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Dix neuvième partie (Merci Inaya Bledya <3 )


Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Le téléphone sonne, papa répondit et je l'entend dire:

- Ina li Llah wa ina ileyhi rajihoune (C'est à Allah que nous appartenons et c'est vers Lui que se fera notre retour)

Cette phrase je m'en rappelle, je l'ai entendu de la bouche de lalla Hadda à la mort de hbibi Hamid. Ça voulait dire que la mort avait encore frappée, je lève alors les yeux vers mon père, j'ai vraiment peur, qui est mort ?
Égoïstement j'ai espéré que ce soit quelqu'un de sa famille qu'Allah me pardonne, je n'étais pas proche d'eux et je savais que j'allais moins souffrir que si c'était quelqu'un de la famille à ma mère.
Il raccrocha:
- Papa qu'est ce qu'il y a ?

Mon corps tremblait, entre ma question et sa réponse le temps me parut si long !
- Vas chercher Adil.
- C'est qui qui a appelé ?
- Ta tant Fatima (soeur de ma mère)
- Et elle t'a dit quoi ? T'es triste papa ?
Je le sentais, j'avais un pressentiment, une partie à l'intérieur de moi c'était déchirée, je savais que c'était lui avant même que mon père ne me le dise.
- Hninek il est mort.

J'avais seulement 9 ans mais je savais parfaitement ce qu'était la mort, je savais que je n'allais plus jamais revoir hnini, pourtant l'été passé nous étions allés au Maroc et il avait l'air en forme. Malgré que papa avait acheté un appartement là bas je n'étais restée qu'avec lui, en écoutant ses récits de guerre, sur ma mère, sur sa jeunesse...
Il était vieux, il devait avoir 85 ans au moins mais on ne préfère pas imaginer que les gens qu'on aime mourront un jour, alors malgré sa fatigue, sa barbe blanche, malgré le fait qu'il utilisait sa canne pour marcher je n'imaginais pas que mon grand-père, hnini me quitte un jour.
A cette annonce je m'effondre, je tombe à genoux par terre et pleure en demandant à Dieu pourquoi Il me faisait ça ? Pourquoi Il m'enlevait tous les gens que j'aimais un à un ? Pourquoi ça n'arrive qu'à moi ?

Mon père s'approcha de moi et me prit dans ses bras:
- Benti c'est le mektoub, personne ne restera sur Terre, on va tous mourir un jour, il y en a qui meurt jeune, d'autres qui meurent vieux...
- Hnini il était gentil !
- C'était un homme comme Allah les aime, alors in cha Allah il ira au Paradis, et puis il faut bien que quelqu'un tienne compagnie à ta mère là haut nan ? Elle doit s'ennuyer toute seule. Calmes toi benti, tu vas aller chercher ton Adil et lui dire de venir d'accord ?

Je sortis de chez moi, toquai chez moui Hafida:
- Yek labess ? (Qu'est ce qu'il se passe ?)
- Hnini il est mort moui Hafida !
Elle me prit dans ses bras:
- Ina li Llah wa ina ileyhi rajihoune, calmes toi ma fille, c'est la vie, on va tous mourir.

Pourquoi elle me répète la même chose que papa ? Moi je ne veux plus que les gens meurent autour de moi, je veux les garder avec moi ici pour toujours.

- Tu sais hbiba, la vie ici c'est juste un passage, une prison pour nous, on veut tous mourir pour rejoindre Allah et les gens qu'on aime pour toujours. Tu vois après on ne se sépare plus, là bas il n'y a plus la mort.
- Mais moi je veux pas que les gens meurent là !
- On ne décide de rien, Allah décide de tout.

Elle me donne un verre d'eau, hammi Lhousine monta rejoindre mon père et elle commença à faire un repas pour lui ce soir. Mon père était fortement attaché à ses beaux-parents, ils l'ont intégré à la famille comme leur propre fils, il les aimait comme s'ils l'avaient mit au monde.
Je pris la direction de chez Adil...


*************************
FLASH BACK

Adil s'était marié à ses 23 ans, l'année qui a précédé la mort de hnini (qu'Allah lui accorde Sa Miséricorde). Comme je vous l'ai dit, il était devenu très intéressé par la religion, il avait loué un appartement dans un immeuble pas très loin du notre, l'a meublé comme il se doit et pensait alors à se marier.

Le Messager d'Allah (paix et bénédictions sur lui) a dit : « Ô vous les jeunes ! Que celui qui est en mesure de se marier parmi vous le fasse ! C'est mieux pour le regard et plus chaste pour les parties génitales. Que celui qui ne peut se marier jeûne alors, car le jeûne lui sera un bouclier. ».
(Rapporté par Boukhâry et Mouslim.)

Ahlem et lui s'aimaient depuis le collège mais ils ne se fréquentaient pas car Mounaïm, son grand-frère était le meilleur ami d'Adil et par respect pour lui il n'a jamais touché sa soeur.
Le jour où il voulu se marier, il ne voyait personne de meilleur qu'elle pour compléter son dine. Alors il en parla à son frère avant tout qui bien entendu accepta et ensuite il en fit part à mon père qui demande à moui Hafida et hammi Lhousine de l'accompagner pour la demander en mariage.
Les parents acceptèrent d'unir leur fille à mon frère et ceux-ci dirent un mariage religieux deux semaines après.

J'avais rencontré Ahlem le lendemain, elle avait rendez-vous avec mon frère qui m'avait emmenée avec lui. Je l'avais trouvé tout à fait charmante et vraiment belle. J'allais enfin avoir une soeur moi qui aie grandit au milieu de la gente masculine.
Le mariage se fit chez elle avec la famille et les proches, des hommes lisaient le Coran et unissaient les jeunes mariés par le biais du père de Ahlem et nous nous étions dans un autre pièce. Je m'étais vraiment ennuyée ce soir là, j'étais toute seule, je ne connaissais personne. Même moui Hafida était entrain d'aider les femmes dans la cuisine. je m'étais endormie au milieu de la soirée, bercée par les versets du Coran et je me suis réveillée le lendemain dans mon lit, voilà tout ce dont je me souviens.

Les deux étaient d'accord pour ne pas faire de fête, le mariage civil se fera en petit comité et puis voilà.
La maison était vide sans mon frère mais ça me faisait une maison de plus où dormir.
*************************

En arrivant en bas du bâtiment il y avait Hakim:
- Pourquoi tu pleures ? Tu vas où là ?
- Hnini il est mort !
- Aïe, c'est chaud ça ! Tu vas où comme ça ?
- Chez Adil, papa lui a dit de venir.
- Viens je viens avec toi.

Il me prit la main et m'accompagna chez mon frère. Lui qui était vraiment agressif avec le reste de la planète savait me témoigner tellement d'affection, me rassurer, prendre soin de moi. Il ne me faisait pas du tout peur, enfin c'était mon frère quand même, même si le sang diffère, le même sein nous a allaité alors il me considérait vraiment comme sa soeur donc ne pouvait pas me faire de mal.
- Calmes toi c'est bon, c'est la vie.

La vie ? On parle de mort et là il me dit que c'est la vie ?
Arrivés chez mon frère, ma belle-soeur qui était alors enceinte de 5 mois était étonnée de me voir pleurer:
- Qu'est ce qu'il y a ma puce ?? Qui t'a fait du mal ? (En regardant Younes) Il s'est passé quoi ?
- Son grand-père il est mort.

Elle me dit juste en me serrant fort contre elle:
- Pleures, ça va te faire du bien ma chérie.
Alors je pleurai, je me lachai autant que possible, j'avais besoin de verser ces larmes pour cet homme que j'aimais tant, pour mon grand-père d'amour.

- Regardes mon ventre, il y a quoi dedans ?
- Un bébé.
- Alors tu vois, il y a des gens qui naissent, des gens qui meurent, c'est le cycle de la vie. Imagines personne ne mourrait, il n'y aurait plus de place sur terre pour tout le monde.

Encore une fois, on me parlait de la vie pendant que moi je leur annonçait la mort d'un être cher. Je ne comprend pas bien, c'est tellement paradoxale de parler de la vie quand il s'agit de la mort. Enfin la mort fait parti intégrante de la vie, effectivement je comprend que même moi un jour j'y passerais même si ça me faisait encore peur.
J'avais encore de l'attachement pour la vie d'ici-bas et j'avais peur de l'inconnu, après tout je ne savais pas vraiment c'était comment le Paradis...

Mon frère rentra une heure plus tard du travail, Hakim était resté avec moi, il ne voulait pas me laisser dans cet état. En voyant mon frère il lui dit:
- Lbaraka frassk khouya (Toutes mes condoléances mon frère)
- Quoi ?
Ahlam - Ton grand-père il est mort Allahi rahmo (qu'Allah lui accorde Sa Miséricorde)

Mon frère ne répondit pas, il rentra dans la salle de bain, fit ses ablutions et s'en alla rattraper ses prières. Puis il revint au salon et me demanda de me lever:
(A Ahlem): Tu viens avec nous ?
- Bah oui quand même, je vais aller voir comment va ton père. Ça va toi ?

Il la regarda et puis avança sans répondre. Je ne compris pas sa réaction, il n'avait pas l'air triste, j'étais même en colère contre lui. J'arrivais chez mon père, Kamel et Younes étaient de retour de l'école et ne pleuraient pas non plus. J'avais l'impression d'être la seule affectée par la mort de mon grand-père, je leur en voulais tant de ne pas pleurer !

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant