Chapitre 3

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Tous les muscles de mon corps me font mal. Je n'ai jamais autant marché de ma vie !

Il est 17 heures 47 lorsque nous trouvons le squelette géant d'une créature non identifiée et décidons de nous arrêter pour passer la nuit. Nous posons des couvertures, créées par Morween, sur les os desséchés pour faire une tente.

À l'intérieur, personne ne parle, anéantis par la fatigue. Angoissés de ne pas savoir ce qui nous attend. On nous a entraînés à combattre des monstres natifs de Tétra, au final nous découvrons des créatures dont nous n'imaginions même pas l'existence !

― J'ai besoin d'aller au petit coin, dit Alaska.

― Nous aussi, annonce Vision.

Les filles s'éclipsent.

― Je ne comprends pas les filles, lance Raptor, dès que y'en a une qui veut aller aux toilettes, toutes les autres suivent.

― C'est parce qu'on est dans un endroit pas très safe, ici, répond Denethor.

― Non, même à l'école, c'est pareil !

― N'empêche, c'est mieux qu'elles partent en groupe, rajoute Pan.

Emo retire une pomme de son sac et la croque.

― Vous croyez qu'on aura franchi ce désert en deux jours ? Parce que... point de vue nourriture... On risque de ne pas survivre.

― Je peux faire pousser un pommier, le souci, c'est que c'est du sable ici, alors les fruits risquent d'en avoir le goût, répond Pan.

― Ce n'est pas un problème tant qu'on a des vitamines, rétorque Denethor. En plus Océane ou Oilossë peuvent nous fournir en eau.

― Oh, je ne crois pas que l'eau d'Océane soit potable, dit Pan. J'en ai déjà goûté, c'est très acidulé.

Je souris en écoutant sa remarque. Je repense à la fois où Océane et Pan s'étaient disputés, au collège, pour faire équipe avec moi. Ils ont fini par s'affronter en duel et, Océane a vaincu Pan en lui lançant de l'eau en pleine figure puis en lui faisant tomber dans l'étang du jardin. Le pauvre en a eu honte pendant plusieurs jours qu'il m'a été difficile de trouver les mots pour le réconforter. À vrai dire, il est très sensible.

Quincy entre soudain dans la tente. Il ne parle presque pas que je ne me suis même pas aperçu de son absence. Il tient dans sa main quelque chose comme une corde caoutchouteuse de couleur abricot. En sentant l'odeur et en l'examinant de plus près, je me rends compte qu'il s'agit d'un serpent.

― Wooh ! s'écrie Raptor. Un serpent ? Où l'as-tu trouvé ?

― Derrière la roche là-bas, où je suis allé me vider. (Il se tourne vers moi.) Tu me donnes un peu de feu, s'te plaît.

J'arque un sourcil. Je n'aime pas Quincy, sa façon de parler me dérange. Là, j'ai l'impression d'avoir reçu un ordre. Comment pourrais-je lui en donner ?

Océane arrive à son tour.

― Wah ! T'as trouvé de la nourriture pour nous ! s'exclame-t-elle en lui tapant sur l'épaule.

Je suis surpris. Depuis quand Océane, qui n'aime pas se mêler aux middle class ou aux lowclass, se montre familière avec lui ?

― Flame, tu pourrais nous donner un peu de feu ? me demande-t-elle en me tendant un morceau de bois, trouvé je ne sais où.

J'allume la pointe, Quincy et elle s'installent au bout de la tente en retrait. Pan lui-même semble sous le choc.

― Certains sont égoïstes, va donc falloir que j'aille chercher un serpent moi-même, commente Raptor.

― On pourrait manger une de tes bêtes, lui lance Alban en rigolant.

― Woh ! Pas touche à mes bêtes !

Les filles débarquent. Alaska tient deux longs serpents dont la tête a disparu.

― Regardez ce que j'ai capturé, s'exclame-t-elle, notre dîner !

― Woh ! Génial ! s'écrie Raptor.

Alaska lance les deux serpents à ses pieds.

― Comme t'as l'air radieux, c'est toi qui vas les préparer !

― Hein, et pourquoi moi ?

― Il y a celui qui va à la chasse et celui qui prépare.

― Hein ? Et c'est quoi le rapport, répond-t-il.

L'atmosphère se détend, le stress que nous avons accumulé en commençant la traversée de ce désert s'estompe à travers nos blagues et nos rires.

Moi qui n'ai connu que les cinq éléments jusqu'à présent, je n'aurais jamais imaginé m'entendre avec d'autres personnes un jour. J'ai toujours craint de faire du mal aux autres. Craint de les tuer. Aujourd'hui, cette pensée me semble lointaine. J'ai l'impression d'être quelqu'un de normal, et pas un type dangereux nuisible à ceux qui l'entourent.

Je regarde ma montre avant de m'endormir. Pour une fois, le nombre d'élèves est toujours le même. Il est resté à 337 depuis hier. Je fronce les sourcils, c'est étrange, parce que Niniel a été poursuivie par un cannibale ce matin... Peut-être qu'elle a pu s'échapper ou peut-être, la gardent-ils pour le petit-déjeuner. Au moins ce soir, on ne l'entendra pas ronfler.

Je m'allonge sur le côté droit, la tête en face d'Améthys. Ses yeux en amande, son nez droit, ses lèvres roses, sa bouche entrouverte, je pourrais la contempler ainsi toute ma vie.

Le fardeau_ Améthys II (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant