait donné trop de pouvoir à un homme qui ne savait que trop mal l'utiliser. La prophétesse en faisait désormais les frais. Attrapée à la gorge, elle voyait son ennemi marcher tranquillement vers elle, de cette démarche effrontée qui le caractérisait si bien.

— Personne, je dis bien personne, ne prendra mon trône. Il est à moi ! cria-t-il.

Elle se retrouva projetée à travers la pièce et finit sa course contre le mur. L'impact fut dur et l'assomma temporairement, assez pour qu'elle ne puisse pas se défendre contre la suite. Marmonnant des paroles qu'elle craignait plus que tout, elle ne put l'empêcher de l'envoyer en exil. Elle se sentait déjà partir vers un autre monde, un monde dont elle ne pourrait revenir que difficilement. Lui la regardait être engloutie par le vortex avec délice. Cela faisait toujours une de moins sur son chemin. Il savourait cette petite victoire. Le chemin vers la réussite lui semblait déjà plus facile à parcourir.

— Bon séjour sur Svarthalfheim, ricana-t-il dès qu'elle eut complétement disparue, avalée par les froides ténèbres.

— Bon séjour sur Svarthalfheim, ricana-t-il dès qu'elle eut complétement disparue, avalée par les froides ténèbres

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Princess of Asgard [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant