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Vingt deuxième partie ( Merci Mimi Azizounétte Itaqilléh ♥ )


Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim


Je venais en un an de perdre mes grands-parents, mon frère était en prison, je n'étais plus en primaire mais au collège. Tous ces changements ont fait de moi une fille encore un peu plus renfermée, encore plus timide.
Je n'étais pas dans la classe à Nacer cette année là, j'étais seule, dans une classe ou je connaissais beaucoup de têtes qui venaient pour la grande majorité du quartier. Il y avait deux garçons qui avaient redoublé deux fois, il avaient 13 ans et étaient assez chahuteurs, le reste avait entre 11 et 12 ans mais je n'avais pas envie de parler avec eux.

J'étais vraiment triste d'être séparée de mon frère, moi qui avais l'habitude de toujours être assise à côté de lui en classe, voilà que je me retrouvais seule. Je me mettais toujours devant, je tâchais d'écouter à l'école, j'écoutais avec attention, prenais plaisir à écrire mes cours avec soin.
Je ne participais que quand les profs me le demandaient, je n'allais jamais lever la main pour répondre à une question pourtant, la plupart du temps, j'avais les réponses.

Dans la classe le bruit me gênait mais j'essayais d'en faire abstraction. Les professeurs n'avaient même plus envie de faire classe, ils devaient en avoir marre des élèves qui répondent, qui se battent en classe, qui font les caïds alors qu'à leur âge ils devraient encore jouer aux petites voitures.
Je m'en sortais avec les meilleures notes de la classe, les autres n'avaient jamais cherché à me parler et ça m'allait très bien. Je ne les portais pas dans mon coeur, je n'aimais pas leur attitude, je ne comprenais pas comment ils faisaient pour ne pas vouloir travailler, apprendre...

Les profs voyaient bien que j'avais de très bons résultats mais que j'étais en quelque sorte une petite insociable, que je n'avais pas de copines. Et vous connaissez le système, quand deux profs discutent entre eux d'un élève, un autre s'en mêle, jusqu'à ce que l'information arrive au bureau de la conseillère d'éducation. Je n'avais pas échappé à ce rituel, ainsi, un jour, la CPE me convoqua.
Je ne comprenais pas pourquoi, ni ce qu'elle me voulait, c'était la première fois de ma vie que j'étais convoquée quelque part et j'avais vraiment eut peur:

- Bonjour Naïma, rentre, viens assieds toi.
Je m'assied en face d'elle, mes mains tremblaient, mon coeur battaient, je n'avais rien à me reprocher mais j'avais peur de ce qu'elle allait m'annoncer.
- Tu sais un peu pourquoi je t'ai convoquée dans mon bureau ou pas du tout ?
- (Je baisse la tête et joue avec mes mains) Non.
- Tu n'as même pas une petite idée ?
- ...
- En classe ça se passe bien ? Tu t'entends bien avec les autres ?
- Je les connais pas, j'ai pas de problèmes avec eux.
- Mais tu as des copines un peu ?
- ...
- Ne t'inquiètes pas Naïma, je ne suis pas là pour te punir, au contraire, je devrais te féliciter pour tes résultats, tu as fait un excellent premier trimestre, le deuxième s'annonce encore meilleur d'après ce que les professeurs m'ont dit mais je m'inquiète plus pour toi dans la classe. Tu n'as pas l'air d'avoir de copine ni de copain, tu ne parle à personne, tu ne participes que quand on t'interroge, tu me paraît un peu fermée au monde extérieur. Et à la maison tout se passe bien ? Tu t'entends bien avec tes frères et soeurs ?
- Oui oui...
- Et tu ne veux pas te faire de copains dans la classe ?
- ...
- Regardes moi dans les yeux (je lève le regard pour supporter son regard en plus de ses questions) tu te sens bien à l'école ?
- Oui, j'aime beaucoup l'école, je veux apprendre.
- Mais avec les autres je parle.
- Ils ne me cherchent pas, ils ne sont pas méchants avec moi.
- J'aimerais voir tes parents pour en parler, tu préfères que je prenne rendez-vous avec ton papa ou ta maman ?
- J'ai que mon père.
- Ah je suis désolée. Donnes moi ton carnet.

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant