Ce jour là lui et Kamel me ramenèrent à la plage. Après 3 heures de route nous étions arrivés, les garçons installèrent les serviettes, le parasol et enlevèrent leurs t-shirt pour être enfin prêts à se baigner. J'avais mit mon maillot de bain sous mes habits mais je ne parvenais pas à me mettre à nue devant tant de gens et devant Amine qui me dit :
- Allé viens te baigner !!
- Je peux pas.
- Pourquoi ?
- Je peux pas me mettre en maillot de bain ça craint trop.En effet je ne pouvais pas montrer ce corps de femme que j'avais maintenant, ce serait mal, j'avais lu qu'une femme devait se préserver or j'étais devenue une femme quelques mois plus tôt.
D'après Abou Horaïra, le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « La foi compte soixante et quelques branches et la pudeur (ou la réserve) en est l'une d'elles. »
(Rapporté par Al-Boukhari).Mon frère me sourit également sans chercher plus à comprendre, il me connaissait bien assez et cria :
- ET BAH ALLER !! ON Y VAAAA !Ils coururent tous les deux, je les suivis et nous plongeâmes dans l'eau salée, nous riions aux éclats, ils me giclaient de l'eau dessus, me mettaient la tête sous l'eau.
Amine m'attrapa par derrière, me serra fort contre lui, à ce moment j'ai eut une étrange sensation dans mon ventre, j'étais ailleurs, j'étais à la fois mal à l'aise et bien, l'instant fut très court car ensuite il me souleva et me jeta dans l'eau mais j'avais l'impression que le temps c'était arrêté.
Quand ses mains se sont posées sur moi je ne ressentais pas du dégoût, même quand je le regardais je ne le voyais pas comme les autres garçons, avec lui tout était différent. Et puis souvent je me posais cette même question : mais à qui me fait-il penser ?La journée fini nous sommes rentrés à la maison et sommes montés directement sur le toit (les toits des maisons marocaines sont des terrasses) Depuis ce jour là, el hamdoulillah je ne me suis plus jamais mise en maillot de bain. Après quelques minutes, Kamel qui était épuisé nous a quitté pour aller se reposer, je restais donc seul avec Amine :
- C'était bien aujourd'hui, avoues que t'as pas eut de meilleur anniversaire dans ta vie.
- Oui on a bien rigolé.
- Franchement tu m'as étonné quand t'as pas voulu te mettre en maillot, je m'y attendais pas, tu fais les bons choix alors que t'es petite.Je détestais qu'il me rappelle que je suis petite, certes nous avions 4 ans de différence mais il n'était pas obligé de me le rappeler. Je n'ai donc pas répondu à ça et il remarqua donc qu'il m'avait vexée.
- Prends le pas mal, t'es petite en âge mais dans ta tête t'en as plus que n'importe quelle fille de mon âge que je connais.
Je répondis par un sourire, il s'était bien rattrapé, puis il continua :
- Et mais en fait, t'as vécu au bled toi non ?
- Pas longtemps.
- Comment ça se fait ? J'ai pas cherché à en savoir plus j'avais pas envie que ton frère se fasse des films.
- Mon père c'était marié avec une femme d'ici, elle ne voulait pas aller vivre en France et elle a proposé de me garder avec elle donc voilà, mon père m'a laissée avec elle.
- Allah y rahmo.Les souvenirs refirent surface et mes larmes les ont suivit, comme si les uns ne pouvaient être sans les autres. Une larme s'échappa de mon œil et se laissa couler sur ma joue.
- Pleures pas excuses moi, je voulais pas e rappeler ton père.
- Non c'est pas pour ça que je pleure t'inquiètes c'est rien.
- C'est pourquoi ?
- Pour rien.
- Tu veux pas en parler ?Je mourrais d'envie de lui en parler, peut être me comprendrait-il un peu mieux, je voulais qu'il sache tout, je ne voulais pas lui cacher et puis il m'inspirait confiance, il était tellement calme, tellement gentil...
Je me suis assise et lui ai dit :
- Tu veux vraiment savoir ?
- Si tu veux pas en parler laisses tomber wallah.
- La femme à mon père elle me frappait et son frère il...
J'ai éclaté en sanglot, preuve que la douleur ne s'efface jamais, elle se cache et réapparaît de temps à autre quand on se rappelle d'elle.
- Il quoi ? Ils habitent où ces gens là ??
La haine se lisait dans ses yeux, je l'ai trouvé plus beau que jamais, j'étais flattée qu'il soit énervé, il ne supportait donc pas l'idée qu'on m'ait fait du mal, cela voulait peut-être dire qu'il tenait un peu à moi au fond de lui. Alors je me suis confiée et pour la première fois de ma vie je l'ai dit en regardant le sol :
- Il m'a violée.
Ca me faisait du bien de lui en parler, de me sentir écoutée, je voulais qu'il le sache je ne sais pas pourquoi mais je le voulais vraiment. Il s'assied à côté de moi et me prit la main.
- L'enflure ! Allah y nhal sheitane t'avais quel âge ?
- De 6 à 7 ans.
- J'ai envie de le trouver et de le tuer !!
- C'est une épreuve, mon père m'a toujours dit qu'on est éprouvés pour que Dieu voit à quel point on l'aime, à quel point on est prêts à être patients pour Le voir et être à Ses côtés au Paradis.
- Ma cha Allah, ton père c'était le plus vrais des vrais !J'ai rit à travers mes larmes, si mon père avait entendu dire qu'il est « le plus vrai des vrai » je pense son rire se serais mêlé au mien.
VOUS LISEZ
Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El Hamdoulillah
General FictionChronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El Hamdoulillah