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Quarantième partie (Merci Cherine <3 )

Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim

Aucun son ne voulait sortir, je ne bougeais même pas les lèvres, je n'y arrivais plus, je ne pouvais plus, il était parti ...

Mes frères ne devaient pas comprendre, je voyais de l'incompréhension dans leurs regards, ils devaient penser que simplement je n'avais pas envie de parler mais ce qu'ils ne savaient pas c'est qu'à l'intérieur de moi c'était le néant. Même leurs mots ne m'atteignaient pas, je voulais juste revoir mon père, le rejoindre, mourir à mon tour.

Younes allait aller à la morgue avec Kamel et Hakim, en les entendant dire ça, j'ai serré le bras de Younes et je l'ai regardé pour lui dire :

<< Emmènes moi s'il te plaît >>

- Je t'emmène si tu parles.

Mais il se moquait de moi ! Je ne pouvais pas parler, je le voulais mais apparemment le dicton "quand on veut on peut" n'était pas une vérité générale. Je me suis levée, j'ai prit un stylo et une feuille et j'ai écrit dessus :

" Je n'y arrive pas ! "

Je lui ai tendu le message que tout le monde lu :

- Tu rigoles là ?

J'ai hoché la tête pour dire que non, pour lui assurer que ce n'était pas de l'humour, de toute façon le moment n'était pas à la plaisanterie. Mon mal était profond et se manifestait ainsi. Mon frère comprit que c'était grave, que j'étais vraiment choquée de cette évènement et il me prit dans ses bras, me serra, Hakim caressait mes cheveux et Kamel avait les larmes aux yeux. Quant à son ami et bien je pense qu'il fut très mal à l'aise d'assister à cette scène parce qu'il n'a pas décroché un seul son, j'avais même oublié qu'il était dans la pièce.

Hakim - Si elle le voit peut être qu'elle lui parlera, ça va lui faire du bien.

Younes pensait également que ce serait la solution alors ils m'emmenèrent bien que moui Hafida était totalement contre. Pour elle je ne devait pas me trouver en présence d'un mort car il y avait des risques de possession par un démon. Je n'écoutais pas vraiment leurs paroles, j'enfilais mes chaussures, et m'apprêtais à sortir. Ce n'était pas un mort, c'était mon père et il continuait de vivre à l'intérieur de moi, si mon coeur battait encore c'était grâce à lui, grâce à l'amour que je lui portais.

Arrivés à la morgue on nous fit entrer dans une chambre où il faisait froid, où les murs étaient blancs, où il n'y avait aucun meuble si ce n'est une sorte de gros placard dans le mur cette chambre était vraiment sans vie et c'était le cas de le dire. Un homme ouvrit un des gros tiroirs et mon père apparut allongé dedans. Il était pâle, ses lèvres aussi, on ne voyait que son visage.

Je l'ai regardé attentivement, Hakim me demanda si ça allait, je répondis que oui car effectivement ça allait, je n'avais toujours pas de larmes, j'étais concentrée sur ses traits. Des larmes coulaient sur les joues de Kamel car il s'en voulait de ne pas avoir été un garçon idéal, de ne pas l'avoir rendu fier en étant le premier de la classe, mais malheureusement c'était fini, mon père était parti, il ne verra pas son fils en bon travailleur, le temps était derrière nous maintenant et le Paradis se trouvais in cha Allah face à lui maintenant.

J'ai posé ma main sur la trace marron qui se trouve au milieu de son front, je l'ai caressée, il paraissait bien, j'avais l'impression qu'un sourire léger était dessiné sur son visage. Son corps était froid, je voulais pleurer mais je n'y arrivais pas, je voulais parler mais c'était également impossible. Je me contentait de profiter de sa présence, même s'il ne me parle pas, même s'il ne bouge pas, le simple fait de l'avoir avoir moi, de le touche me fait du bien.

Je n'en revenais pas, il était bel et bien mort, je n'allais plus entendre le son de sa voix. D'ailleurs sa voix ? Comment elle était déjà ? J'ai tellement peur d'oublier sa voix si douce qui passait par mes oreilles pour caresser directement mon coeur. Et son visage, ce doux visage si apaisant, si beau <3 J'avais peur de l'oublier et je m'en voudrais si ça arrivait.

J'en venais à l'imaginer ouvrir les yeux soudainement et me dire :

- Ouf je suis revenue ma fille, je ne pouvais pas te laisser toute seule ici.

Des hommes arrivèrent avec Adil, ils venaient laver le corps de mon père selon les rites musulmans, je devais donc sortir. Je me suis mise sur la pointe des pieds, j'ai embrassé mon père, je voulais lui dire à haute voix que je l'aime mais ma voix n'était pas de retour alors je l'ai pensé fort du plus profond de mon coeur en espérant qu'il l'entende <3

Je suis rentrée à la maison, toujours muette. L'image de mon père était dans ma tête, elle tournait en boucle, je n'étais concentrée sur rien d'autre. J'étais consciente de ce qu'il se passait autour de moi mais je n'y prêtais pas attention. C'est comme si mon âme et mon corps s'étaient séparés, que je voyais les choses de l'extérieur de mon enveloppe corporel.

J'ai prié, j'ai prit un Coran, et le lut. Moui Hafida rentra pour essayer de me faire parler, mes belles soeurs également, mes frères mais rien n'y fit.

Deux jours après avec mes frères nous sommes allés au Maroc rapatrier le corps de mon père afin qu'il soit enterré auprès de ma mère. Tout le monde espérait que je fasse le deuil ainsi car depuis je n'avais toujours pas pleuré ni parlé. J'étais devenue bizarre, je m'en rendais compte, je voulais redevenir la même mais quelque chose m'en empêchait, cette même chose qui fait que je ne parlais pas...

EL HAMDOULILLAH <3

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant