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Je monte dans la voiture après avoir embrassé tout le monde. Mes tantes et ma grand-mère étaient en pleure, je ne savais plus où donner de la tête, plus elles pleuraient plus elles me donnaient envie de verser des larmes. Alors je leur fis un dernier coucou à travers la vitre de la voiture et me blotti contre moui Hafida qui me caressait les cheveux et m'embrassa le front:
- Tu reviendras les voir pendant les grandes vacances allé calmes toi, Younes, Kamel, Nacer, Walid et Hakim ils t'attendent, tu veux les voir nan ? Ou alors tu veux rester là avec eux ?
- No..on ...
- Alors calmes toi hbiba, tu les appelleras au téléphone.

Après une bonne demi heure de pleure je finis par m'endormir dans les bras de ma mouima.
[...]
- Réveilles toi Naïma allé.
J'ouvris les yeux non sans difficulté et je vis mon frère Adil devant moi. Je regardai autour de moi, << je connais cet endroit >>>, c'était le garage du bateau.
- On est dans le bateau allé viens on monte.
Il me tira par le bras pour me relever et je mis mes pieds au sol, je lui demandai directement de me ramener sur le pont. Alors pendant que papa faisait la queue pour les papiers nous montâmes avec moui Hafida et mon frère sur le pont du bateau.

Après plusieurs minutes, le bateau démarra... Je regardai petit à petit le sol marocain s'éloigner de moi, plus il rapetissait plus je pensais à ma famille, en particulier à hnini. Ma gorge se nouait un peu plus, j'avais envie de pleurer une nouvelle fois mais je me retins.
Puis quand on ne le vit plus du tout je regardai la mer, elle prenait beaucoup de place:
- Moui Hafida c'est Allah aussi qui a fait la mer ?
- Oui benti, Allah a fait tout ce qu'il y a sur Terre.
- Même les arbres ?
- Oui même les arbres, même les animaux..., tout ! Dieu est grand.

Il est vraiment fort ce Dieu, moi je n'arrive même pas à faire un beau dessin et Lui il arrive à faire tout ça...
- Mais Dieu il est comment ? Il est où ?
- Il ne ressemble à rien qu'il y a ici, personne ne peut l'imaginer.
Adil - Allah est partout, Il voit tout, entend tout. Quand tu fais du mal Il te voit, quand tu fais du bien Il te voit.

Ouuuaaah moi qui pensait qu'Il était un homme grand en taille qui vivait dans le ciel, j'étais loin. Adil me proposa d'aller acheter quelque chose, j'acceptai bien entendu et je pris à manger dans la cafétéria du bateau. Quelques heures plus tard, nous voilà en Espagne, l'Europe, ce continent que je n'avais pas vu depuis maintenant plus d'un an.
Pendant le trajet je regardais beaucoup par la fenêtre les paysages qui défilaient sous mes yeux. Gloire à Allah, je pensais:

<< Il est trop fort Allah, c'est Lui qui a fait tout ça ! Ouuuah >>

Je dormais un moment et en ouvrant les yeux je voyais un nouveau paysage, plus vert encore, Allah est un artiste, les signes nous entourent, la beauté de ce monde est un signe, notre existence est un signe...

Je n'avais jamais vu les choses sous cette angle jusqu'à mon départ du Maroc. Tout à coup je voyais la grandeur d'Allah dans Sa création, dans chacune des choses qui m'entourait.
J'avais apprit à aimer des choses sans les voir: ma mère, Allah, Mohamed (Que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui).
J'avais vécu de dures épreuves qui, paradoxalement avaient adoucie mon coeur.

Nous arrivâmes en France très rapidement grâce au relayage de papa et Adil en tant que conducteur. En approchant de chez moi je reconnu le paysage de mon quartier, les bâtiments, les rues, les parcs, je n'avais rien oublié et rien n'avait changé.
Puis la voiture se gara dans le parking en bas de notre bâtiment. Je descendis:
- Papa, je peux aller sonner s'il te plaît.
- Oui vas y !

Je courrai vers notre entrée, appuyai sur le bouton en face de notre nom, personne ne répondit. J'insistai, toujours rien... Je me décidai alors de sonner chez moui Hafida et la voix de hammi Lhousine surgit:
- C'est qui ?
- Hammi !! C'est moi ! C'est Naïma !
- Naïma benti ? On arrive tout de suite !
Derrière j'entendais les voix des garçons dire "oh ils sont rentrés ?". J'étais toute excitée, je voulais courir de partout, je voulais embrasser tous les gens qui passaient, je me sentais renaître, je me sentais enfin chez moi.

Quelques secondes plus tard je vois toous mes frères, que ce soit de sang ou de lait arriver et ouvrir la porte avec hammi Lhousine. Ils avaient tous un graaand sourire. Ils sortirent du bâtiment et Kamel me fit un bisou:
- Tu m'en veux pas ? Il s'est passé quoi dis moi !
Hammi - Laisses nous lui dire bonjour, elle nous a manqué à nous aussi !

Alors je fis des bisous à tout le monde, j'avais eut le droit à pleins de câlins et j'étais vraiment bien, mes soucis étaient réglés, je recommence une nouvelle vie. Les garçons aidèrent à porter mes affaires et nous montâmes. Je suis allée jouer dans la chambre avec Kamel et Nacer:
- Tu m'en veux pas ?
- Non, mais t'avais juré, c'est pas bien.
- Je pouvais pas le garder pour moi, c'était trop grave.

Puis il me demanda des explications sur la suite des évènements, je lui racontai, Nacer était tout ouïe quand soudain papa m'appela:
- NAAAIMAAA !
Je le rejoignis dans le salon où il était avec hammi Lhousine et Adil:
- Allé benti, c'est l'heure de la prière.
- Papa je suis fatiguée.
- Tu l'as commencée donc tu continues, c'est pire de l'arrêter et la reprendre à chaque fois que de ne pas la faire, allé viens s'il te plaît.

Il avait raison, et puis avec tout ce que je venais de voir j'étais persuadée de l'existence d'Allah, je devais alors faire tout pour Lui plaire, à commencer par la prière.

Le Prophète (paix et bénédictions d'Allah soient sur lui) a dit :
« Le pacte qu'il y a entre nous et eux, c'est la prière, et celui qui la délaisse aura certes mécru. »
(Rapporté par At-Tirmidhi).

Je suis donc allée faire mes ablutions, me couvrir et j'ai prié avec papa et hammi Lhousine pendant que moui Hafida préparait le repas. A la fin, hammi me prit dans ses bras et me dit:
- Ma cha Allah tu es forte benti, je crois que même moi j'aurais oublié la religion à ta place, tu es forte.
Papa - C'est la fille de Abdeslam et Naïma ça.
Moui HAfida de la cuisine cria:
- ET ELLE A BU LE LAIT DE HAFIDA !!
Hammi - Et manger la nourriture de hamha (son tonton) Houssine.
Papa - Ma fille elle est forte, sa mère n'est pas morte pour rien, elle nous a laissé une guerrière.

J'étais contente de moi, je me sentais bien. Adil intervint:
- J'ai honte quand je la vois wallah, regardez moi, je prie pas alors qu'à côté d'elle j'ai de la chance... J'ai honte.
Papa - C'est jamais trop tard, vas faire l'oddo et prier.
- Je commence demain papa in cha Allah.
Il prit un livre de la bibliothèque du salon et s'en alla dans sa chambre. Moi je repris ma vie, je jouais avec Nacer, le reste des garçons étaient sortis.

Je retournai à l'école une semaine plus tard, je ne me sentais pas en retard par rapport aux autres contrairement à ce que la maîtresse appréhendait, je lisais même mieux que la plupart des élèves de ma classe. Ahh là revoilà ma petite école, celle où je vais avec Nacer et ma mouima tous les soirs, tout va tellement mieux comme ça.

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant