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Quatorzième Partie (Merci à ma hbiba Asma Laa Chelhàà <3 )


Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Nous retournâmes dans le salon où Fatima pleurait silencieusement, le visage dans les mains, moui Hafida insultait et papa pensait, le regard dans le vide.
Une demi heure, voire une heure plus tard, la porte s'ouvrit. C'était Khalid...

Mon frère Adil se leva, papa le retint par le bras, moui Hafida me serrait toujours dans ses bras pendant que Fatima, en l'apercevant reprit son cinéma:
- MON FRÈRE REGARDE ILS VIENNENT ME TAPER CHEZ MOI REGARDE !

Elle recommença à pleurer et se taper sur les joues et les cuisses en proférant toutes sortes de plaintes.
- Qu'est ce qu'il se passe ici ?
- Papa lache moi j'vais le tuer lache moi !
- Prends ta soeur et vas chez tes grands parents.
- Nan je vais nul part, papa lache moi.
Khalid - Pourquoi tu veux me tuer ?
Papa - Adil je t'ai dit de prendre ta soeur et d'aller chez tes grands-parents, rajoutes en pas !!
- Mais papa t'as vu ce qu'...
- ADIL !! Ta soeur tu la ramènes chez tes grands-parents et tu restes là bas !

Mon frère était dégoûté, il me prit par la main, porta ma valise et en passant à côté de Khalid qui était toujours planté à la porte il le poussa.
Khalid - Tiens ton fils avant que je lui règle son compte.
Papa - Touches encore un cheveux d'un seul de mes enfants et là c'est moi qui te tue.
Khalid - Pourquoi "encore" ?
Papa - Ma fille ! On la laisse chez vous et c'est comme ça que vous la traitez ? Tu vas la voir la nuit ? T'as pas honte ? C'est qu'une enfant.
Fatima - C'EST QUOI CES HISTOIRES LA !?

Alors là c'était sûr que Kamel avait tout dit, personne ne savait ça à part lui. Je commence à pleurer, j'ai honte que mon père, mon frère et moui Hafida soient au courant de ça, je voudrais aller me cacher.

Papa - Adil prends ta soeur et ramène la !
Mon frère s'exécute en lançant à Khalid:
- C'est pas fini nous deux, même dans 20 ans si il faut je te ferais regretter.

Sur la route qui mène à la maison où a grandit ma défunte mère je sanglotais encore:
- Calmes toi, arrêtes de pleurer, c'est fini tout ça, tu vas rentrer avec nous.
- Papa il va faire quoi à Khalid et Fatima ?
- Je sais pas, penses y pas.
Il me prend dans ses bras, me caresse les cheveux:
- Dis moi ce qu'il t'a fait s'il te plaît Naïma.
Je baissai la tête de honte, de peur aussi, j'avais l'impression d'avoir ma part de culpabilité dans cette histoire je ne sais même pas pour quelle raison.
- Naïma, ma petite chérie, s'il te plaît dis moi tout.

Il s'arrêta de marcher prit mon visage entre ses mains et je vis dans ses yeux de la souffrance, ce regard je ne l'oublierais jamais, il avait les yeux qui brillaient, les larmes prêtes à inonder son visage. Je le regardai encore, je ne peux m'empêcher de le trouver beau, dans ses yeux vert-gris je voyais mon reflet, je voyais cette petite fille triste qui ne cessait de pleurer depuis plus d'un an, je voyais cette petite fille qui a apprit à se taire et à se faire du mal intérieurement, je voyais cette petite fille d'à peine sept ans qui a des valises sous les yeux, je me voyais moi, Naïma, petite fille a qui ont a volé son innocence...
Je vois aussi cette larme qui échappe de l'oeil de mon frère, il est triste pour moi, il veut m'aider, et puis jamais il ne voudrait que je sois mal.

- Il venait la nuit dans ma chambre et il me disait de me taire...
Je dis ça en suivant la larme du regard, de sa naissance dans l'oeil de mon frère à sa chute de son menton.
Mon frère fit les gros yeux et me demanda:
- Il t'a fait quoi exactement, n'aies pas honte dis moi tout !
- C'est hchouma (honteux)
- Je suis ton frère, t'es ma petite soeur, il n'y a pas de hchouma entre nous dis moi s'il te plait, dis moi !
Une autre larme se forme et glisse sur sa joue:
- Il me faisait des bisous partout, il m'enlevait mes habits et il me donnait envie de vomir.
Je pleurais encore et encore, mon frère souffrait de me voir ainsi sans pouvoir rien faire.
- Pourquoi envie de vomir ? Il t'a fait quelque chose qui fait mal ?
Je fis "non" de la tête, tout ce que Khalid me faisait ne créait pas de souffrance physique, seulement à l'intérieur ça me détruisait un peu plus à chaque visite.
- T'es sûre ?
- Oui.
Et je lui explique l'acte le plus dégoûtant que j'avais à subir, celui qui me faisait le plus me sentir sale. Mon frère lache mon visage, il profère une insulte contre Khalid et met un grand coup dans une porte. Je le regardais s'énerver et l'insulter encore et encore.
- Pourquoi tu m'as rien dit Naïma ? Pourquoi ? Je suis pas ton frère ?
Mon frère pleurait comme un enfant, il pleurait des larmes de haine.
- Il a dit qu'il allait vous tuer et me jeter dans la forêt si je disais quelque chose.
- On verra qui tuera l'autre !!

Il se calma et nous finîmes la route jusqu'à chez mes grands-parents. Ma tante Khadija ouvrit la porte et en voyant le visage de Adil, ses yeux gonflés et les miens par la même occasion elle commença à paniquer:
- Qu'est ce qu'il se passe ? Qu'est ce qu'il y a ? Qu'est ce que tu fais là !? Benti Naïma ça va ?
Adil lui fit la bise et entra. Lalla eu la même réaction:
- Dis nous ce qu'il y a ? Ton père vas bien ? Tes frères ? Ils sont où ?
- Papa est chez Fatima et mes frères ils sont en France là.
- Pourquoi vous êtes ici ?
Mon frère prit sa tête entre ses mains et dit:
- Vous avez rien vu ? Vous avez pas vu que ma soeur elle souffre depuis un an ? Vous avez pas remarqué que l'autre Fatima elle la défonce ? Vous avez pas remarqué que l'autre Khalid il vient la voir la nuit pour lui faire des trucs qu'on fait même pas à une adulte ??
Lalla - Ah wili ? Benti Naïma ils t'ont fait quoi ?
Je me remet à pleurer, j'ai honte, tout le monde va être au courant maintenant.
- Dites moi il se passe quoi !

Mon frère leur explique, mon grand-père écoutait attentivement:
- On a rien vu, on voyait qu'elle était triste mais elle disait que c'est parce que vous lui manquiez. Benti excuses nous, viens.

Mes tantes voulaient aller chez Fatima mais ma grand-mère les en empêcha:
- Rabbi kbir (Dieu est grand) c'est une épreuve pour ma fille. Kheir in cha Allah.

La maison était scotchée par l'annonce de ce qu'il se passait sous leur nez depuis plus d'un an, tout le monde culpabilisait, mes tantes pleuraient et moi j'avais un gros poids en moins, je me sentais légère à l'intérieur, le secret était enfin révélé.

Quelqu'un toqua à la porte une bonne demi-heure plus tard. c'était mon père et moui Hafida, papa avait la lèvre en sang.

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant