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Il m'emmena acheter une glace et nous nous baladions ensemble. J'étais sur un petit nuage, j'étais bien, j'avais ce que je voulais, je l'avais lui :
- Mais t'étais jalouse quand je t'ai dit que j'allais me marier.
- Franchement oui, ça m'a fait un pincement au cœur, j'étais dégoûtée que tu en aimes une autre.
- Pourquoi tu m'as jamais dit que tu me kiffais.
- Parce que ça se fait pas.
- T'es une ancienne Naï-Naï, t'attends que le gars fasse le premier pas !
- Ca me parait assez logique que les choses se déroulent comme ça.
- En effet votre majesté je suis tout ouïe.
- Tu aimes dire n'importe quoi.
- C'est ta beauté qui me déstabilise ! Franchement j'arrive pas à imaginer qu'une aussi belle fille fasse caca, tu fais caca toi ?
- (MDR) T'es fou, c'est quoi ces questions ?
- Réponds !
- Non c'est n'importe quoi.

Et il continuait à me taquiner pour détendre l'atmosphère, pour me mettre à l'aise. A chacun de ses sourires je voyais sa fossette se creuser et ses yeux pétiller, et quand il m'expliquait sérieusement comment il voyait son avenir il levait son sourcil, je voyais en lui mon père, sa présence m'apportait le même réconfort, bien être et la même joie.

- On se marie l'année prochaine in cha Allah.
- On verra d'ici là.
- Non, je t'explique : tu passes ton bac, on se marie, tu continues tes études moi je travaille. C'est pas un soucis !
- On verra Amine in cha Allah.
- Dis moi oui !
- In cha Allah !
- Noooon, dis moi OUI AMINE JE VEUX T'EPOUSER L'ANNEE PROCHAINE.
- Oui Amine je veux t'épouser l'année prochaine.
- Et voilà, je suis comblé, Naïma si je te dis un truc, jure moi que tu vas pas te sentir fraîche après.
- Comment ça ?
- Tu vas pas faire la belle, tu vas pas faire la meuf mortelle quoi.
- Oui t'inquiètes, tu me connais, dis.
- Wallah quand t'es avec moi, je suis vraiment bien, là j'ai envie de te prendre dans mes bras mais j'ai pas envie de te salir, t'es trop belle pour ça, Naïma je sais pas comment te le dire, mais je sais que c'est toi et personne d'autre que je veux.

Je l'ai alors regardé droit dans les yeux sans détour, je lui ai sourit et je lui ai répondu :

- Si je me sens fraîche tu peux te sentir frais aussi parce que je ressens la même chose que toi.
- Pourtant j'aurais cru que tu t'en foutais de moi.
- C'est normal, tu me disais toujours que j'étais comme ta sœur, j'allais pas te dire « non je ne suis pas ta sœur, je suis une fille qui t'aime »
- C'était du pipeau, je suis un mytho moi faut pas croire à ça, je voulais voir comment tu réagirais et comme je voyais que tu t'en foutais j'ai fait le gars pas intéressé mais maintenant on va se marier in cha Allah.

J'étais comblée par ses déclarations, je voulais avancer le temps et arriver au moment où je serais mariée avec lui, je ne voulais plus le quitter, je voulais être sûre qu'il soit à moi avant qu'il ne change d'avis. Ca y est, Amine sera avec qui je compléterais ma foi in cha Allah alors le lendemain je me suis chargée de dire à Jaoued de ne plus rien espérer, que lui et moi n'avions pas d'avenir mais je ne savais pas par où commencer :

- Je t'aime bien Jaoued mais pas au point de me marier avec toi.
- Tu kiffes l'autre **** d'hier c'est ça ?
- Pourquoi tu l'insultes ? Il n'a rien à voir dans l'histoire, c'est de nous deux que je parle là pas de moi et un autre.
- Mais tu le regretteras Naïma tu verras !
- Je regretterais quoi ?
- Tu trouveras jamais un homme qui te respectera comme moi, j'ai jamais essayé de poser une main sur toi parce que je te voulais en tant que femme et ça tu retrouvera personne qui le fera !

Amine n'avait jamais eut de gestes mal placés avec moi, Jaoued se sentait exceptionnel et cela m'insupporta et me conforta dans mon idée que je ne pouvais pas finir ma vie avec un homme qui m'agaçait comme lui.
Je n'avais aucun regret si ce n'est celui de l'avoir fait espéré pour rien, j'avais l'impression d'être mauvaise, de le faire souffrir parce que dans son regard je voyais qu'il m'en voulait.

- Je suis désolée, je ne cherche pas à te blesser, tu es quelqu'un de bien, je n'ai rien à te reprocher mais justement, tu es gentil mais je ne ressens rien de plus que de l'amitié pour toi, ça veut bien dire que ce n'est pas possible de continuer.
- Garde tes excuses et tes disquettes pour toi, t'inquiètes pas que des meufs j'en ai par poignées moi ! Tu verras.
- Je cherche pas à te mettre de disquette, je suis sincèrement désolée ! Je te souhaite de trouver une femme qui sauras t'aimer comme moi je n'ai pas su faire.
- T'as cru on est dans un film américain ? Vas y bouge de devant moi, c'est bon j'en ai rien à foutre de ta gueule, je te kiffais pas non plus, c'était juste histoire d'avoir une femme bien mais t'es pas la seule sur Terre !

Je ne comprenais pas sa réaction sur le moment mais avec le recule je pense que c'est sa fierté qui a dut en prendre un coup, lui qui avait été droit et sincère avec une fille venait de se faire refouler. Je ne voulais pas m'énerver plus contre lui et je lui ai juste rajouté :
- Prends le pas mal, je t'aime bien malgré tout Jaoued. Salam.

J'ai fait demi-tour et m'en suis allée rejoindre la salle de classe.
Le jour du mariage de Hakim était arrivé. C'était au mois de Juin, je passais les premières épreuves du bac et je ne voulais pas perdre un week-end qui aurait put m'être bénéfique aux révisions mais je n'avais pas le choix. Je suis donc allée au coiffeur avec Dounia, la femme à Hakim, j'avais fait des anglaises à mes cheveux qui étaient vraiment longs, le résultat me plaisait tout particulièrement (c'était la première fois que j'étais aussi satisfaite d'une coupe) et l'aie accompagnée à l'esthéticienne. Elle me demanda de me maquiller un peu « pour être belle pour elle ». Je ne pouvais pas lui refuser ça et me laissai donc faire.

Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) nous interpelle ici vers une réalité qui a été exprimée clairement dans le Qour'aane : la considération divine ne porte par sur l'aspect extérieur, les traits ou les qualités apparentes de l'être humain; ce qui fait l'objet de jugement –et donc de rétribution - de la part d'Allah, ce sont bien le cœur et les actions humaines, et nullement sa race, son origine, sa couleur, sa langue, sa physionomie... En d'autres mots, le critère de valorisation aux yeux du Créateur, c'est la Taqwâ –la crainte révérencielle-, qui siège au fond du cœur et qui s'exprime nécessairement, en apparence, par les bonnes œuvres.

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant