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  Trente quatrième partie

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Je suis retournée auprès de mon père, je lui pris la main et lui dit:
- El hamdoulillah, je sais où on va se retrouver papa, je ferais tout pour être avec toi là bas, wallah je serais une bonne musulmane et on se reverra.

Les jours qui suivirent je n'allais plus au collège, Nacer m'emmenait les cours et les devoirs le soir à la maison, je rattrapais tout et j'essayais de réviser en rentrant de l'hôpital, cet hôpital où j'avais passé la majorité de mon temps ces fameux jours. Kamel m'accompagnait, il n'avait pas non plus le moral et l'envie d'aller étudier alors que son père était entre la vie et la mort.
Comment se concentrer toute une journée derrière un bureau alors que mon père est allongé sur son lit et quand la seule chose qui nous confirme qu'il est vivant est la machine reliée à son cœur qui faisait un bruit infernal et stressant, "Bip... Bip... Bip", et que malgré ça, il ne se réveillait toujours pas.

Alors le matin avec mon frère nous arrivions aux alentours de 11 heures 45, nous attendions midi afin de pouvoir rentrer pour simplement regarder mon père. Je regardais son visage, il n'avait pas l'air de souffrir, il avait juste l'air de dormir mais les tuyaux, machines, perfusions étaient impressionnants jusqu'à ce que le soir mes grands frères viennent nous chercher. Je prenais sa main en lui parlant, attendant un signe, peut-être qu'il me la serre... Je lui faisais des bisous, lui parlais, je posais ma tête sur lui, je voulais qu'il ouvre les yeux pour revoir son beau regard, celui qui me montre son âme, celui qui me permet de voir au plus profond de lui, celui qui montre quel homme merveilleux il est et comme il m'aime. Kamel me tendait le Coran posé près de lui :

- Lis, il nous reste que ça à faire.

C'est bien, vrai, je devais lire le Coran pour mon père, pour l'apaiser, pour qu'Allah lui accorde Sa miséricorde. Alors je le prenais avec délicatesse, je lisais des sourates. Le dernier jour, c'était le quatrième jour de squattage de cette chambre d'hôpital, mon frère Kamel avait lu le hadith
Abu Hurayra rapporte que l'Envoyé de Dieu a dit : « Ne faites pas de vos maisons des cimetières. Satan, en effet, fuit la maison où on lit la sourate al-Baqara (La Vache).»
Donc il me demanda de la réciter afin de mettre de la vie dans cette chambre d'hôpital et d'éloigner le Diable de notre père durant cette épreuve. Alors en arrivant dans la chambre je pris directement le Coran qui était toujours posé près du lit de mon père et j'ai commencé à lire la sourate. Pendant près de deux heures je lisais sans arrêt, chacun des mots me caressait le cœur et apaisait mon esprit, les paroles de Dieu ne peuvent que faire du bien. J'ai fini la sourate au bord des larmes, espérant que ce que je faisais servirait à quelque chose quand soudain j'entendis une voix faible et tremblante :

- Si ça c'est pas la plus belle fille du monde je ne m'appelle pas Abdeslam.
Je ne pouvais pas en croire mes oreilles, je me suis redressée, j'ai regardé le lit où était allongé mon père et j'ai vu sa tête bouger. Kamel s'était également levé et s'était approché :
- Papa ??
Il enleva le tuyau de sa bouche et nous sourit
- Asalamou aleikum, vous n'êtes pas à l'école ?
- Comment tu voulais qu'on étudie alors que t'es dans ce lit ?
- Je vais bien moi, el hamdoulillah.

- Soubhan Allah (gloire à Allah) t'as vu ?
- J'ai vu quoi ?
- Le prophète (Que la paix et bénédiction d'Allah soient sur lui) il a dit de lire la sourate al baqara pour pas que les maisons deviennent des tombes, ça veut dire que c'est pour qu'elles soient pleines de vie t'es d'accord ?
- Oui et ?
- Bah tu l'as lu et regarde, papa il s'est réveillé, c'est pas un truc de fou ?

C'est vrai, je n'avais pas immédiatement fait le rapprochement, mais mon frère n'avait pas tord, mon père c'était réveillé quand j'ai lu cette sourate précisément, je lisais des plus petites sourates les jours d'avant, celles qu'on lit en 15 minutes maximum et il ne c'était pas réveillé, mais à la lecture de celle-ci il avait ouvert les yeux. GLOIRE A ALLAH,
LA HAWLA WA LA QOUWATA ILA BILLAH (il n'y a nul pouvoir ni puissance en dehors de Dieu)

- C'est vrai j'avais pas capté.
- Wallah Naïma Allah Il est trop grand c'est un truc de fou, on est tout petit à côté de Lui.

- Il n'était pas content parce que je ne l'ai pas appelé tout de suite.
- On l'a appelé 30 secondes après.
- Non j'étais réveillé mais ma fille chérie me lisait le Coran, je ne pouvais pas couper cet instant de bonheur.

J'ai embrassé mon père, Kamel fit de même, nous avons discuté, il avait surtout peur pour notre scolarité, mon frère tenta de le rassurer :

- T'inquiètes pas papa, wallah qu'on va s'en sortir, mais pour l'instant laisse nous profiter de toi.

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant