BLUE HEART

XLIII

Notre troupe de vagabonds arriva en début d'après-midi aux abords de la ville d'Olbies. Ils avaient bien entendu traversé des champs, des rizières et même des prés très animés par la vie agricole et plusieurs élevages d'animaux.

Ils s'arrêtèrent au bord d'un étang où ils laissèrent les chevaux se rafraîchir. Kian trouva un tronc d'arbre mort et s'y assit en soupirant. Il n'aimait vraiment pas voyager à cheval puisqu'il était obligé de contrôler son aura animale afin de ne pas effrayer les montures. Cela lui demandait beaucoup d'énergie et il se fatiguait donc plus rapidement. Kian sortit son épée et la garda entre ses mains, faisant mine d'admirer la lame sous les rayons du soleil. Mais en réalité, il était sur ses gardes, car avec la fatigue, son mana en devenait moins efficace et il repérait moins vite les dangers.

– Pourquoi es-tu aussi tendu ?

La voix de Perrine lui fit resserrer son emprise sur le pommeau de son épée. Il se détendit une fois la surprise passée mais ne lâcha pas son arme. Il ne répondit pas à la question de la jeune femme qui prit son silence pour de l'irrespect.

– Je rêve ou tu m'ignores ?

Kian regarda Perrine avec indifférence, mais la terrienne ne vit que deux yeux noirs assombris par les bords de son chapeau.

– Si c'est à propos de ton secret, je ne le dirais à personne, chuchota-t-elle. Alors rassure-toi.

Elle attendit un mot de sa part mais rien ne vint. Agacée, elle voulut au moins percevoir le regard de Kian correctement et elle lui retira son chapeau. Aucune chevelure blanche n'en tomba. À la place, il y avait des cheveux bruns, coupés courts, dévoilant les oreilles et la nuque du jeune homme.

Les yeux écarquillés, Perrine mit plusieurs secondes à admettre ce qu'elle voyait.

– Qu'est-il arrivé à tes cheveux ?

Il lui arracha le chapeau et le remit sur sa tête.

– C'est Jia, déclara Kian.

– Mais... Pourquoi ?

Ses iris se posèrent brutalement dans ceux de Perrine.

– Et toi alors ? Doit-on parler de tes cheveux ?

Elle se tut et lui lança un regard mauvais. Voulait-il vraiment s'aventurer sur ce terrain ? Il savait combien ses cheveux étaient un sujet sensible. "Je le déteste", pensa-t-elle si fort que Kian fut capable de percevoir son ressentiment.

– Ne fais pas ça, l'accusa-t-il.

– Faire quoi ? demanda-t-elle avec son ton énervé.

– M'envoyer tes ondes négatives.

Elle souffla hautainement.

– Moi j'envoie des ondes négatives ?!

Elle était ahurie.

– Regarde-toi, ajouta-t-elle avec dédain. Toi, tu envoies des ondes dépressives !

Elle lui tourna le dos sans attendre sa réponse et partit rejoindre Erian tout en croisant les bras sous sa poitrine.

– Quel idiot, marmonna-t-elle.

– Pardon ? s'étonna le pirate.

Perrine revint à elle et s'excusa auprès de son ami en lui expliquant que cette insulte ne lui était pas adressée.

– Il a l'air de mauvaise humeur.

– Il n'en a pas l'air, il l'est.

– Et toi aussi apparemment.