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Nous courons sous la pluie en longeant toute la forêt, la fourrure de félin sur notre dos. Si nous devons gravir une très haute montagne, elles nous serons utiles. À mi-journée, nous apercevons au loin le volcan cracher de la fumée.

― Regarde ton bébé, lance Pan en riant.

Flame sourit mais nous ne nous attardons pas à regarder le volcan et continuons notre chemin. Bientôt, les arbres commencent à rétrécir, la verdure laisse place à une terre de nouveau rouge. Seules quelques herbes jaunes subsistent. Le ciel devient plus orangé, les nuages en mamelons laissent place à des formes plus lisses. La température augmente, je retire ma fourrure et l'entoure à ma taille. Nous ralentissons nos pas à cause de la chaleur.

Je regarde tout autour de moi, je dois être vigilante pour prévenir des attaques monstrueuses. Il faut dire que ces deux dernières semaines, nous n'avons pas rencontré de monstres. J'entends uniquement le sifflement de serpents, le cri de vautours qui tournent autour de nous.

Au bout d'un moment, un inselberg de terre rouge s'élève en plein milieu du désert, nous le contournons. En haut de la colline j'aperçois un animal, rouge rocailleux, tirer une langue marron de sa gueule. Elle n'a pas l'air offensif. Après avoir dépassé l'inselberg, des arbres aux feuilles mortes, pas plus haut d'un mètre, se dressent devant nous. Nous traversons le champ d'arbres durant une bonne heure avant d'arriver une falaise. Elle forme un énorme cercle au milieu duquel se trouve un champ de ruines. Des remparts brisés, des piliers à moitié détruits, différentes sections où des pyramides démolies s'érigent. Au nord, il y a une forêt qui délimite les ruines.

Nous glissons la falaise, la terre est lisse et forme des vagues. Le ciel rougit de plus en plus, c'est déjà le crépuscule. Flame allume sa montre afin de voir où se trouvent les étudiants. Nous le suivons, il y a comme des chaussées au sol qui conduisent aux différentes parties du sanctuaire. Nous nous dirigeons vers l'est de la place centrale. Les édifices possèdent tous de longs escaliers avant d'atteindre le sommet. Si Emo était là, il aurait pu nous expliquer à quoi servaient ces bâtisses. Tout d'un coup, une odeur de pourriture s'élève.

― Ah ! crie Alaska en mettant ses mains à sa bouche.

Mon estomac se retourne en voyant l'horreur qui s'oppose à nous. Une tête décapitée, enfoncée dans une lance, les yeux écarquillés, du sang séché sur son visage comme des larmes qui étaient sortis de ses yeux. Vu la blancheur de sa peau, il est mort, il y a déjà plusieurs jours. Il se trouve à l'entrée d'une pyramide.

― Oh mon dieu ! Qu'est-ce que c'est ? bafouille Alaska.

― Je ne sais pas, mais, on ne va pas tarder à le savoir, dit Flame en levant la tête.

En haut de la demi-pyramide, une flamme bleue s'allume. Quatre garçons sortent d'une enceinte. Un garçon aux longs cheveux noirs, habillé d'une combinaison, comme celui de Flame, nous lance un regard sévère. Je m'approche de Flame et lui attrape la main, ce garçon ne m'inspire pas confiance. Je me souviens l'avoir vu le jour de notre départ, il faisait partie de Lorgan. Après tout, on n'oublie pas ceux qui marchaient à fiere allure.

― Qu'est-ce que vous voulez ? demande-t-il.

― On cherche des amis, répond Flame.

― Nous ne sommes amis avec personne, et ne voulons pas d'autres amis, répond un garçon un peu grassouillet.

― Ce n'était pas une requête, nous cherchons Emo, Elron, Jarl et Dragonia. Vous êtes de Lorgan, vous devez les connaître.

Les quatre garçons rient.

― Jarl, Dragonia, Walz, ils nous ont quittés il y a une douzaine de jours. On ne les a plus revus depuis, dit le garçon aux longs cheveux noirs, en descendant les escaliers.

― Vous ne les avez pas aperçus traîner dans le coin ? interroge Pan. On devait les rejoindre ici.

― Non, ils ont voulu jouer au plus fort mais on dirait qu'ils y ont laissé leur vie. Dommage, je leur avais dit qu'on serait en sécurité ici.

― Et cette tête, demandé-je.

― Un fardeau qui voulait s'enfuir, dit-il en souriant.

Je serre les mains de Flame. Avec une telle cruauté, on ne peut pas leur confié notre plan.

― Ici, c'est notre territoire, reprend-t-il. Je suis Ashes. (Il se tourne vers Flame.) T'es un type dangereux, toi. Comme nous sommes rares, je peux faire une exception, pour toi. Si vous avez besoin de passer la nuit ici, vous le pouvez.

― Merci, répond Flame. Si tu le permets, nous allons nous installer dans une autre section, proche de notre itinéraire.

Ashes arque un sourcil.

― Ok, mais avant, je veux savoir où se trouve vos prototypes... histoire de savoir si on risque d'être attaqué.

― Il est tout au nord-est, très loin d'ici, vous n'avez pas à vous inquiéter.

Ashes se tourne vers Pan et Alaska.

― Tout au sud, à la frontière de la zone jaune. Et vous ?

― C'est moi qui pose les questions ici, on est sur mon territoire. Rappelez-vous en !

Pan plisse le front. Ashes semble encore plus orgueilleux que Flame.

― Désolé, reprend Flame, mais on est épuisé, on a marché toute une journée. On a besoin de se reposer.

― Je comprends, dit Ashes, vous pouvez aller où vous le souhaitez.

― Merci, on sera parti demain à l'aube.

Ashes fait un sourire malicieux. Flame me tire la main pour partir, mais j'entends de petits sanglots à l'intérieur de leurs abris. Je tourne la tête et utilise ma clairvoyance. Accroupie dans un coin, une fille se tient la tête et pleure. Elle a les cheveux asymétriques rouges.

― Dragonia ? murmuré-je.

Ashes me braque du regard et fronce les yeux. Mon cœur saute de peur et je presse les mains de Flame. Nous nous éloignons d'eux et retournons au centre des ruines.

― Je crois que Dragonia est là, dis-je.

― Dragonia ? La fille aux cheveux rouges, demande Alaska.

― J'ai regardé jusqu'à leur abris, elle était là et elle gémissait. Ils nous ont mentis.

― Ces types-là. Je n'aime pas leur manière, réplique Pan.

― J'ai senti l'odeur du mensonge, dit Flame. Mais vu leur prestance, il vaut mieux ne pas les énerver. Ashes est un type dangereux, je ne sais pas quel est son pouvoir, mais je préfère garder mes forces pour affronter nos prototypes.

― Et Dragonia ? Tu ne veux pas savoir pourquoi elle pleurait ?

― Peut-être que les autres ne s'en sont pas sortir.

Je plisse le front à cette idée. C'est peut-être une raison, mais ces garçons ne m'inspirent pas confiance.

Le fardeau_ Améthys II (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant