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  Soixante Deuxième Partie

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


< Ca y est tu es ma femme devant Dieu, je t'aime en Allah et je veux qu'on fasse ensemble la route qui nous mènera à Lui. Bonne nuit ma femme>

- OLALALAAAA tu vas voir ton bouquet, il est trop beau, et ton mari OLALAAAAAA trop canon !!

Elles me firent bien rire, détendirent l'atmosphère avant de partir au moment où la coiffeuse me prit en charge. Je n'avais pas d'idée de ce que je voulais, je lui dis de faire ce qu'elle pensait être le mieux pour moi.
Mes belles soeurs la guidaient dans ces gestes, pensant peut-être qu'elle ne connaissait pas assez son métier pour que le résultat soit bon lol.

Puis, je suis allée chez mon frère Adil, car, à défaut d'avoir un père, j'avais un frère qui a aussi contribué à mon éducation, je voulais donc sortir de chez lui. Là bas, toujours avec l'aide de mes fidèles belles soeurs, je me suis hâtée afin de mettre ma robe de mariée.

L'horloge tournait assez rapidement, il était déjà midi, bien que le rendez-vous à la Mairie n'était prévu que pour 15 heures, j'avais peur d'être en retard. Tout le monde était stressé, dans la maison c'était la course, mes belles soeurs habillaient leurs enfants, nouaient les cravates, et moi je me retrouvais seule, encore une fois, dans une chambre, à attendre que quelqu'un daigne bien venir me chercher.

Puis voilà que Kamel rentra, lui qui n'a jamais faillit à sa promesse qu'il m'avait fait : "je serais toujours là pour toi"

- T'es belle tbarkAllah !
- Toi aussi, tu t'es mit sur ton 31 à ce que je vois !
- Tu rigoles ?? 31 c'est pas assez pour définir mon degré de beauté !

Il n'avait pas tord, il avait accordé subtilement sa cravate à la couleur de ses yeux et cela ne le rendait que plus beau. Puis Kamel et Adil entrèrent à leur tout et ils prirent tous place autour de moi. C'est alors qu'ils m'embrassèrent tous, me firent un câlin collectif et Adil ne put s'empêcher de dire :

- SoubhanAllah, tu ressembles à mama plus que jamais !

Je me suis regardée dans le miroir, c'est vrai que je lui ressemblais. J'avais ses traits, ses yeux pleins d'interrogation, surtout, j'avais le même amour qu'elle pour mon père.
Mais aujourd'hui, ni elle, ni lui ne serait là pour partager ce jour avec moi, pour vivre mon union avec celui que j'aime sûrement autant qu'eux même s'aimaient.
Aujourd'hui j'étais Naïma l'orpheline qui allait enfin, avoir un chez elle. J'étais entourée, et pourtant si seule. Je n'ai pas de mère pour me dire que je suis belle, de père pour me dire que je serais heureuse et qu'il faut patienter...

Alors mes yeux se remplirent de larmes, mes frères comprirent la raison, et Kamel me prit dans ses bras en me rappelant que jamais je ne serais seule, qu'à défaut d'avoir mon père à mes côtés, j'avais trois frères qui m'aiment et qui ne laisseraient jamais personne me faire de mal.
J'essayais de me retenir de fondre en larmes quand Nacer rentra et me rappela :

- TON MAQUILLAGE !! T'es sérieuse ? Moi je t'emmène pas te faire repeindre hein !! Et personne t'emmènera alors déconne pas !

Je souris enfin, puis je passai les derniers moments avant l'arrivée de ma belle famille à prendre des photos avec mes frères, mes belles soeurs, moui Hafida et Hammi Lhousine qui ne cessaient de me répéter comme ils étaient fiers de moi.

14 heures et 25 minutes : j'entend les hissawa (groupe de musiques folkloriques marocain) et les YOUYOUYOU m'entourent. Je suis assise dans le salon, tout le monde m'a laissée pour aller accueillir la famille d'Amine et danser un peu dans le jardin.
une gros stresse m'envahit, je ne savais plus quoi faire, je les entendais mais ne les voyais pas.

Il était beau dans son costard beige, et j'avais les larmes aux yeux. Des larmes de joie, mélangées à de la peine. En effet je quittais cette vie petit à petit, malgré son lot de tourments, ses peines, je l'aimais quand même ma vie.
Une marée humaine le suivait par derrière. Je reconnaissais les têtes, ils étaient pratiquement tous issus de notre quartier.

Ma belle famille vint me saluer, nous prîmes quelques photos puis on nous leva afin de danser. Une ronde se forma autour de nous, je n'étais pas du tout à l'aise mais je voyais Amine heureux, alors je ne voulais pas lui gâcher ce moment et je souriais comme si de rien n'était.
Lorsque ses parents nous rejoignirent pour danser, je ne pouvais plus retenir mes larmes, j'aurais voulu que papa soit là pour me tenir par la main et pour danser.

Ma belle mère me prit dans ses bras et me dit :

- Tu sais benti, on se revoit tous un jour in shâ Allah alors patientes le temps de cette vie...

"Patientes le temps de cette vie", cette phrase est gravée, elle n'a pas tord. Cette vie est longue, le maître mot est la patience, il faut patienter, la passer de la meilleure façon possible en attendant un après qui sera, in shâ Allah meilleur.

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Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant