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TANDIS que nous traversons le conduit à déchets, les yeux d'Alaska cherchent, dans tous les recoins, l'ombre d'une créature. Je lui serre la main pour la rassurer. Nous avons déjà parcourus une cinquantaine de mètres, malgré le bruit alarmant autour de nous, nous n'avons pas encore rencontrés de bêtes sur notre passage.

Flame et Pan sont en tête, nous guidant vers la sortie et éclairant le moindre recoin.

Je fixe ma montre. Il est 10 heures 35 minutes, j'ai l'impression que le temps ne passe pas ! L'odeur est insupportable que je pourrais renvoyer mon petit déjeuner dans les secondes à venir.

― C'est encore long ? interroge Will, la voix voilée.

― La ville est grande, on sortira d'ici trois heures, Répond Pan.

Je grimace et mon estomac se noue encore plus, j'ai des sueurs froides qui glissent sur mon visage. L'odeur est plus que dérangeante. Je me sens malade, comme si j'avais attrapé un microbe. Je fronce les sourcils. Et si j'avais attrapé un microbe, comme la fois où j'étais dans les marées, dans la serre de combats ? Je pose ma main sur mon estomac, j'ai l'impression que tout va remonter, j'en ai même des sueurs froides. Nous poursuivons notre route, mon état empire. J'ai du mal à entendre les sons, ma vue se trouble. Je ne supporte plus de rester ici.

― Ça va ? me demande Alaska en m'éclairant les yeux avec sa montre.

J'acquiesce, je ne veux pas qu'on s'inquiète pour moi et je ne veux pas être un poids dans un tel endroit. Je prends ma gourde et m'hydrate.

Soudain, une ombre passe sur le mur qui se trouve en face de nous. Les garçons éclairent l'endroit.

― C'était quoi ?

― Une souris, une très petite souris, répond Pan avec un sourire ironique.

― C'est pas drôle, s'écrient Dragonia et Alaska en chœur.

Soudain, une chose indescriptible pour ma part surgit de l'eau boueuse et hurle d'une voix perçante. Flame et Pan l'attaque. Le corps toujours en feu, elle s'écroule.

- Bon sang ! Ne traînons pas !

Je lui souris. Nous avançons à grand pas. Tout d'un coup, à une intersection, dans une canalisation d'eau, un troupeau de rats aussi hauts que nos genoux dévorent quelque chose. Le cri aigu de la voix d'Alaska résonne dans ma tête. Certains nous regardent prêts à se ruer sur nous pour attaquer. Flame leur lance des brasiers et Dragonia crache du feu. Une fois éliminés, nous continuons notre route. L'odeur infâme de leur dépouille me rend encore plus malade.

Le temps me paraît encore plus long, des créatures nous barrent la route de temps en temps, mais je ne sévis pas. Je tiens le coup et enfin, Flame nous montre la bouche de notre sortie.

― Restez-là, dit-il. Je vais inspecter si la voie est libre.

Flame grimpe l'échelle et ouvre la bouche délicatement. Il sort la tête.

― C'est bon, dépêchons-nous !

― Vas-y la première, me dit Pan.

Je grimpe en utilisant le peu de force qui me reste. Je me sens lourde. Flame m'attrape la main et m'aide à remonter. Une fois dehors, je regarde autour de moi, ma tête tourne dans tous les sens, que j'ai du mal à comprendre ce qui se dessine devant moi.

― Améthys !

Je regarde Flame, je le vois en double.

― J'ai... le vertige, je ne me sens pas bien, dis-je d'une voix basse.

D'un coup, je sens mes jambes me lâcher. Flame me rattrape, il me parle, me caresse le visage, mais j'ai du mal à comprendre. Je sens ensuite la gourde d'eau à ma bouche. L'eau me fait du bien, mes sens me reviennent un peu. 

Brusquement, j'entends comme des explosions.

― Mon dieu, s'écrie Will ! Regardez-là bas.

Je ne sais pas ce qu'il se passe mais la tension recommence à grimper.

― Emmenez Améthys, dans la forêt, là-bas, précise Flame en pointant son doigt dans une direction.

Pan m'agrippe le bras.

― Tu peux marcher ?

― Oui...

― Je vais t'aider aussi, dit Alaska en me tenant l'autre bras.

Nous nous mettons à courir, je regarde mes chaussures, j'en vois quatre. Mon état est en train de s'aggraver. Je me laisse tomber par terre. Pan me redresse, et mets mes bras autour de ses épaules.

― Désolée, dis-je.

― On est presque qu'arrivé, me rassure-t-il.

Je lève la tête et j'aperçois des plantes enchevêtrées sous des arbres laissant apparaître des racines aériennes. Pan me fait asseoir sur un tronc d'arbre. Je touche mon estomac, c'est comme si un liquide s'amusait dans mon organe. Pan me parle, je le regarde avec incompréhension, que dit-il ? Aucune idée et pour couronner le tout, je le vois en quadruple. Mon estomac fait des siennes. Je me retourne et penche la tête. Un liquide monte le long de mon œsophage avant qu'il ne sorte de ma bouche. Ma gorge me brûle, mon corps se raidit, je rejette tout ce que j'ai sur l'estomac. Je reste un moment courbée, en prenant appui sur l'arbre, ma vue redevient peu à peu stable. J'ai vomi un liquide rose, et un petit ver est en train de s'y baigner.

― Oh mon dieu, dit Dragonia en s'approchant de moi.

Je m'essuie la bouche et plonge dans l'herbe rampant, je ne sais où. J'ai chaud, j'ai envie de plonger la tête dans l'eau, et soudain l'atmosphère se noie dans de la fumée et j'aperçois un étang. Pour je ne sais quelle raison, je me mets à rire et je rampe vers elle usant du peu de force qu'il me reste. Brusquement, on m'arrête. Je me retourne. Alaska. Mais elle est différente. Elle me lance un sourire radieux avant que sa tête devienne comme celle d'un infecté ! Elle ouvre sa gueule pour me lancer un œuf. Je la reçois en pleine bouche, mon cœur s'arrête et je ne respire plus. 



Le fardeau_ Améthys II (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant