Je cours dans la jungle. Je grimpe une petite colline, puis je m'avance à quatre pattes à travers les herbes, pour ne pas me faire repérer par un troupeau de félins.
― Améthys, me murmure Flame, en me rejoignant.
― Tu vois, j'ai trouvé leur habitat.
Il regarde la brousse.
― Ok, à toi de jouer !
Je lui souris et je cours. Brusquement, un félin se tourne vers moi et rugit appelant ses congénères. Je m'agenouille pour être à sa hauteur. Je le fixe et je prends son contrôle. Il me suit, je continue mon chemin en regardant les autres qui s'approchent. L'entraînement que j'ai eu ces derniers jours, m'a permis de mieux dominer le control mind, et c'est vraiment agréable de pouvoir se servir de tous ses pouvoirs.
Les félins m'encerclent alors, ceux devant moi, sont en position d'attaque. Je ne leur montre aucune peur et je les fixe droit dans les yeux pour tous les contrôler. Aussitôt, ils exécutent mes ordres et s'assoient. Je tends les mains vers eux et leur retire leur énergie. Je ne l'absorbe pas, je la concentre uniquement dans la paume de mes mains. Une fois que je la juge suffisante, je la fais exploser sur les félins qui s'effondrent. Voilà comment maîtriser ce pouvoir sans qu'il m'afflige.
Flame me rejoint.
― Ça va ?
― Oui, c'est grâce à Pan et toi ! Merci.
― Je sais que c'est dur de maîtriser une telle puissance. Mais tu es quand même très forte. Ce que nous avons appris en une année, toi tu l'as fait en une semaine.
― Tu sais, j'ai l'impression que... avant que je ne rentre à l'académie, on m'avait appris à utiliser mes pouvoirs... Mais mon tuteur a certainement effacé ma mémoire pour que j'oublie mes facultés. J'ai une sensation de déjà-vu à chaque fois que je les utilise.
― Il a certainement fait ça pour que tu ne te fasses pas prendre lors des tests.
J'acquiesce et les premières gouttes de pluie dégoulinent sur mon visage.
― On fait la course ! ricané-je.
― Quoi ?
― Eh bien, j'ai toujours rêvé d'affronter un majestueux en sprint.
Je ne lui laisse pas répondre et je me mets à courir. Méditer a aussi développé mes facultés visuelles. Je vois encore plus loin et je peux anticiper ma course, sauter les branches qui sont au sol, éviter les flaques d'eau...
Brutalement, une pression brûlante me faire voltiger dans une flaque de boue. Mon visage s'en recouvre alors. Flame m'a plaqué, il rit et se dégage de moi.
― Désolé, on ne peut pas me battre, surtout pas au sprint, mais je reconnais que t'es plus rapide que d'habitude.
― C'est de la triche, dis-je en lui lançant de la boue à la figure.
Il me regarde surpris. Quoi ? Il ne s'attendait pas à ce que je lui en jette. Il laisse échapper un rire avant de m'envoyer une pâtée de boue. Nous nous engageons ainsi dans une bataille de boue.
― Ça suffit, dis-je en riant, je suis couverte de boue !
― C'est toi qui as commencé ! ricane-t-il.
Je m'essuie le visage, même la pluie n'est pas suffisante pour tout retirer.
― Il vaut mieux partir à la cascade, dit-il. Tu n'es pas belle à voir !
― Et toi ? Tu t'es vu ! ? badiné-je.
Nous courrons à la clairière, la pluie cesse. Flame retire sa veste, son tee-shirt et ses chaussures avant d'entrer dans l'eau. Je retire mes vêtements. Je ne garde que mon t-shirt et mon slip. Il m'embête en me lançant de l'eau à la figure. Je ne me suis jamais amusée autant que cela depuis ma courte existence. Le divertissement ne fait pas partie du vocabulaire de Streitbar, surtout lorsque nous venons du Gouffre.
Dans un claquement, Flame me pousse dans l'eau. Je tousse après avoir avalé une gorgée de travers. Il se marre, je lui jette de l'eau au visage.
― Je croyais que t'étais pas à l'aise dans l'eau !
― Plus maintenant, me dit-il un sourire jusqu'aux oreilles. J'ai réussi à vaincre cette peur.
― Parce que tu avais peur de l'eau ?
Il acquiesce.
― Lorsque j'étais encore un gamin... que je n'arrivais pas à maîtriser mes pouvoirs... pour m'entraîner, mon père me mettait dans une salle remplie d'avalanche d'eau. Je n'arrivais pas à faire appel à mes flammes, mais il disait que tant que je n'aurais pas réussi à repousser l'eau, il continuerait à m'enfermer là. Il affirmait que ça me rendrait plus fort, que même si l'eau est l'ennemie du feu, nous pouvions la repousser. C'est pour cela que je ne suis plus jamais reparti chez moi, une fois au collège. À chaque période de vacances, c'était ça. Je restais enfermé dans cette pièce jour et nuit, tant que je ne lui avais pas prouvé mes capacités, je ne pouvais pas sortir.
Je m'approche de lui et pose mes mains en coupe sur son visage. Je ne trouve pas les mots à dire. Ce qu'il a vécu, on ne peut pas l'oublier, ni l'effacer. Tout ce que je peux faire c'est le réconforter. Nos fronts se touchent.
― Tu sais, c'est juste un souvenir maintenant... J'ai réussi à vaincre ma peur. Je me dis que ça m'a au moins servi à devenir plus fort.
Je lui fais un sourire, je suis quand même contente d'entendre ses confidences, d'entendre ses craintes. Il me lance son plus beau sourire. Mon corps frissonne, mon cœur bat la chamade lorsqu'il presse ses lèvres contre les miennes. Je m'écarte légèrement, c'est la deuxième fois, ou peut-être la troisième en considérant la fois où il m'a nourrie. Je m'approche de lui, cette fois je ne vais plus reculer, je voudrais que notre baiser s'éternise, mais je ne sais pas comment.
― Tu as déjà... embrassé quelqu'un ?
Il pouffe de rire. Oui, c'est vrai, ma question est idiote ! Il n'a jamais réussi à toucher une personne avant moi. Je suis la première avec qui, il a un contact physique.
― T'es la première, dit-il.
Je rougis, puis je lève la tête et lui mords ses lèvres inférieures rapidement. Je le regarde du coin de l'œil.
― Je ne sais pas... comment on fait...
― Moi non plus, me répond-t-il avec un sourire.
Il se penche alors, nos lèvres s'unissent à nouveau, cette fois, avec plus d'assurance, plus de précision. Je ferme les yeux pour savourer le goût de sa bouche. Je reçois une vague électrique dans mon corps, je ne sens plus mes jambes me supporter, je m'agrippe à lui pour ne pas défaillir face aux nouvelles sensations que je ressens. Mais bientôt, j'ai du mal à respirer et je suis obligée de couper le baiser. J'ai le souffle saccadé et lui aussi. Je ris. La pluie recommence à tomber à verse. Nous rions avant de nous enlacer. À cet instant, j'oublie tout ce qui m'entoure. Ses doigts qui glissent sur mon épaule, son souffle qui me frôle le cou, il n'y a que lui et moi.
« Infecté »
La voix que j'entends résonner dans ma tête me fait tressaillir. Je m'écarte de Flame, paniquée.
― Qu'est-ce qu'il y a ? interroge-t-il.
Je tourne la tête vers la grotte, j'entends un cri strident.
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Le fardeau_ Améthys II (TERMINE)
Science FictionAméthys et ses compagnons s'engouffrent au plus profond de Tétra. Ils devront affronter les Prototypes, les créatures et leur pire cauchemar : leurs propres amis. Mais lorsque les rebelles les capturent, ils se rendent compte que même la vérité...