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Vingt cinquième partie (Merci Sousoouw <3)


Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim

- Papa ça te fait mal ?
- Si Allah me laisse souffrir comme ça c'est que je peux supporter cette douleur.
- Mais ça fait mal ?
- El hamdoulillah ma fille.
- Mais ça fait mal OUI OU NON ?
- Je remercie Allah de me donner cette épreuve qui me permet de me faire pardonner mes péchés, tu sais hbiba, quand tu souffres même un tout petit peu, et que dans ta souffrance tu ne lâches pas l'islam Allah te pardonne tes péchés

Le Prophète (que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui) a dit : « Tout mal qui atteint le musulman, s'agit-il d'une lassitude, d'une maladie ou d'une angoisse, même d'une piqûre d'épine, lui vaut de la part d'Allah une rémission de ses péchés. »
[Rapporté par Boukhari et Mouslim]

« Tout croyant, touché par quelque maladie, verra Allah s'en servir pour lui pardonner ses péchés » [Rapporté par Tabarani et El Hakim]

Alors je le voyais patienter en attendant, se contenter de ce qu'Allah lui a donné, presque s'en satisfaire.
La rentrée scolaire avait déjà commencée, j'étais dans la classe à Nacer ce qui m'a permit d'avoir une petite joie dans ce moment si sombre de ma vie. Mais mon frère n'était plus le même que lorsque l'on était en primaire : il bavardait beaucoup, était parfois insolant et je ne m'asseyais pas à côté de lui pour pouvoir suivre le cours, mais j'avais toujours une excellente relation avec lui en dehors du système scolaire.

Un jour que je rentrais avec lui à la fin des cours nous discutions un peu de tout et de rien :
- Nacer j'ai peur que mon père meurt.
- C'est vrai que ça craindrait mais tu viendrais vivre avec nous.
- Mais je m'en fiche moi je veux qu'il reste et continuer d'être avec lui.
- Il va pas mourir in cha Allah arrêtes de penser à ça Allahi ster (qu'Allah nous en préserve), il va se soigner et il ira mieux.
- Si il meurt je serais toute seule tu te rends compte ?
- On est là nous, et tes frères aussi.

Je dormais chez Moui Hafida ce jour là et Younes et Kamel dormaient chez Adil car mon père était rentré à l'hôpital pour sa chimiothérapie. Je me suis assise avec ma mouima dans la cuisine pour l'aider à préparer le repas :
- Dis moui Hafida, il parait qu'il y a beaucoup de gens qui meurent du cancer, c'est vrai ?
- Peut-être je ne sais pas.
- Tu crois que mon père il va mourir ?
- Allahi ster arrêtes de dire des bêtises.
- Bah si c'est son mektoub il va mourir.
- Oui mais kheir in cha Allah, on va faire beaucoup de dohaa (invocations) pour que ton père guérisse.

Mon frère Hakim était sorti de prison quelques mois plus tôt, il était plus à la maison depuis, il regrettait d'avoir fait souffrir sa mère alors il faisait tout pour être un honnête homme, pour se sortir de la routine du quartier, se sortir de tout ce qui l'a détruit, tous ces rêves de réussite et d'argent qu'il avait construit il voulait s'en éloigner, il a alors commencé à prier, à fréquenter assidument la mosquée du quartier, il avait 23 ans et avait enfin comprit que la vie n'allait pas être éternelle, que du jour au lendemain il pourrait mourir pendant qu'il vendait un bout de mort à quelqu'un et que si ça devait arriver il serait mal devant Dieu.

- Tu viens prier avec ton grand frère ?

Je le suis, fis mes ablutions et à la fin de la prière il fit des invocations pour qu'Allah accorde Son Pardon à mon père durant cette épreuve, qu'Il lui accorde sa place au Paradis et qu'Il le guérisse in cha Allah.

Je me suis effondrée sur mon tapis de prière. Sa place au Paradis ? Son Pardon ?
J'avais l'impression que mon père était déjà mort.

- Viens la petite sœur.

Il me prit dans ses bras, me serra et me dit :
- Arrêtes de pleurer, personne n'est éternel, on partira tous un jour ou l'autre de toute manière, et puis ton père il est encore vivant, il rentre bientôt in cha Allah et en attendant t'es avec ta famille. Dis toi qu'il y en a qui n'ont pas de famille, d'autres qui n'ont pas de quoi se nourrir, d'autre qui ont vu leur famille se faire tuer devant eux, et il y en a qui ont même pas de quoi avoir une maison. El hamdoulillah, on a une belle vie à côté d'eux hein ?

Je fis oui de la tête, il n'avait pas tord mais bon, je ne voulais quand même pas perdre mon père. Une fois calmée je me suis dis :
<< Ma petite Naïma tu vas faire beaucoup de prières pour que ton père vive in cha Allah>>

Mon père rentra de chimiothérapie, quand je l'ai aperçu je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer, mon cœur était serré, j'avais une boule dans le ventre et dans la gorge, j'avais l'impression que le sol s'écroulait sous mes pieds, que le ciel allait me tomber sur la tête...

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Le point sur ma famille à cette période :

Walid avait 19 ans, après avoir eut son bac il était en première année de fac de médecine.
Nacer quant à lui était dans ma classe, il avait 12 ans comme moi.
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Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant