26

446 31 1
                                    

Vingt sixième partie (merci Nabila Lîla <3 <3 )


Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Mon père rentra de chimiothérapie, quand je l'ai aperçu je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer, mon cœur était serré, j'avais une boule dans le ventre et dans la gorge, j'avais l'impression que le sol s'écroulait sous mes pieds, que le ciel allait me tomber sur la tête...

Son visage n'était plus le même, ses joues s'étaient encore plus creusées, ses yeux s'étaient enfoncés dans le cercle noir qui les entourait, il était devenu maigre, cette fois ce n'était plus la fatigue que l'ont pouvait voir sur son visage, c'était la mort qui s'approchait petit à petit.
Ce qui me choqua le plus c'est qu'il était chauve, que ses beaux cheveux châtains n'étaient plus là, que la barbe qui ornait son doux visage avait disparue, si la tâche sur son front n'était pas là j'aurais juré que cet homme n'était pas mon père.

J'ai pleuré en le voyant si faible, je m'affaiblissais en même temps que lui, je voulais être malade avec lui, prendre la moitié la moitié de ses souffrances pour les alléger. Je ne me suis même pas approchée de lui, je me suis effondrée sur place, je ne voulais pas qu'il souffre, je sais comme la souffrance fait mal, je ne veux pas qu'il connaisse ça, je voulais qu'il ait la belle vie qu'il mérite : une vie pleine de bonheur, de joie, loin de son cancer.

Il s'approcha de moi et me tendit la main :
- Lève toi benti, tu ne dis pas bonjour à ton père ?
- Papa je peux pas te voir comme ça, je veux pas que tu sois malade ! Tu vas mourir !
- C'est normal que je sois comme ça, mais les cheveux et la barbe ça repousse ne t'inquiète pas allé viens de mes bras.

Je me suis levée je l'ai prit délicatement dans mes bras de peur de lui faire du mal, il avait l'air si fragile, si maigre, moi qui l'avait toujours vu si fort j'avais mal au cœur, j'aurais préféré mourir plutôt que de le voir comme ça.
Il passa sa main dans mes cheveux et me dit :
- Allahi hdik (qu'Allah te guide) calmes toi, regardes je suis encore là nan ? Pourquoi tu pleures ?
- Tu es malade papa, je suis triste c'est normal !
- Moi je ne veux pas que tu sois triste à cause de moi, el hamdoulillah ma fille, tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir.

C'est vrai qu'il devait avoir encore plus mal de me voir souffrir pour moi, je le sais parce que quand Adil et lui sont venus me chercher et qu'ils pleuraient pour moi j'avais mal à l'intérieur de moi, je me sentait coupable de faire couler des larmes sur leurs si beaux visages. Alors je tentai tant bien que mal de me calmer pour ne pas en rajouter, mon père en avait bien assez. Et puis il a raison, tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir.

Mon père s'assied quelques minutes et se leva ensuite faire ses ablutions et sa prière. Dans sa souffrance il n'oubliait pas Dieu, il était satisfait de tout dans sa vie, il m'avait apprit le mektoub, le fait que la vie est écrite, le fait que je dois toujours m'en remettre à Dieu, ne jamais lui en vouloir, ne jamais se retourner contre lui et toujours, quoiqu'il arrive, il m'a apprit à prier Dieu.

Je me suis levée ce jour là pour faire de même, je n'avais pas de prière à rattraper mais je voulais seulement prier avec mon père, alors je me suis couverte et je suis allée derrière lui avec mon tapis de prière.
J'avais cette sensation de proximité avec le Créateur à chaque fois que je m'inclinais devant lui, et une fois que je me prosternais je sentais ma tête se vider des soucis de ce monde, comme si Allah pour me récompenser de ce geste demandait au sol d'absorber tous mes problèmes au contact de mon front.
Après le salam obligatoires aux deux anges qui nous suivent nuits et jours pour écrire nos bonnes et mauvaises actions, mon père se retourne vers moi :
- Allahi taqabal (qu'Allah accepte tes prières)

La lumière qui illuminait son visage n'avait en fait pas disparue, elle était toujours là, il était toujours aussi beau même sans cheveux, sans barbe, c'était juste le choc de le voir comme ça qui me l'a caché. Je lui fais un câlin :
- Amine papa, Allahi chafik (qu'Allah te guérisse)
- Naïma, même si je ne guéris pas tu me promets de ne jamais lâcher la prière ?
- Oui papa mais tu vas guérir in cha Allah.
- Dieu Seul sait, si je ne guéris pas c'est qu'il aura décidé ainsi et j'aurais eut une belle fin de vie.

Quelle force de caractère, sa foi était inébranlable, malgré qu'il avait perdu beaucoup de poids et de forces, il n'avait rien perdu de sa foi. Il continuait à dire que c'était une belle fin, qu'Allah lui permettait de se faire pardonner jusqu'au dernier instant en l'éprouvant physiquement.

- Papa je veux pas que tu meurs, je veux pas, je veux que tu restes avec moi !
- On ne parle plus de ça maintenant, je ne veux plus t'entendre parler de ma mort, tu vas profiter de ta vie, être une femme bien in cha Allah, je t'ai élevée pour ça, je veux que tu te comportes bien avec les gens, que tu pries, que tu vives une vie qui te mè,eras au Paradis in cha Allah, je veux qu'on se retrouve tous là bas pour que personne ne parle plus jamais de mort, d'accord ?

Bien sûr que j'étais d'accord, avoir ma famille pour l'éternité, que demander de mieux ? Mais le fait de perdre mon père ici me faisait mal, passer toutes ses années qu'il me reste à vivre sans lui me paraissait impossible. C'était en quelque sorte mon repère dans ce monde, l'absence de ma mère je la supporte puisque je n'ai connu que ça mais l'absence de mon père je ne sais pas si je la supporterais.

Il attendait les résultats de sa chimiothérapie, savoir si elle marchait ou non. Alors moi je continuais à prier, à aller à l'école, à rendre fier mon père en lui ramenant de bonnes notes.
Cet après midi de Novembre, je rentre de l'école avec Nacer et je monte directement chez moi ca mon père avait eut les résultats.
Je rentre, je l'embrasser :
- Alors papa ?
- Tu as 12 ans, tu es grande et intelligente tbark Allah.
- ...
- Tu comprends beaucoup de choses, saches que je même si je pars je serais content de te laisser derrière moi sur cette terre, tu es tellement forte, j'aurais aimé que tu es une vie magnifique parce que tu es une fille magnifique, je veux que tu sois forte dans ta vie d'accord ?
- Oui papa in cha Allah. Alors ?
- Wallah si j'avais la force je t'aurais donné une belle vie, depuis que tu es petite tu souffres, mais el hamdoulillah, Allah t'aime ma fille parce qu'il n'éprouve que les gens qu'Il aime, Il ne t'oublie pas. Allah ghaleb (c'est Lui qui décide) mais tu seras récompenser in cha Allah.

Il tournait dangereusement autour du pot à m'en donner le tournis, on pourrait parler de ça plus tard, je voulais savoir juste le résultat de ses examens.

- Papa c'est la vie, moi je veux juste savoir si tu vas bien.
- Je suis allé à l'hôpital ce matin...

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant