29

5.3K 594 5
                                    


Nous mettons les pieds dans la ville d'Undfallpolis dès que les derniers rayons du soleil s'abaissent. Les routes et les véhicules abandonnés sont en partie recouverts d'herbes, des feuilles d'arbres sortent même des fenêtres des petites bâtisses. Les routes, qui s'élèvent au-dessus des grattes ciels, sont en parties détruites. La jungle nous a laissé place à un tout autre univers.

― Alors ? Où est ce qu'on pionce ? interroge Dragonia.

― Dans un hôtel, répond Flame en s'arrêtant devant un gratte-ciel en forme de pagode où est indiquée à l'entrée : « Grand Hôtel P». Il semble avoir survécu à la guerre.

― Vous pensez... qu'on aura des lits ? demande Alaska.

Je la regarde et ris. Pan nous ouvre porte. Flame fait des petits brasiers pour nous éclairer. Nous traversons un hall très luxueux où se trouvent des canapés blancs dans lesquels s'enfoncent des coussins rouges, au plafond sont accrochés des chandeliers. Flame s'arrête à l'accueil, Pan passe derrière le comptoir.

― Bonsoir Monsieur, vous avez fait une réservation ? dit-il d'un air sérieux.

― Oui, la chambre 302, ricane Flame.

― Arrêtez de faire les pitres, dit Alaska. Prenez une ou deux clés. Certaines sont encore accrochées.

― La 302 et la 300 sont accrochées, ricane Pan.

Je contemple les lieux, le marbre au sol est fissuré, trois portes s'ouvrent sur des restaurants, une autre à la cuisine et un dernier à la sortie de secours. Nous l'empruntons et montons jusqu'au troisième étage. C'est la première fois que j'entre dans un hôtel, alors je suis étonnée. J'aimerai bien visiter tous les étages, mais ça risque d'être dangereux.

Arrivés au troisième étage, nous passons par une grande porte qui nous mène vers un couloir. Un chariot à linge est devant une porte, il y a des draps blancs jaunis à l'intérieur.

― Super, dit Dragonia, des couvertures !

Je regarde les portes, 320, 318 à droite et 319, 317 sur la gauche. C'est étrange comme classement. Nous longeons le couloir avant d'arriver à une intersection où se trouve l'ascenseur, et nous prenons le couloir de droite. Les chambres se trouvent tout au bout. Nous entrons dans la 300, il y a une kitchenette, un canapé, des portes, dont l'une qui donne accès à la salle de bain et l'autre ouvre sur une chambre avec un très grand lit et une fenêtre offrant une vue sur la colline.

― Ce n'est plus un hôtel, mais un appartement, crie Alaska qui saute sur le lit.

― Allons voir l'autre chambre, nous choisirons la plus grande, annonce Flame.

La seconde chambre n'a rien à voir avec la première. Elle est plus spacieuse. Il y a une pièce dans laquelle se trouve un grand salon et dans une autre, un grand lit, où, sur le mur est accroché un écran géant. À côté d'une immense armoire noire, une commode et un mini réfrigérateur. De cette même pièce, nous pouvons pénétrer dans la salle de bain, et une baie vitrée donne aussi vue sur la colline.

― Je crois, que nous allons rester ici, dit Flame, elle est plus grande. Nous irons chercher le matelas de la chambre d'à côté pour le mettre dans le salon.

― Il manquera un lit, dit Dragonia, nous sommes cinq.

― C'est un canapé d'angle, il est assez grand pour moi, et il faut qu'une personne fasse la surveillance. Même si nous sommes à l'abri, il vaut mieux rester sur nos gardes. Nous ne savons pas où se situent les prototypes. Nous ferons un roulement.

― Regardez, il y a des bouteilles dans le réfrigérateur, dit Alaska en nous montrons une sur laquelle est écrit : « Vodka ». Vous pensez que c'est encore consommable ?

― La Vodka, c'est un alcool qu'adorent les terriens. Il paraît que ça se garde très bien, répond Flame.

― T'as déjà goûté à l'alcool ? interroge Dragonia.

― Non, je ne préfère pas.

― Pourtant t'es le fils du Commandor, vous devez avoir des boissons venues de toutes les galaxies.

Flame plisse le front.

― Ce n'est pas parce que je suis son fils, que je sais ce que collectionne mon père. (Flame se tourne vers Pan.) Allons chercher le matelas.

― J'ai dit une niaiserie ? demande Dragonia, une fois que Flame et Pan quittent la chambre. Alaska les suit.

― Il n'aime pas qu'on parle de son père, répondis-je.

Je retire mon sac et mon étui avant de m'asseoir sur le canapé. C'est tout doux que j'en ris.

― Pour une fois, on va pouvoir dormir sur un vrai matelas ! s'écrie Dragonia en s'asseyant à côté de moi. À mon avis, c'était un hôtel qui ne recevait pas n'importe qui. Moi-même je n'ai jamais été dans un hôtel ! Mes parents disent que ce ne sont que les riches qui peuvent se le permettre. Ceux qui ne font pas la guerre.

― C'est la première fois pour moi aussi. Je n'ai jamais dormi ailleurs que dans mon lit... Sauf depuis que je suis ici et que je dors à la belle étoile !

― Moi aussi, ricane-t-elle.

Alaska entre dans la pièce avec une cocotte, des paquets étranges et une grande bouteille en plastique d'eau entre les mains.

― J'ai trouvé de quoi manger dans la cuisinette là-bas.

― Tu crois que c'est encore comestible ? demande Dragonia.

― Ce sont des nouilles en paquet, elles se conservent à vie. Nous pourrons les manger en plus des noix que nous avons cueillies.

Flame et Pan installent le grand matelas au milieu du salon. Nous nous installons tous dans le canapé. Pan pose, sur la table basse, une grosse bougie ramenée de la première chambre que Flame allume. Alaska vide la bouteille d'eau dans la cocotte et Flame le fait bouillir avant d'y mettre les paquets de nouilles. Ça sent la soupe au poulet.

― Il y a des boîtes de conserves, nous pourrons même en prendre pour continuer notre aventure, annonce Dragonia.

― Notre aventure ? ricane Pan.

― Oui, nous vivons quand même une aventure en dehors de l'école, répond-t-elle en nous servant la soupe de nouilles. Nous devons être positifs, nous avons réussi à survivre et je compte rentrer chez moi. Je ne vais plus pleurer et considérer que tout ce qui arrive, c'est une aventure qui va nous permettre de grandir.

Je commence à manger, « grandir », allons-nous vraiment devenir des adultes en réussissant cette quête. C'est ce qu'a annoncé le Commandor Eminent. Mais nous sommes en plein milieu d'une grande guerre. Est-ce que nous allons devenir des adultes en exterminant ceux qui nous gênent ? En exterminant les faibles ?

Le fardeau_ Améthys II (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant