Chapitre 4. Le Voyage

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Chapitre 4. 

Le Voyage 

Déterminée à retrouver sa mère par tous les moyens possibles, la jeune fille rentra en trombe dans sa maisonnette, elle dénicha un petit sac à dos marron dans une armoire en chêne. Frottant la poussière qui s'y était accumulée au fil des années, le regard d'Angélica se posa soudain sur le panier remplit de poires, laissé en plein milieu de la pièce. Se dirigeant vers lui, elle vida plus de la moitié de son contenu dans son sac à dos.

Ça suffira pour le voyage jusqu'au village ! se dit-elle.

Sur une impulsion, elle pénétra dans la minuscule pièce qui lui servait de chambre et fourra une vieille lampe de poche défectueuse avec les fruits, elle refusa également d'abandonner son vieux journal intime qu'elle emmena avec elle, ajoutant quelques vêtements de rechange, usés par le travail.

Elle n'oublia pas d'emporter l'étrange bâton magique, malheureusement, dans sa précipitation et même si sa mère et elle ne possédaient presque rien, elle omit quelque chose de très important pour subvenir à ses besoins : l'argent...

La jeune fille se mit en route pour le village de Stoneway, elle estima qu'il lui faudrait environ une demi-heure pour y arriver, d'ici là, le soleil serait couché et le village et ses alentours étaient loin d'être sûrs à cette heure avancée. Les habitants racontaient que des meurtres inexpliqués avaient lieu la nuit et que de sombres silhouettes parcouraient souvent les sentiers dans l'attente d'une quelconque proie à torturer, les villageois assuraient même que Stoneway était peuplé de fantômes vengeurs et Angélica n'avait aucune envie de vérifier ces dires.

- Quand vous dites fantômes vous ne voulez quand même pas parler de véritables esprits ? s'amusa Christopher en interrompant le récit d'Adélia.

- Croyez-moi, vous ne pouvez pas vous imaginer ce qui se cache encore dans ce village à l'instant même où nous parlons ! assura la femme.

- Mais ces choses...ça n'existe pas ! protesta le prince déchu.

- Vraiment ?! répliqua la femme, un sourire mystérieux flotta sur ses lèvres, à votre place je ne parierais pas sur ça...

Cela faisait un moment déjà qu'ils l'épiaient, elle sentait leur présence dans son dos, leurs yeux jaunes étaient rivés sur son dos. Tout avait commencé lorsque les habitations s'étaient enfin profilées devant elle. Soulagée d'être arrivée à destination, la jeune fille avait relâché sa vigilance, elle avait alors entrevit une ombre se glisser furtivement entre deux maisons. Effrayée, elle s'était mise à courir, elle devait à tout prix atteindre la taverne qu'elle avait repérée lors de ses visites au marché avec sa mère.

Contre toute attente, son poursuivant lui colla aux talons, allant même jusqu'à s'aventurer dans la lumière diffusée par quelques lampadaires. Angélica eut tout juste le temps de distinguer une énorme mâchoire pourvue de dents acérées.

- Un loup ! réalisa-t-elle avec effroi.

Il ne lui restait qu'un mètre ou deux à parcourir, elle y était presque, la jeune fille priait pour que quelqu'un ait eu le bon sens de laisser la porte de la taverne ouverte. La créature se rapprochait, son poil se hérissait déjà de plaisir, ce soir, elle ferait un festin de roi !

Cette dernière s'élança dans les airs, certaine d'atteindre cette pauvre petite humaine qui détalait comme un lapin effrayé. Mais Angélica venait de parvenir sur le seuil de la taverne, elle n'hésita pas une seule seconde et tira la porte à elle de toutes ses forces, quitte à l'arracher de ses gonds. Heureusement, la jeune fille sentit seulement une petite résistance puis elle s'écrasa à l'intérieur.

La porte claqua au nez de la bête. Les babines retroussées, écumant de rage d'avoir perdu son repas, l'animal emplit de fureur se jeta contre la porte, lacérant le bois de ses griffes.

Angélica ne perdit pas une seule seconde, elle se releva souplement et ferma les verrous à double tour, redoutant que ces précautions ne suffisent pas à stopper la créature enfermée dehors, elle traîna tant bien que mal le premier meuble qu'elle trouva jusqu'à la porte. Cela suffirait à retenir le loup, du moins pour cette nuit espéra t-elle.

Tandis qu'elle montait doucement l'escalier menant aux chambres, tentant d'oublier ce qui venait de se produire au dehors, une vieille bonne femme au visage de pomme ridée l'interpella sèchement : loyer !

Agacée, la jeune fille fouilla ses poches, c'est alors qu'elle se rendit compte de son oubli, il ne lui restait que 15 ducats de son argent de poche alors que le séjour dans une chambre décente en demandait 30. Heureusement, la propriétaire accepta de lui en fournir une en échange de menus services, la jeune fille devrait aider à laver la vaisselle et balayer, si elle désirait rester un peu plus longtemps que prévu, elles pourraient s'arranger autrement.

Après l'avoir remerciée du bout des lèvres de sa compréhension, Angélica s'apprêta à gagner sa chambre quand un contact glacé la fit sursauter. La tavernière l'avait agrippé par le bras. Elle lui susurra à l'oreille : prends garde ma fille à ce que tu pourrais perdre dans ta quête, tu pourrais y laisser ta vie ou même...ton âme la prévint-elle d'une voix qui semblait provenir d'ailleurs, enfonçant ses ongles dans la chair de la jeune fille.

Stupéfaite, cette dernière tenta d'échapper à la poigne de fer de la vieille femme mais celle-ci resserra encore plus son étreinte : ne t'éloignes jamais du chemin ! conseilla-t-elle d'une voix d'outre-tombe, les plaines sont dangereuses, les forêts inquiétantes et les marais renferment l'enfer ! Fuis les comme la peste !

La vieillarde s'immobilisa soudain comme une marionnette dont on aurait lâché les fils. Angélica se dégagea et s'éloigna rapidement, montant les escaliers à toute vitesse, mettant le plus de distance entre elle et la tavernière. Tous les moyens étaient bons pour soustraire cette femme à sa vue, elle en avait bien assez vu et entendu pour aujourd'hui ! songea-t-elle en frissonnant tout en essayant de trouver la chambre qui lui était destinée.

La Princesse des Monts VertigineuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant