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Nous avions parler de tout, de rien, du bon vieux temps quand nous étions tous réunis sous le même toit car en effet, depuis la mort de papa nous étions tous dispersés à droite et à gauche, moi chez moui Hafida, Kamel chez Adil et Younes chez lui :

Le sujet d'Amine n'a pas été abordé mais ça m'avait fait du bien de parler de mon père avec un de mes frères, de voir qu'il ne manque pas qu'à moi. Son absence restera une épreuve jusqu'à la fin de ma vie, je priais Dieu de m'aider à être patiente sans lui, faire les bons choix, ceux qui ne l'auraient pas déçu s'il était encore parmi nous.

Après notre petite balade, Kamel me raccompagna chez moui Hafida. En rentrant j'ai rattrapé une prière, je me suis plongée dans la lecture du Coran et j'ai demandé à Dieu de m'aider et me faciliter pour les épreuves du bac de cette année. Je me suis alors replongée dans mes révisions en espérant que les mots s'impriment plus facilement dans ma tête.

Le Messager d'Allah (Paix et Bénédiction d'Allah soient sur lui) a dit : "Tout musulman sur terre qui adresse une demande à Allah, Allah lui donne ce qu'il demande ou Il repousse de lui un mal, tant qu'il ne demande un péché ou la rupture du lien de parenté"
[Rapporté par At-Tirmidhi]

Les jours qui suivirent ressemblèrent beaucoup à celui là, sans la balade. Pendant une semaine et demi j'étais concentrée sur mes livres, Nacer s'enfermait dans une autre chose pour réviser ses épreuves aussi lui qui était en première S. Hammi Lhousine nous disait souvent :
- On dirait que tous nos enfants nous ont quittés.

En effet, Walid était parti tenté sa chance à Paris afin de trouver un bon travail et surtout il ne voulait pas finir sa vie dans une petite ville, il avait des rêves de grandeur, de l'ambition et surtout une tchatche qui l'aidait beaucoup dans sa vie de tous les jours, Hakim était maintenant chez lui avec sa femme et moi et Nacer étions là sans être là.
Les épreuves se sont bien passées, je pensais avoir bien réussi, ou du moins je l'espérais. Le stresse n'avait pas été un frein, je savais laisser ma timidité de côté quand il le fallait et me lancer le moment voulu.

J'avais trouvé un travail dans un restaurant en tant que serveuse pour les grandes vacances malgré mon jeune âge, mon frère Adil qui connaissait le patron avait appuyé ma candidature ce qui m'avait beaucoup aidé.
Les résultats confirmèrent mon bon pressentiment, j'avais réussi toutes les épreuves, Nacer aussi, me voilà en Terminal ES, l'année du bac était arrivée et le choix définitif de l'orientation que l'on voudrait prendre pour le reste de notre vie professionnel également.
Je voulais passer le permis de mes propres moyens, et donc ces sous allaient me servir dans ce but.

Pendant cette année, j'étais en contact permanent avec Amine qui était revenu dans notre ville où il avait trouvé un travail dans une agence immobilière. Nous avions prit la décision de ne pas nous voir, pour éviter les tentations et par conséquent, nous ne nous considérions pas comme étant un couple. Il n'avait pas le droit de voir ailleurs, moi non plus, mais chacun était célibataire, nous nous étions simplement promis l'un à l'autre.
J'étais inscrite au code que j'ai obtenu au bout de 5 mois et 2 tentatives, j'attendais avec impatience d'avoir mon permis de conduire pour bénéficier d'une certaine autonomie, pouvoir aller chez mes frères seule, me sentir un peu plus grande.

J'ai toujours voulu acquérir de l'autonomie, ne plus me sentir dépendante des autres car j'avais l'impression d'être un poids. N'ayant plus mon père j'avais du ma à demander de l'argent aux gens quand j'en avais besoin, j'étais mal à l'aise, je savais qu'ils avaient des obligations et je me sentais comme un poids pour eux. Je voulais donc travailler pour payer mon permis pour ne pas avoir à demander à l'un de mes frères de le faire pour moi, ensuite je voulais travailler pour m'acheter une voiture pour ne pas demande celle des autres et pouvoir... Je ne voulais plus être un boulet, que les gens se sentent obligés de m'aider même si ses gens sont ma famille.

Au mois d'Avril 2006, Amine me dit :
- Ecoutes Naïma, j'ai parlé de toi à ma mère, c'est bon mais je sais pas qui je dois aller voir chez toi.
- Pourquoi tu veux venir voir quelqu'un chez moi ?
- Pour te demander en mariage !
- Mais j'ai que 17 ans, j'ai même pas encore passé le bac.
- Je t'ai pas dit qu'on allait se marier le lendemain, je veux juste qu'on officialise, que nos familles soient au courant.
- Je sais pas, je te redirais ça plus tard.

Le soir en rentrant, je demandai à Moui Hafida :
- Il y a quelqu'un qui veut me demander en mariage.
- Qui s'est ?
- Amine...
- Mais tu es trop jeune pour te marier.
- Je le sais mais je préfère me marier avec lui que de rester à lui parler pendant des années sans qu'il n'y ait rien d'officiel. Je sais que je veux finir ma vie avec lui, je ne vois pas l'intérêt d'attendre.
- Tu es sûre de toi ?
- Oui depuis que je le connais je suis sûre.
- Dis lui de venir me parler, in cha Allah i koun lkheir (si Dieu le veut, ce sera que du bon)

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant