Chapitre 4

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                                                            + Améthys +

Le vent souffle fortement, il est quatre heures du matin. Ma montre indique une température de 0 degré. Il fait tellement froid que je ne peux plus trouver le sommeil. Flame est d'ailleurs recroquevillé sur lui. Sentirait-il le froid lui aussi ? Je m'approche de lui pour le recouvrir. Jamais je n'ai été aussi proche d'un garçon, dormir à côté de lui comme si nous étions un couple marié, c'est dingue pensé-je, ça ne se fait pas, mais j'en ai envie. Je colle ma tête près de la sienne, nos nez se touchent, sa respiration chaude m'effleure les lèvres. Son corps dégage une chaleur qui me réchauffe. C'est agréable et j'ai moins froid. Je passe mon bras autour de son cou.

― Améthys ? murmure-t-il.

― Il fait froid...

Je sens ses mains glisser dans mon dos. Il me rapproche près de lui. Mon cœur martèle dans ma poitrine mais je me sens bien.

Une alarme sonne. Tout le monde se réveille. Mais je suis seule dans le duvet. Pan et Flame ne sont pas là.

Ils sont dehors, en haut d'une dune, et observent les alentours.

― Bonjour, dis-je en regardant le paysage qui s'ouvre à nous. Et là, j'aperçois des restes d'immeubles comme s'ils avaient été détruits par des explosions, les vestiges ressemblent à celles d'une civilisation plus moderne.

― Qu'admirez-vous ? demande Alaska.

― Wah, c'est quoi ça ? interroge Emo. Hier, ce n'était pas là !

― Le vent a beaucoup soufflé ce matin, explique Flame, le sable a été emporté pour dévoiler ces ruines. Quoi qu'il en soit il faudra passer par là pour continuer.

Nous marchons dans le sable, entourés de grattes ciel à moitié éventrés qui laissent glisser du sable. Des fils électriques pendent de tous les côtés. J'aperçois même un wagon, aux vitres brisées, où reposent quelques squelettes. Une affiche publicitaire montrant le visage d'une femme qui sourit, attise ma curiosité. Elle tient quelque chose entre les mains, une canette de je ne sais trop quoi. Il est écrit « une gorgée, et ça désaltère !».

Le vent se lève et de la poussière jaunâtre nous assaille. Une vision traverse soudain mon esprit, celle de la destruction de la ville bombardée par de gros météores.

― Ça change des ruines de la forêt, remarque Alban.

― Certainement une ancienne ville de rebelles, ajoute Tinala. Tétra abrite le plus grand nombres de rebelles. Ils devaient vivre normalement, comme nous, sur Cirth, avant la Révolte Noire. On a dû les exterminer. Maintenant les rebelles se cachent je ne sais où.

― Ça ne vous fait pas tous bizarre qu'on soit né dans l'année où la guerre a pris fin ? s'enquiert Vison.

― Pourquoi ça te fait bizarre ? demande Elron.

― On est des survivants... On aurait pu tous mourir durant la guerre... Faut dire que nous sommes les moins nombreux dans notre promotion... Ceux qui sont nés trois ans avant nous non plus...Cette année, il y en a beaucoup qui sont entrés au primaire, ils ont dû agrandir les dortoirs à Iel. C'est un peu plus que les 458 étudiants que nous sommes, enfin aujourd'hui, nous ne sommes qu'à 337... C'est peu pour une civilisation planétaire, alors moi je me considère comme une survivante de la grande Révolte Noire. Mais j'espère que je vais survivre à cet examen.

― T'es capable de voir le proche avenir des autres mais pas le tien alors ? demande Emo.

― Oui, heureusement.

― Tu oses dire heureusement ? lui lance Océane.

Vision la regarde et arque un sourcil, puis sourit.

― Oui, parce que ça fait peur quand on sait ce qui va nous arriver à l'avance, non?

Océane fronce les sourcils.

― Je sais juste une chose, nous sommes nés à la fin de la guerre mais nous sommes aussi ceux qui révolutionneront cette guerre. Parce qu'en vérité, elle n'est pas terminée, dit-elle en me fixant. C'est pour ça qu'ils ont encore besoin de soldats et que notre système ne repose que sur notre armée.

― Une guerre pas terminée ? On nous parle de protéger des civilisations, non ? De devenir des protecteurs, des gardiens, s'écrie Morween.

― Des protecteurs et des gardiens ? Je ne le crois pas, dit Flame. Ceux qui sont colonisés ne deviennent que des esclaves de la Fédération. Nous n'en avons pas conscience mais nous sommes des esclaves.

― Woh, et c'est le fils du Commandor Eminent qui dit ça ? remarque Elron.

― Je n'aime pas mon père. Nous n'avons pas les mêmes conceptions. Il n'y a qu'à voir notre situation, pour comprendre qu'il est insensible. Ce qui fait une nation c'est avant tout ces habitants, mais il faut qu'ils aient des droits et puissent participer au développement de leur nation. Nous, nous vivons dans une sorte de dictature. Mon père est le seul à prendre les décisions. Ceux qui sont contre lui, deviennent des rebelles, soit disant parce qu'ils ne respectent pas la loi !

― T'es en quelque sorte un rebelle, lui dit Denethor.

― Notre avenir est déjà dicté. Les meilleurs majestueux deviennent des généraux, ils ont accès à tous les métiers hauts gradés dans le gouvernement. Les middle class ont des grades supérieurs dans l'armée. Les lowclass et les sans-pouvoirs qui s'en sortent deviennent des subalternes, ils travaillent au service des gens et font quelques fois les métiers les plus dégradants... Je trouve que c'est une société inégale. Nous ne sommes pas une démocratie comme le pense les autres galaxies !

― Ouais, je suis d'accord avec toi. Mes parents sont des basiques, mon père et ma mère sont agents de propreté... moi, je suis pourtant un master et je sais que si j'en n'étais pas un, je serais devenu agent de propreté comme eux, annonce Denethor. Malgré ça, c'est gênant pour mes parents. Tous les agents vivent dans le même immeuble. Et c'est rare que des basiques aient des enfants dont les pouvoirs se répertorient en master... Alors n'imaginez pas les insultes qu'ont subies mes parents.

― Pourquoi est-ce qu'on les insulte ? interroge Tinala.

― Parce qu'étant un master, ils pensent que mes parents recevront des privilèges, ce genre de trucs... On a même dit à mon père que ma mère a commis un adultère avec un master... Imaginez un peu la relation entre mes parents quand je rentrais pendant les vacances... Mais maintenant, ça va... il paraît qu'en grandissant je ressemble de plus en plus à mon grand-père paternel... Alors ils ont oublié cette histoire.

― Quoi qu'il en soit, tes parents doivent être fiers de toi, lui dit Morween.

― Ouais, ils le sont, c'est pour ça que je veux rentrer. Mes parents recevront des privilèges uniquement si je rentre... Enfin, je veux dire que c'est moi qui leur offrirais un appartement plus spacieux. Vous imaginez ! Chez moi, la cuisine et le salon réunis sont plus petits que ma chambre à l'académie !

― Restons positifs ! Gardons en tête que nous rentrerons, lance Raptor. Moi ce qui m'agace, c'est que tous les monstres que l'on rencontre ne sont pas ceux qu'on a étudiés... Ce n'est pas normal !

― Ouais, c'est pour ça qu'on devrait se rebeller, dit Flame en souriant.

Raptor rit.

― T'es sérieux ?

― Oui...si un jour il vous venait à l'idée de renverser la société, appelez moi... Pour l'instant on est juste des apprentis, mais un jour...

Flame ne poursuit plus sa phrase et regarde devant lui, serrant ces poings. Je ne sais pas à quoi il pense, mais je suis sûre que ça à un lien avec son père.


Le fardeau_ Améthys II (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant