Le jeune homme essuya sa lame. Il y avait quelques instants, la longue épée luisait encore du sang frais de sa victime. La prenant par le pommeau, serti de diamants de la taille de son pouce, il la remit dans son fourreau ornementé de gemmes et de fils d'or. Il inspecta ses mains, propres contrairement à ce qu'on aurait pu croire, et se refusa à laisser paraître le sourire de satisfaction qui lui démangeait les lèvres. Ses yeux d'un noir aussi sombre que le plumage des corbeaux se posèrent plus bas sur le corps qui se vidait d'un liquide rouge vif.
Du haut de la colline, plus loin que le visage tordu de douleur de cet être ignoble étendu à ses pieds, il voyait le soleil qui lentement se couchait et il observait les plaines s'allonger à l'infini, comme dotées d'une magie que même le plus sage n'aurait su acquérir.
Le meurtrier s'agenouilla auprès du monstre qui gisait sur l'herbe souillée et arracha le pendentif qu'il portait autour du cou. La corde, en cuir noir, soutenait une pierre d'un bleu rare et miroitant. Les derniers rayons du soleil traversèrent fugitivement le bijou qui se mit à scintiller tel la première étoile du soir. Il fourra l'objet dans la poche de son long manteau taillé dans une peau d'un animal que peu aurait su décrire tellement son aura était majestueuse. Lors de sa mort, l'être surnaturel fut alors heureux d'offrir son pelage à un prince qu'on disait grand et généreux et dont le règne aurait été à l'image de ses prédécesseurs, c'est-à-dire juste, si seulement il n'avait pas disparu...
Le jeune vagabond se releva et se dit qu'il était temps. Sans plus attendre, il se déshabilla méthodiquement, ignorant le vent qui soufflait de son haleine fraîche sur son corps presque nu. Très vite, il laissa la bête prendre le dessus sur son caractère humain. Une douce chaleur se répandit dans ses veines, qui petit à petit, s'arrangeaient d'une autre façon. Son nez s'allongea, ses jambes musclées se transformèrent en pattes puissantes et ses ongles en griffes acérées. Le jeune homme à présent animal s'ébroua avant de se concentrer sur les différents bruits qu'il ne pouvait entendre deux secondes plus tôt. Un en particulier retint son attention : c'était un lièvre qui se promenait entre les herbes hautes de la vallée. De son repère, il bondit à la poursuite de son futur repas, presque déçu de ne pas avoir trouvé plus gros à se mettre sous la dent. Cependant, au moment où ses crocs allaient se refermer sur le petit animal sans défense, son odorat lui indiqua du gibier bien plus appétissant en direction de la forêt. Sans plus attendre, il dévia sa course et ralentit quand il s'approcha de sa nouvelle proie ; un cerf majestueux broutait nonchalamment la verdure tapissant le sol des bois.
Habitué à ce genre de situation, Kian rampa silencieusement vers l'animal insouciant. Il observa ses longues pattes d'un pelage brun roussâtre effleurer les brins d'herbe, admira sa puissante encolure, son museau fin et ses bois imposants. Soudainement, sans prévenir, le monstre affamé surgit des fougères et suivit à toute vitesse le cerf qui détala telle une antilope chassée par un lion. Kian, d'une rapidité surnaturelle, planta bientôt ses griffes dans la chair tendre et alléchante de sa proie apeurée. D'un geste vif et précis, il enfonça ses crocs au niveau du cou de l'animal d'où le sang se mit à couler abondamment. Le cerf était mort. Kian dégusta son butin sans aucun remords.
Une fois son festin terminé, il se lécha les babines et laissa la carcasse aux charognards qui s'étaient regroupés sur les branches des grands chênes de la forêt enchanteresse. Tournant le dos aux vautours, il capta le doux écoulement d'un ruisseau et s'y dirigea afin de laver ses pattes ensanglantées. L'eau translucide se teinta de rouge, occultant un moment les galets, avant de retrouver sa limpidité. Le pelage du loup reprit sa pureté originelle : d'un blanc immaculé et recouvert de fines gouttelettes, il scintilla sous les rayons de la Lune d'argent.
Rassasié, Kian retourna au sommet de la colline où il avait laissé ses affaires. Le cadavre était toujours là mais il paraissait plus pâle, sûrement à cause de la nuit, ou bien parce qu'il s'était vidé de tout son sang. Pour des raisons pratiques, Kian abandonna son enveloppe animale et reprit forme humaine. Rapidement, il enfila ses vêtements et son manteau. Il récupéra son épée, à laquelle il tenait plus qu'à sa propre vie et repartit, vers d'autres horizons plus lointains.
Il traversa ainsi prairies et forêts, passant de la bête à l'homme et transportant ses affaires soit sur son dos, soit dans sa gueule. Nul ne s'aperçut de Kian durant son périple, il y faisait toujours attention.
Puis la pluie commença doucement à tomber, contraignant le jeune homme à se transformer : il détestait marcher sous l'eau en tant qu'être bipède. Il continua donc sous sa forme la plus sauvage, son épée et la besace où il avait rangé ses affaires dans sa gueule. Il poursuivit son chemin, ne sachant pas vraiment où cela le conduirait, mais avec la certitude qu'écouter son instinct l'emmènerait au bon endroit. Ce fut après des heures de marche qu'il préféra s'abriter sous un rocher et qu'il s'endormit, le pelage blanc trempé.
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Bonjour/bonsoir !!! Je suis très heureuse de vous accueillir sur cette nouvelle histoire, premier livre d'une longue série d'aventures parmi plusieurs mondes parallèles, je ne vous en dis pas plus vous comprendrez bien assez tôt ! J'espère que vous allez tous bien, que vos vacances (si vous en avez eu) se sont bien passées (et du coup votre rentrée aussi 😆😉). Je vais essayer de publier régulièrement sur ce livre (toutes les semaines si j'y pense). Je vais aussi mettre à jour mes lectures parce que j'ai vraiment pris beaucoup de retard 😅 Allez à bientôt et biz !
P. S. : cette histoire est très importante pour moi alors commentez s'il vous plaît afin que je m'améliore ! 😉
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BLUE HEART
FantasyImaginez-vous prendre un bain et la seconde d'après vous retrouver propulsée toute nue au milieu d'un immense lac. Difficile à croire n'est-ce pas ? Et pourtant c'est exactement ce que vient de vivre Perrine, jeune fille d'à peine dix-huit ans. Sur...