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Huitième partie


Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Fatima me dépose donc chez mes grands-parents. Je vais m'asseoir avec hnini (mon grand-père) dans le salon après lui avoir embrassé la main. Il me regarde et me dit:
- Tu as le même regard que ta mère (qu'Allah lui accorde Sa miséricorde) quand elle était triste. J'ai l'impression de revenir en arrière. Qu'est ce que tu as ma fille ?
- Rien hnini.

Les larmes montent, comme si elles n'attendaient que cette question pour se montrer. Il me fit signe de m'approcher, me prit dans ses bras et me dit:
- Tu sais, ton père t'as laissée ici pour ton bien, tu n'es pas toute seule, nous on est ta famille, tu viens à la maison quand tu veux, tu es ici chez toi.

Je lui souris et le suis dans la rue, fel derb (dans le quartier). Je retrouve tous les enfants qui jouaient et me suis invitée dans leur partie de qache qache (cache cache prononcé à l'arabe), puis je leur apprend à faire "sisi ma baby" et eux m'apprennent "pluf la rezene zen zen la garo a la vene"...
J'oublie mes soucis le temps d'une matinée, je ris avec les autres, je redeviens une petite fille normale. Ma tante se mit à la porte est nous appella:

*
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- MONCEEEF, NAIMA YALLAH AJIW TAKLO !!
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Traduction: Moncef, Naïma venez manger !!

Je me lavai les mains avant de les rejoindre à table.
Mes tantes ne cessaient de dire à mes cousins et cousines:
- Regardez votre cousine comme elle est bien élevée !
Ce qui avait le don de les agacer.

Fatima, elle, dit que je suis malpolie et que je suis une gamine pourrie gâtée. C'est là que la nuit passée me revient à l'esprit. Je n'ai même plus faim, le dégoût et l'envie de vomir me reprennent à la gorge. Ma tête tourne, j'ai des fourmis dans les mains, elles se sont refroidies, je cours dans les toilettes et vomi.
Ma tante me suit et me dit:
- Bismi Llah hlik a benti qu'est ce qu'il t'arrive ?

Je me relève après quelques minutes:
- Je me sens pas bien khalti (tata)
- Tu as mangé quelque chose qui ne passe pas ce matin ?
- Nan.
- Viens t'allonger.

Ma grand-mère me prépare une tisane, je m'allonge, mon grand-père me prend la main:
- Tu sais que tu peux tout me dire. Fatima est gentille avec toi ?
- Oui hnini.
Je retiens mes larmes, il a vu que mes yeux brillaient:
- Si un jour quelqu'un te touche tu viens à la maison d'accord ?
- Oui hnini.
- Bois la tisane ça te fera du bien.

Fatima vint me chercher en fin de journée, ma tante lui expliqua que j'avais vomi et qu'elle devra bien faire attention à moi:
- Ma fille a vomit ? Je vais bien m'occuper d'elle ne t'inquiètes pas ma soeur, meskina elle ne se sentait déjà pas bien ce matin. Ça doit être la séparation de son père qui a été dure.

Je me lève, embrasse tout le monde et la suit. Retour à la maison des horreurs !

- Comme ça tu attends d'être chez ta famille pour vomir ? Tu veux me faire des problèmes toi c'est ça ??
- Nan j'avais mal au ventre.
- Tais toi, ton père a appelé il va te rappeler dans pas longtemps, tu as intérêt de te taire !

Je baisse la tête et vais m'asseoir auprès de hbibi Hamid, le pauvre ne parle pas, ne bouge pas, il passe son temps allongé à regarder ce qu'il se passe autour de lui sans pouvoir réagir. Ça doit être dur. Quoique, nous sommes dans la même situation, je subis sans pouvoir rien dire...

Le téléphone sonne, je cours:
- Allo papa ?
- Oui benti comment tu vas ? Tu manques de rien ? Fatima s'occupe bien de toi.
Au son de sa voix la boule se reforme dans ma gorge, mon coeur se déchire, je doit me retenir.
- Oui papa ça va.

Fatima me regard d'un oeil méchant, ma voix tremble, je suis à deux doigts de craquer.

- On va venir te voir bientôt ma chérie, tu vas aller à l'école là-bas et sois sage d'accord ?
- Oui papa.
- Je vais te passer tes frères.
Adil:
- Comment elle va ma petite soeur chérie ?
Une larme coule, je me retient encore et encore, je fais un effort surhumain pour ne pas craquer mais la voix ne trahi pas, tout comme le regard.
- Ça va.
- T'es sûre ? on dirait pas. Personne ne te fait du mal hein ?
- Non.
- Tu me le dirais hein ?
- Oui
- Naïma dis moi si il y a quelque chose.
- Vous me manquez.
- Nous aussi tu nous manques ! Je te l'ai dit, je reviendrais te chercher ! Tu m'appelles si il y a un problème, tiens Kamel veut te parler.
Kamel:
- J'en ai trop marre c'est nul sans toi je m'ennuie !
- Moi aussi.
- Tu reviendras, Adil viendra te chercher.
- Oui je sais.
Younes:
- Ça va ?
- Oui ça va.
- Tu vas pas pleurer hein ?
- Non t'inquiètes pas.
- On viendra te voir et khalti Hafida elle est pas contente. Elle a crié sur papa quand elle a su que tu resteras au Maroc. Elle va t'appeler bientôt.
- D'accord.

Je leur dis tous au revoir et raccroche puis je craque. Fatima me prend par le bras, me tire et crie:
- Tu vas pas pleurer tous les jours parce que je vais finir par te tuer !
- Tu me fais mal !
- Réponds moi pas, tais toi !

Elle me gifle, et m'ordonne d'aller dans ma chambre. Je n'avais jamais autant pleuré en si peu de temps. Une fois calmée je vais voir Lalla Hadda pour chercher un peu de réconfort, elle me dit:
- Je voudrais t'aider ma fille mais je ne peux rien faire.
- Moi aussi j'ai envie de mourir pour être tranquille.
- Non ma fille, c'est des épreuve de Dieu ça. On est ici pour être testés, ensuite si on reste fidèle à Dieu pendant ces épreuves Il nous accorde le Paradis.
- Fatima elle va aller en Enfer parce qu'elle est méchante.
- Ne dis pas ça, c'est la vie qui l'a rendue comme ça elle aussi.
- Toi tu es gentille tu vas aller au Paradis.
- In cha Allah.

Fatima:
- VIENS M'AIDER DANS LA CUISINE !

Je la rejoins, l'aide à éplucher les légumes, je me coupe plusieurs fois mais elle n'a aucune pitié. je dois continuer. Je l'aide à préparer le repas, mettre la table, faire la vaisselle, remplir les sauts d'eau...

Je me force à manger quelques bouchées de pain de peur qu'elle ne me tape. Je range la table sous ses directives, fais la vaisselle, ranges la cuisine. Elle me dit:
- Demain on va t'acheter tes affaires d'école, la rentrée c'est dans 3 jours.

J'étais contente de retourner à l'école, j'aime l'école, une fois que j'ai apprit à écrire mon prénom je l'ai écrit sur toutes les feuilles que je pouvais trouver. Je voulais apprendre à bien lire pour dévorer les livres et que ce soit moi qui lise les histoires à Kamel.

Je me pose un peu à côté de lalla et hbibi Hamid, je discute avec lalla. Elle me parle beaucoup de sa mort, elle a l'air pressée, ça doit être beau le Paradis.

Je retourne dans ma chambre, m'allonge sur mon matelas. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvre, dîtes moi pas que... SI, C'EST LUI !

- Elle n'est pas gentille avec toi Fatima hein ? Mais je suis là pour te consoler ma chérie.

Et c'est reparti pour une nuit de cauchemar, j'espère que ce Paradis vaut la peine de vivre cet enfer !

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant