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Je me suis remis à la prière, l'amour de Dieu comblait les vides dans mon coeur mais aussi celui qu'avait laissé mon père dans ma vie. A chacune de mes prières je sentais ma peine diminuer, je sentais ma foi grandir en moi et ma peine diminuer au fur et à mesure. Mon coeur devenait solide car un pilier c'était effondré mais 5 autres étaient venus en renfort, les 5 piliers de l'islam.

J'étais allée vivre chez moui Hafida à mon retour en France, elle avait réglé la paperasses et Kamel était chez Adil mais j'étais souvent chez Younes avec Samia qui attendait un petit garçon pour le mois de Juin et qu'ils avaient décidé de nommé Abdeslam comme elle l'avait dit à l'hôpital mais j'allais également chez Adil pour voir Naïm et Yasmine mais également Kamel qui me demandait souvent de lire le Coran avant de nous endormir.
Il voulait que je lui apprenne pour pouvoir le faire seul alors, comme mon père avait fait avec moi je lui ai apprit l'alphabet puis les syllabes puis avec le temps il a commencé à lire seul avec difficulté comme moi au début. Mais avec de l'entraînement, de la patience et de la volonté je ne doutais pas qu'un jour il lirait parfaitement bien.

La mort de mon père l'avait rapproché de la religion, il s'était vraiment calmé et allait souvent à la mosquée avec son ami. Un jour il avait dormit avec nous chez mon frère, ce jour là j'avais prié derrière eux. Kamel dirigeait la prière et son ami était à côté de lui. A la fin mon frère me demanda de prendre le Coran et de lire quelques versets afin qu'Allah Sa Miséricorde à papa (rahma hla lwalidine) alors je me suis exécutée.
A la fin de la lecture, le garçon se tourna vers moi et me dit :

- Ma cha Allah, t'as quel âge toi déjà ?
- 13 ans, je vais avoir 14 cette année in cha Allah.
- Et t'as déjà une belle voix comme ça, frère ta soeur c'est une perle.
Kamel - Tu rigoles, c'est un trésor ! Mais si un jour quelqu'un s'approche d'elle je tue tout le monde !
- Je la surveillerais.

Il dit ça tout en souriant, il était vraiment beau ce jeune homme, matte, les yeux marrons, des dents bien alignées, un sourire colgate, mais surtout cet air de ressemblance avec je ne sais qui qui faisait tout son charme.
Le soir j'ai un peu parlé avec lui :
- Mais tu t'appelles comment en fait ?
- C'est maintenant que tu te poses la question ? J'm'appelle Amine.

Il avait toujours ce sourire collé aux lèvres quand il me parlait, ses yeux brillaient et me déstabilisaient. Je n'osais même pas le regardé dans les yeux, je baissais la tête :
- T'es timide ?
- Non ...
- Arrêtes tu rougis, je suis la famille moi, t'as pas à avoir honte ! T'es en quelle classe Naïma ?
- 4ème.
- Ca va ça se passe l'école ?
- Oui ça va.

L'école, je n'y étais pas allée depuis plus d'un mois et demi mais je n'avais pas perdu le fil en y retournant grâce à tous les cours que je rattrapais, tous les devoirs que je faisais. J'ai donc reprit ma place devant la classe comme s'il n'y avait jamais eut de coupure, je me suis remise au travail car j'aimais toujours l'école, ce n'était en aucun cas une corvée pour moi d'y aller, bien au contraire.

Un jour, une fille de ma classe vint me voir :
- Naïma y'a Jawed il veut sortir avec toi, tu veux ou pas ?

J'étais restée scotchée face à cette annonce, elle me disait quelque chose de grave mais en parlait le plus naturellement du monde, comme si elle me proposait un chewing gum. Je ne savais pas quoi dire, enfin si je savais que c'était hors de question que je sorte avec qui que ce soit, c'est interdit c'est péché ! Je ne voulais en aucun cas avoir une relation aussi innocente soit elle avec un garçon. Et puis moui Hafida et papa m'ont toujours dit que je ne devais fréquenter personne de peur de perdre de ma valeur, et s'ils m'ont dit ça c'est que c'est mauvais.

- T'as vu un fantôme ou quoi ? Il te plait hein avoues !!
- Non pas du tout.
- Mais essaye au moins de lui parler, de le connaître.
- Je le connais, il est dans ma classe, ça me suffit.
- Non mais je veux dire en plus ! Wallah il te kiffe trop il parle que de toi, donnes lui une chance ?

Une chance ? C'est étrange, une chance de quoi ? De me salir . De me toucher ? Et puis je suis la fille de Abdeslam, je porte le nom de ma mère, Naïma K******, ce nom ne pouvait pas être salit pour une simple chance, pour faire plaisir à un garçon, non, ce nom était bien trop précieux.
De plus, je ne suis pas prête à éprouver de l'amour pour un garçon, le simple fait qu'il pose sa main sur mon épaule me dégoûterait, me replongerait dans d'atroces souvenirs.

- Non dis lui qu'il laisse tomber, pas avec moi.
- Mais pourquoi wech ?
- Parce que j'ai pas envie, c'est hram !
- Mais hlef que t'es sérieuse là ? Pour ça ? On t'a pas dit que tu vas tac tac avec lui !!

Mais faut-il aller jusqu'à "tac tac" pour pécher ? Je ne pense pas sinon on m'aurait fait la précision. Pourquoi elle avait l'air si surprise de mon argument, elle me regardait comme si je sortais d'une autre planète alors qu'elle était elle aussi musulmane, elle devrait comprendre et me soutenir.

- Oui mais non, c'est hram quand même.
- OUUUUAAAH on est pas au Moyen-Âge WECH !!
- Non mais laisse tomber, je vais pas sortir avec lui ni avec personne d'autre.
- La meuf elle croit que ça marche encore les trucs comme ça ! Tu vas le rencontrer comment ton mari ?

Très bonne question, je n'en ai aucune idée mais le mektoub fera les choses, je n'ai qu'à attendre qu'il arrive, et puis de toute manière, j'étais bien trop jeune pour penser à me marier et même à connaitre l'amour. Déjà faut-il que je combatte mes démons intérieurs qui me font éprouver du dégoût face à la gente masculine...
Ma camarade s'éclipsa toujours autant étonnée, en baragouinant des phrases incompréhensibles ponctuées de "wech" et se dirigea vers le fameux Jawed pour lui faire le compte-rendu. Je l'ai entendu dire :

- Mais vas y laisse là wech c'est une mongole, c'est quoi cette coincée ? Gueltlek "hram" (elle t'a dit hram)

Vouloir suivre les règles c'était être coincée ? Mais les gens ne connaissent pas ma vie, ils ne voient pas ce que je vis depuis le début, pourquoi alors se permettent-ils de parler de moi ainsi ? Coincée parce que je ne suis pas comme eux, mais si être comme eux c'est péché alors laissez moi être coincée.
Moi l'amour je le trouverais et il sera vrai, il m'aidera à reprendre confiance en moi.

le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dit : « Les yeux se rendent coupables de fornication, les mains se rendent coupables de fornication, les pieds se rendent coupables de fornication et les parties intimes se rendent coupables de fornication. » [Musnad Ahmad, hadith n° 4258.]

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant