50

378 29 0
                                    

Cinquantième partie (Merci Nassima <3 <3 )


Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


- Encore un an de licence et je vais demander ma femme en mariage in cha Allah.
- Ah bon ?
- Oui je te la présente bientôt.
- D'accord.

Mon cœur se noua, ma gorge se serra, j'espérais très fort que mes larmes ne coulent pas, pourquoi me fait-il ça ?

Je repris donc mes cours en essayant tant bien que mal de chasser Amine de mes pensées, il en aimait une autre, à quoi bon me torturer ? Mais en vain, il avait gravé son nom sur les parois de mon petit cœur et celui-ci ne pouvait être effacé.
Jaoued était en BTS toujours dans notre lycée donc je l'avais toujours sur le dos et il commençait vraiment à peser lourd. Il était vraiment collant, ne lâchait rien.
Ce genre de comportement peut être vu comme étant « mignon » mais moi il m'agaçait au plus au point. J'aurais peut-être put être flattée si le contexte était différent mais quand quelqu'un s'accroche à l'idée que vous serez sa femme sans que vous vous ne le vouliez vous n'avez qu'une envie : lui criez << NOOOON JE NE TE VEUX PAS TOI !! >>

Pourtant ce comportement était également le mien. Je m'accrochais à Amine, je l'aimais et je le voulais dans ma vie alors que lui en aimait une autre.
Alors dans ces situations là une chose vous passe par l'esprit quand vous êtes une adolescente perdue dans le monde des sentiments : donner une chance à celui qui vous aime, apprendre à mieux le connaître en espérant qu'il vous aide à oublier celui qui hante vos pensées.

- Alors comment elle va ma petite femme ?
- Jaoued t'es sérieux quand tu me dis des choses comme ça ?
- Bah ouais, wallah il y'a pas plus sérieux que moi, je veux que tu sois ma femme, t'as vu ça fait un an tu me calcules pas mais je lâche pas l'affaire parce que j'te veux pour de vrai !
- Mais comment tu peux être sûr que tu me veux alors qu'on parle jamais ?
- J'ai pas besoin de mot, t'es là (me montrant son cœur) et ici on sent tout.

Ce geste tout simple me fit penser à Amine, il m'avait fait le même le jour de son départ, et lui aussi était placé à cet endroit dans mon corps, moi aussi je n'avais pas besoin de mot et ici je sentais que c'était lui que je voulais.
J'ai alors baissé la tête sans répondre à sa phrase, j'étais en première ES, j'anticipais la fin de cette année, le moment où Amine me présenterait celle qui allait prendre ma place, je m'efforçais de sourire malgré ma tristesse à ce moment là.

- Tu me dis quand tu veux, je viens voir ton père moi !
- Mon père est mort...
- Allahi rahmo je savais pas désolée.
- C'est pas grave.
- J'ai cours je dois te laisser mais réfléchis à ce que je t'ai dit d'accord ?

J'ai hoché la tête en guise de « oui » mais j'étais déçue. Il s'était braqué et était passé à autre chose en me faisant ainsi ressentir son malaise, il ne m'avait pas posé de question sur le sujet, il ne le connaissait pas et n'était pas capable de me raconter des histoires sur mon père... Il n'était tout simplement pas Amine.

Je me rappelle qu'il faisait vraiment froid, nous devions être en hiver, je suis rentrée chez moi et me suis allongée dans mon lit prêt de celui de Nacer qui n'avait pas été admis dans le même lycée que moi. Je lui parlais donc de Jaoued mais jamais d'Amine, je préférais garder ça pour moi.
Le soir même, Hakim nous annonça qu'il voulait se marier. J'étais vraiment heureuse pour lui et en même temps j'imaginais qu'un jour Amine irait voir ses parents pour leur dire qu'il voulait m'épouser.
Puis je repensais à la maladie qui a emporté mon père, à l'espoir qui a détruit mon cœur, cet espoir auquel on s'accroche même quand on sait au fond de nous que tout est fini. Je refaisais la même erreur avec Amine, j'espérais alors qu'il allait se marier avec une autre fille, et puis j'étais bien trop jeune pour lui, je ne suis qu'une petite sœur pour lui.
Il fallait que je l'oublie c'était sûr sinon j'étais condamnée à souffrir et j'en avais assez d'avoir mal, je voulais apprendre à aller de l'avant, accepter les choses comme elles viennent à moi.

Le lendemain au lycée j'ai eut une conversation avec Jaoued dans laquelle je lui expliquais que j'acceptais de mieux apprendre à le connaitre sans rien lui promettre, pensant que c'était la solution.

Mon but n'était absolument pas de me marier à tout prix, j'étais vraiment loin de ça, je n'avais que 16 ans, mon but était seulement d'oublier Amine, de tourner la page, de ne plus rien ressentir quand je me retrouverais en sa présence.
Jaoued avait clôt la conversation par cette phrase :
- T'inquiètes toi et moi ce sera jusqu'à la mort.

La mort ? Et après ? Amine lui voyait en le mariage un engagement même post mortem mais ça suffit, je dois arrêter de les comparer, je ne dois voir plus que Jaoued, c'est lui qui sera mon futur.

Il m'attendait toujours à la sortie des cours, m'accompagnait jusqu'à mon arrêt de bus, il me faisait de grandes déclarations, je n'avais rien à lui reprocher, il était gentil, intelligent, drôle mais je ne ressentais que de l'affection amicale pour lui, mon cœur ne l'avait pas placé à la place du mari, je ne le voyais pas me toucher, dormir près de moi, il me « dégoûtait » comme le reste du monde.
Au bout de quelques mois, je m'étais rapprochée de lui, on s'entendait bien malgré que mes sentiments n'étaient pas les mêmes que les siens. Un jour où je sortais du lycée je le vis de loin, j'avançai dans sa direction quand une voiture klaxonna.

C'était Amine, en le voyant mon cœur s'est mit à battre de plus en plus fort, je voulais sauter de joie, un grand sourire s'est dessiné sur mon visage. Je fis signe à Jaoued d'attendre et changeai de direction pour aller vers Amine :

- Alors t'allais où comme ça ?
- Nulle part, j'allais rentrer. Qu'est ce que tu fais là ?
- Je suis venu pour le week-end, ça fait longtemps que je t'avais pas vu alors je suis venu te chercher pour qu'on aille manger un truc.
- C'est gentil, attends je vais prévenir quelqu'un.

Je retourne vers Jaoued pour le prévenir que je rentrais en voiture :
- Tu rigoles là j'espère ?
- Non pourquoi ?
- Mais je suis pas une pédale moi pour que tu montes avec un autre gars sous mon nez.
- Quoi ??
J'étais étonnée de sa réaction, pourquoi me parlais-t-il de son orientation sexuelle quand moi je lui parlais de rentrer en voiture avec un bon ami de la famille ?
- Vas y tu montes pas avec lui c'est tout !
- Bien sûr que je vais monter avec lui, je suis venue te prévenir pour que tu ne m'attendes pas pour rien, pas pour avoir ton autorisation.
- T'es ma femme ou pas ?
- Techniquement parlant je ne suis rien, t'as aucun droit.
- Montes avec tu vas voir.

Amine avait vu que Jaoued fronçait les sourcils et accompagnait ses paroles de grands gestes alors il décida d'avancer.

- Il y a un problème ?
- Ouais mon pote.
- C'est quoi le problème ?
Moi – Mais non Amine t'inquiètes il y a rien !
- Si le problème c'est que MA MEUF monte pas avec un mec en voiture.
- Ta meuf ?
Moi – Tu dis quoi toi ? Je suis pas ta meuf, je suis la meuf à personne tu rêves là !
- Ah ouais c'est comme ça ?
- Tu vois il vaut mieux qu'elle soit pas ta meuf et que tu retires si tu veux pas que tes dents finissent en morceaux sur ce trottoir.
- T'es qui pour parler comme ça ?
- C'est comme ma sœur alors si t'es son mec je te casse la bouche maintenant c'est clair ?
- Vas y fais ce que tu veux Naïma moi je bouge !!

Des regards étaient tournés vers nous, j'avais honte, je voulais rentrer sous terre, qu'on ne me voit plus jamais. Je suivis Amine puis montai dans la voiture. Le début du trajet se fit silencieusement jusqu'à ce qu'il se décide à parler :

- Alors c'était ton mec ?
- Non je te jure que non.
- T'es sûre ?
- Tu me prends pour une menteuse ?
- Non mais je sais pas, pourquoi il a dit que t'es sa meuf alors ?
- Il veut se marier avec moi mais je lui ai dit qu'on apprendrait à se connaître et qu'on verra avec le temps.
- Pourquoi tu lui laisses une chance ?
- Je sais pas.
- Tu sais pas pourquoi mais tu lui dis que peut être vous allez vous marier ? Sans raison ? Sans que tu sois attirée par lui ?
- C'est compliqué.
- Je t'écoute.
- Je peux pas te raconter.
- Pourquoi ça ?
- Parce que, je te le dirais un jour peut-être.
- Et moi dans l'histoire je suis où ?

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant