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Trente septième partie (Merci Asma <3 )


Bismi Llah Al-Rahman Al-Rahim

Je suis rentrée, je me suis habillée et suis sortie immédiatement pour aller à l'hôpital avec Kamel.
C'était déjà 4 heures quand je suis arrivée là bas avec mon frère, nous sommes rentrés dans la chambre à mon père et j'ai embrassé mon père.

- Alors c'était comment la mosquée ?
- Papa c'était magnifique, tout le monde prie en même temps, on dirait qu'on formait une seule personne à nous tous.
- C'est ce qu'on appelle la communauté musulmane. Les personnes qui étaient avec toi sont toutes tes sœurs, qu'elles soient arabes, noires, chinoises, françaises ou autre, tu dois les aimer en Allah.
- Comment ça ?
- Tu dois les aimer pour Dieu, parce qu'Il veut que les musulmans s'aiment entre eux, Il veut qu'on soit soudés.

Allah, qu'Il soit exalté, dira le Jour de la résurrection :
« Où sont ceux qui se sont aimés en Ma gloire, aujourd'hui Je les abriterai dans Mon ombre, ce jour où il n'y a nulle autre ombre que la Mienne. »
(Rapporté par Muslim).

Je découvrais donc qu'être musulmane ce n'était pas seulement prier, respecter mes parents et voisins, avoir un bon comportement, c'était aussi faire partie d'une communauté, devoir aimer les gens.

- Papa Khalid il est musulman et Fatima aussi ?
- Oui ma fille et Dieu sait mieux, et d'ailleurs je les ai appelé il y a deux jours.
- POURQUOI ?
- Pour leur demander pardon.
- Pardon ? Pardon de quoi ?? C'est eux qui doivent demander pardon !
- Parce que je ne veux emmener aucune rancune dans ma tombe, aucun conflit, je veux partir serein.
- Mais papa c'est eux qui m'ont fait du mal !
- Je le sais ma fille mais celui qui fait le premier pas pour mettre fin à un conflit est meilleur que celui qui reste dans son coin à attendre la mort.

Franchement je n'avais pas du tout comprit le geste de mon père, je pensais que sa maladie le faisait délirer, qu'il devenait fou mais il n'avait pas put faire ça en étant sein d'esprit. Pardonner à Fatima encore, bon à la limite d'accord mais à Khalid, ce monstre qui m'a fait du mal et qui m'a brisée et salie !! Ca se n'était pas tolérable.

- Nan mais papa tu te rends compte, on dirait que tu leur donnes raison là !
- Ahoudoubi Llah (je cherche refuge aurpès d'Allah), ne me parle pas comme ça Naïma, je t'ai dit que je ne me pardonnerais jamais à moi ce qu'il t'est arrivé mais je dois pardonner aux autres parce que c'est mon devoir de musulman. C'est ma place au Paradis qui est en jeu là, tu veux que ton père aille en Enfer ? Tu crois que je ne mérite pas le Paradis ? Que je dois être orgueilleux et ne pas pardonner ?
- J'ai pas dit ça mais en quoi leur pardonner ça t'emportera au Paradis.
- Le pardon c'est un devoir, on est obligé de pardonner. Le prophète (que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui) a dit que si deux personnes meurent alors qu'elles sont en conflit elles n'entreront pas au Paradis. Je ne veux que toutes mes prières et tous mes actes soient détruits par orgueil de ma part. Je leur laisse Dieu Tout Puissant pour les punir. Maintenant va faire tes ablutions et prends le Coran, lis le moi.

J'étais en colère mais je ne voulais pas désobéir à mon père, j'ai refais mes ablutions bien que j'avais déjà celles de la prière du Vendredi. Déjà le simple fait de les faire m'apaiser, calmait ma colère. Mon père me disait souvent que le sheitan coule dans nos veines comme le sang et qu'il est fait de feu. Alors quand on s'énerve, son feu se vivifie et il nous met dans de sales états, le seul moyen d'éteindre le feu et l'eau. L'eau des ablutions éteint donc le feu du sheitan.
Je pris le Coran, je lui lu une sourate, Kamel était calme depuis le début, il ne parlait pas, n'était pas intervenu, il se contentait de regarder mon père, encore et encore, sans un seul mot. Puis une deuxième sourate, qui était sourate An-Nur dans laquelle Allah dit :
« Qu'ils pardonnent et qu'ils tournent la page ! N'aimez-vous pas vous-mêmes que Dieu vous pardonne» [Sourate 24 Verset 22]

J'étais totalement apaisée, la colère avait disparue, je me suis levée et j'ai penché ma tête en dessus de celle de mon père :

- Papa excuse moi, t'as raison, de toute façon t'as toujours raison, mais moi je suis pas prête à leur pardonner, c'est grave ?
- In cha Allah ta foi augmentera et tu vas leur pardonner un jour. El hamdoulillah j'ai la chance qu'Allah m'avertisse que je vais mourir alors je veux en profiter pour être prêt à le rejoindre in cha Allah.
- Wallah je suis fière d'être ta fille, tu vas me manquer papa, je t'aime.

Mon père nous a alors dit :
- Aimez vous mes enfants, ne vous lâcher pas, une fois que je serais parti vous serez seuls alors serrez vous les coudes, je veux que vous vous aimiez, je veux que vous soyez de vrais K***** in cha Allah. Si l'un de vous a un problème, les autres doivent l'aider d'accord ?
Kamel – Oui papa in cha Allah, je la lâche pas celle là, je l'aime trop.

Une semaine passa, l'état de mon père s'est dégradé jusqu'à devenir presque mort. Il tombait dans le coma puis se réveillait et quand il était réveillé il me disait :
- Je veux que tu es finis stine hizeb (le Coran) avant ma mort in cha Allah ma fille alors lis pour moi-même quand je serais inconscient d'accord Naïma ino (ma Naïma) ?

Bien sûr que j'étais d'accord, j'aurais tout fait pour lui faciliter ses dernières heures mais j'avais mal au cœur aussi de lire le Coran pour mon père mourant, c'était comme si je n'avais plus d'espoir, alors qu'il était toujours là cet espoir, même quand on sait qu'il ne sert à rien il est là et c'est ce qui détruit le plus quand la vérité tombe.

Un jour le docteur qui était un jeune musulman nous a dit :
- Profitez bien de votre père, dites lui que vous l'aimez, faites des prières pour lui in cha Allah pour qu'Allah l'accueille dans son Paradis et lui accorde Sa Miséricorde, ses dernières heures sont arrivées.

Que vous dire à part que cette annonce m'a détruite, ça y est, je ne serais plus jamais la même, il allait emporter une partie de moi avec lui si il partait. Quelques heures ? Ca veut dire que c'est vraiment fini ? Et cet espoir, pourquoi je l'ai toujours, va t'en je t'en supplie laisse moi accepter ça, c'est à cause de toi que je vais être détruite s'il me quitte.

Chronique d'une vie cramée, mais malgré tout, El HamdoulillahOù les histoires vivent. Découvrez maintenant