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J'ai alors dit à Amine que s'il voulait quelque chose il devrait venir la voir elle, ma mère de lait, celle qui m'a élevée. Il voulait en parler à Kamel par respect, ce que je compris et que j'acceptai.
Il a donc annoncé à sa mère qu'elle allait rencontrer moui Hafida, sa famille étant du quartier connaissait mon histoire, ce qui m'arrangeait car je n'aurais pas voulut me justifier auprès d'inconnu qui penseraient que le mariage de leur fils avec une « orpheline » serait une bonne action. Celle-ci était ravie, elle me voyait comme la «belle fille » idéale d'après lui, qu'elle « rêvait secrètement » de me voir mariée à l'un de ses enfants.

Le bac approchait à grand pas, c'était la première semaine des vacances. Je consacrais mon temps libre à réviser, prendre de l'avance pour ne pas me sentir débordée au dernier moment. La rencontre entre moui Hafida et la mère d'Amine était prévu pour le week end. Je ne voulais pas y penser mais c'était plus fort que moi. Je stressais à l'idée que cette femme me questionne, ne m'aime pas, soit déçue...

Je priais pour que le temps passe doucement mais malheureusement, l'effet inverse se produit et le fameux Samedi arriva.

Cette journée, j'avais mit mes révisions de côté et je m'attelais à la tâche dans la cuisine afin d'aider moui Hafida à préparer le goûter. En effet, la rencontre était prévue dans l'après midi autour d'un simple goûter pour ne pas rendre la chose trop « officielle » mais je trouvais pourtant qu'elle l'était.
Moui Hafida m'a demandé de m'habiller comme il se devait, me faire joli pour ma future belle-mère. Ce terme me faisait peur, je n'ai pas de bon souvenir avec celle qui a été ma belle mère auparavant, certes les choses sont différentes, mais j'ai toujours eut une certaine peur vis-à-vis des femmes extérieures à la famille. J'avais peur qu'elles me fassent du mal, qu'elles m'en veuillent ou tout simplement qu'elles ne m'aiment pas. Cette peur n'a fait que me rendre un peu plus renfermée sur moi-même, plus timide.

Je suis donc allée m'habiller en prenant du plaisir comme tous les jours à choisir ma tenue. J'ai toujours aimé les vêtements, je prends un plaisir fou à accorder ma tenue, l'embellir avec des accessoires.

Mon portable vibre : un nouveau message de Amine

< Salam ma future femme, on arrive dans 2 minutes ! >

En lisant ça, mon cœur fit un bon, je paniquai, je ne savais plus où me mettre, si j'avais pu faire demi tour je l'aurais fait sans hésiter. Et comment ça « on arrive » ? Pourquoi est-ce qu'il vient lui ? Je ne saurais pas être naturelle devant lui, je vais être mal à l'aise.

On sonna à la porte, moui Hafida ouvrit :
- Asalamou aleikum, venez rentrez, vous êtes les bienvenues.

J'entendis une voix douce répondre, la voix d'une dame, calme, douce, posée. Puis la porte de ma chambre s'ouvrit, c'était mon frère Kamel :
- Oh qu'est ce qu'il t'arrive ? On dirait t'as vu un fantôme !
- Il y a qui là ? Pourquoi t'es là toi ?
- J'allais pas laissé mon pote venir parler de ma petite sœur sans moi non ? Je suis venu avec lui et sa mère.

J'étais vraiment rassurée que mon frère soit là, j'allais me sentir moins seule, il allait détendre l'atmosphère comme il se doit. Je vais dans la cuisine, prend le plateau de thé comme me l'a demandé ma mouima et rentre avec à la cuisine. A ce moment là je me disais << in cha Allah ya Rabb que je ne tombe pas !! >>. C'était ma seule peur : rater mon entrée.

Je franchis le pas de la porte du salon, les yeux rivés sur mon plateau, puis quand je les lève pour dire : Asalamou aleikum, je croise le regard de la mère d'Amine rivé sur moi. Je me suis sentie vraiment mal mais je me suis forcée à lui sourire. Je lui fis la bise, serrai la main d'Amine et m'assit près de moui Hafida. La mère d'Amine me dit :
- Viens t'assoir à côté de moi ma fille.
Je me sentis vraiment gênée mais je ne bronchai pas et lui fis ce plaisir.

- Ma cha Allah comme tu es belle !!
- Barak Allahou fik khalti...
- Tu sais tout le monde ne parle que en bien de toi au quartier, tu es une fille très gentille, tu n'es jamais dehors, mon fils je le comprends.
Moui Hafida – Ma sœur je ne dis pas ça parce que c'est ma fille mais vraiment moi-même si j'étais un jeune garçon je me marierais avec elle.

J'ai alors regardé Amine qui avait un grand sourire, ne paraissait pas trop gêné et Kamel lui me fis un clin d'œil, peut être pour me rassurer.

Kamel – Meskina elle est devenue toute rouge, elle a pas l'habitude des compliments.
Sa mère – Pourquoi rougir ? Quand on te dit la vérité il ne faut pas rougir.
- Je ne rougis pas khalti.
- Alors c'est quand que tu te maries avec lui là (en montrant son fils d'un signe de la tête)

Alors là je rougissais, je le sentais moi-même, j'étais devenue rouge et chaaaaude ! Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me pose la question comme si elle me demandait de lui acheter une flûte. Je crois que je m'attendais à plus de tact de sa part, et bien c'était raté.

Moui Hafida – Je suis d'accord moi benti, maintenant il faut voir avec Adil.

Je ne comprenais pas très bien. Pourquoi faire un goûter tout ça pour avoir mon accord si eux même l'était ? Moi bien sûr que j'étais d'accord sinon je ne lui aurais pas donné le feu vert pour venir avec sa mère. Je baissai la tête et me tus.

Sa mère – Ma cha Allah elle est timide en plus, pas comme les filles de maintenant.

Puis les deux femmes firent des youyou alors que mon visage commençait à ressembler à une vraie tomate.

Aïcha (ra) a demandé au Prophète: « La fille que sa famille veut marier, doit-on avoir son consentement ou non ?
- On ne la marie qu'après son consentement, répondit il
- Elle est pudique, lui dit Aicha .
- Son consentement consiste donc dans son silence, dit le prophète »
(hadith par al Boukhari)

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant