Princess of Asgard [FR]

Chapitre XIV

La stupeur est la première émotion qui envahit nos deux compagnons alors que les paroles de Wong s'imprimaient dans leurs esprits. Un an qu'ils étaient partis et autant de temps pendant lequel Thor n'avait été au courant de rien. Elle étouffa un hoquet de surprise en cachant sa bouche derrière sa main alors que Strange se tournait, perdu, vers elle. Comme si elle avait le pouvoir de changer cela. Mais une seule pensée obsédait la princesse : retrouver son frère, sur Asgard, pour lui montrer qu'elle allait bien. Se jeter à ses genoux pour lui demander, encore une fois, de la pardonner pour ses actes irréfléchis. De la pardonner de ne pas lui avoir fait confiance et confié ses plans. De la pardonner pour tout le mal qu'elle lui avait causé et qu'elle continuait de lui infliger. Encore.

— Je dois y aller, dit-elle, sur un ton pressant, paniquée. Je... Mon frère...

Elle se perdait dans ses explications mais le sorcier leva la main, la faisant taire. Il hocha la tête avant de déclarer :

— Je comprends. Va, dit-il, je me chargé d'accueillir ces jeunes gens chez moi.

— Il se tourna vers Thomas et Aivy, qui avaient assisté à toute la scène sans piper mot.

— Bienvenue dans notre dimension, continua Strange. Wong va vous montrer vos quartiers, j'ai des choses à faire.

Puis, s'adressant à son acolyte du sanctuaire à voix basse :

— Donne-leur une chambre, je t'expliquerai leur présence plus tard. Je dois d'abord m'assurer que les autres sanctuaires sont saufs.

Le magicien acquiesça et emmena ses invités loin dans la bâtisse, alors qu'Astrida prenait congé de manière plus que précipitée. Ses pieds ne touchèrent presque pas le sol tant elle dévala avec une vitesse incroyable les marchés du grand escalier. D'un coup d'épaules, elle ouvrit la porte du sanctuaire de New York et emmergea dans la rue. Sans ralentir sa course folle, bousculant la foule pour se dégager un passage, elle se dirigea vers le premier coin un peu isolé et loin des regards indiscrets. Là, elle se tourna vers le ciel.

— Heimdall, ramène moi !

Son cri désespéré fit s'envoler un couple de pigeons qui roucoulaient sur la branche d'un chêne juste à côté. Les mains ouvertes, les yeux fermés dans l'attente de l'ouverture du pont arc-en-ciel, elle guettait le crépitement familier et le bruit de tonnerre qui annonçait sa venue. Mais rien, à part le vent, ne troublait la quiétude du parc dans lequel elle s'était réfugiée.

— Heimdall ? répéta-t-elle. Bon sang, si c'est pour me punir, c'est pas drôle. Je dois rentrer !

Elle avait beau s'énerver et insulter les nuages de tous les noms, ses appels demeuraient sa réponse. Très vite, elle comprit que quelque chose n'allait pas. Elle se résolut donc à user de ses propres pouvoirs pour atteindre sa planète, une tâche qui allait encore une fois lui demander beaucoup d'énergie. Avec un soupir, elle songea qu'à ce train-là, elle n'allait pas tarder à y laisser sa peau. Rapidement, ses mains furent alors entourées d'un halo argenté et elle pointa les paumes vers le sol. De ses pieds, elle se propulsa vers le haut et le tunnel qu'elle venait de créer la fit décoller vers l'espace. Paupières closes, elle s'imaginait déjà retrouver le paysage luxuriant de son enfance...

Et tomba de très haut quand elle découvrit la désolation qui l'avait remplacé. Elle fut déposée au beau milieu de l'espace et sans ses gènes asgardiens, elle aurait suffoqué dans le vide qui l'entourait. Ses yeux écarquillés contemplaient les masses rocheuses qui flottaient avec paresse à l'endroit où, jadis, une splendide planète se trouvait. Que s'était-il passé ? Elle errait sans savoir où aller, sans comprendre où elle était. S'était-elle trompée de destination ? Non, l'étoile qu'elle voyait était bien le soleil qu'elle regardait, il y a quelques temps encore, se lever et se coucher, tous les matins et tous les soirs, au balcon de sa chambre dans le palais doré. Mais la demeure des rois n'était plus, pas plus que la ville et les collines qui la bordaient. A la place, des vestiges encore chauds, des pierres désormais sans vie qu'elle sentait sous ses doigts. Et Yggdrasil demeurait muet.