Vingt et unième partie
Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim
C'était le mois de Février 2000 si ma mémoire est bonne, en rentrant pour faire le goûter, je retrouve moui Hafida entrain de pleurer. Je crois que je ne supporterais pas que ce soit quelqu'un d'autre qui soit mort.
Je fond en larmes sans même savoir pourquoi encore, mais j'avais trop vécu cette scène ces dernières années. J'étais devenue fragile, je pleurais très facilement et surtout j'étais toujours entant tétanisée par la mort.
Nacer avança vers moui Hafida:
- Moui qu'est ce qu'il y a ? Pourquoi tu pleures ?
- Il va me tuer cet enfant ! Il va me tuer !Quelqu'un veut tuer ma mouima ? J'avançai à mon tour, mit ma tête sur son épaule toujours en pleurant. Walid rentra:
- C'est bon mama arrêtes de pleurer, tu sais même pas encore ce qu'ils vont lui faire !
- Ce qu'ils vont lui faire ? Ils vont le mettre en prison ! Ils ont trouvé tout ce qu'il cachait dans la cave ! Ça y est mon fils il vont l'enfermer. Comme si il avait besoin de quelque chose ! Votre père il travaille dur pour vous et vous vous ramenez de l'argent sale.Là je compris que personne n'est mort, je décidai alors de monter chez moi où papa parlait avec hammi Lhousine:
- La police est rentrée chez moi tu te rends compte ? La honte ! Je n'ai jamais eut affaire à la police moi, je savais qu'il n'était pas normal hedek loueld (ce garçon), toujours il avait de l'argent, toujours ! Il me disait qu'il travaillait mais je sentais que c'étais pas normal !
- Qu'est ce qu'il se passe hammi ?
Papa - Viens ma fille.
Hammi - Ton frère il va aller en prison.
- Mon frère ? Mais pourquoi ?Pour moi à l'époque la prison n'était faite que pour punir les gens comme Khalid ou encore ceux qui tuaient quelqu'un, mais mon frère était gentil, jamais il n'aurait fait de mal à qui que ce soit !
- Parce qu'il faisait des choses pas bien, il vendait des choses qu'on n'a pas le droit de vendre.
- C'est quoi qu'il vend ?
- De la drogue.La drogue, cette chose que les gens consomment et qui les consume. Cet ennemi qu'ils paient le prix fort afin de "s'évader", oublier leurs problèmes. Cette substance qui vous bouffe à l'intérieur, vous tue à petit feu, vous fait perdre vos facultés. Cette drogue qui prend le contrôle sur vos cerveau, vous rend dépendante, vous fait décrocher de la vie réelle. Cette drogue qui a conduit mon frère en prison...
A l'époque je ne savais pas vraiment ce qu'elle était, les conséquences qu'elle peut avoir sur les hommes, tout ce que je savais c'est que si on met les gens en prison pour ça, c'est que c'est vraiment quelque chose de mal et j'étais attristée de savoir que mon frère était quelqu'un de mauvais.
Enfin c'est ce que j'ai pensé de lui sur le coup mais en réalité mon frère n'est pas mauvais, il était comme tous ces jeunes que l'on trouve dans tous les quartiers populaires de France:
Il avait le mal de vivre, mal pour ses parents qui vivent dans des tours HLM, mal de voir son père aller au travail tous les matins, se casser le dos à l'usine, y laisser sa santé pour au final gagner juste de quoi payer le loyer, les factures et de quoi manger, le voir travailler pendant toutes ses années sans avoir la possibilité d'épargner pour sa retraite. Sa mère n'était pas joyeuse loin de sa famille, son père paraissait 10 ans de plus que son âge réel.
Il se sentait responsable de ça, de ce triste destin qu'on dut supporter ses parents pour avoir une vie meilleure, pour que lui et ses frères aient une vie à la hauteur de leurs attentes.
Il se sentait également coupable de ne pas être le fils prodige qu'ils voulaient avoir, d'avoir arrêté l'école si jeune, mais l'école ce n'était pas pour lui, il se sentait étouffé derrière un bureau, ne supportait pas l'autorité des professeurs, lui ce qu'il voulait c'était faire des thunes, ne comprenant pas à quoi bon sert de faire des études, pensant que de toute façon en France il est grillé, "J'ai pas besoin de vos diplôme il me faut des billets"Alors, ce jeune homme si tendre avec nous, qui m'appelait naturellement "petite soeur" alors que nous n'avions pas partagé le ventre de la même mère, qui me donnait de l'amour sans faire de différence entre le lait qui nous reliait et le sang, ce garçon qui avait tant d'ambition quand il parlait, qui était respectueux, qui aimait sa famille et qui voulait la sortir de la misère de ce quartier se fit prendre goûta à l'argent facile.
Il commença en tant que passeur, puis vendeur et finit par devenir un vrai trafiquant.
A la maison c'était un amour, dehors c'était un caïd. Ce dédoublement de personnalité lui servait à se faire une image dans ce milieu, à ne pas passer pour la personne dont on peut se jouer, mais aussi à rester transparent à la maison pour que personne ne se doute de rien. Il était respecté par les uns, détesté par les autres: la police.
Ils le traquaient, n'attendaient qu'un faux pas de sa part pour le faire tomber, et voilà qu'ils y sont arrivés.L'argent facile, sale, le business, appelez ça comme vous voulez, tout ce que je sais c'est qu'à cause de l'appât du gain des familles se brisent, des mères pleurent, remettent en question leur éducation, se sentent coupables de ne rien avoir vu, de ne rien avoir put faire pour arrêter leurs enfants, ces enfants qui ne veulent que gagner plus sans travailler plus, qui veulent rendre à leurs parents tout ce qu'ils leur doivent, qui veulent les voir heureux, insouciants face aux factures, qui veulent les apaiser à n'importe quel prix.
Ainsi mon frère Hakim, mon tendre frère allait être jugé et condamné à 18 mois de prison dont 12 fermes. Il allait passer un mois derrière les barreaux.
"Cher Hakim,
[Texte approximatif] Je lui écrivais des lettres toujours sur du beau papier à lettre ou sur des photos de nous en m'appliquant. Il me manquait mais bon, lui au moins je savais que j'allais le voir l'année suivante, c'est pas comme si il était mort. Il me répondait que je lui manquais aussi, qu'à sa sortie il me ferait un beau cadeau et que si quelqu'un m'embêtait je lui dise.
Moui Hafida ainsi que hammi Lhousine étaient vraiment tristes, à chaque parloir ma mouima revenait en pleurs, son fils lui manquait et ça lui faisait vraiment mal de le voir derrière les murs d'une prison.
Walid paraissait un peu plus fier, voir son grand-frère en prison pour lui c'était comme une consécration, il fait parti des gros caïd et allait se faire respecter encore plus.Le temps passe, cet été pas de vacances pour nous, papa me dit que c'est parce qu'il y a trop de travail mais bon, il est de plus en plus souvent à la maison, et il prend beaucoup de médicaments:
- Papa t'es malade ?
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Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El Hamdoulillah
General FictionChronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El Hamdoulillah